RIF 2022 : la BBT à la maison

Les photos sont de nous ou de Gwen Lavila, ou de l’orga RIF ou de nos supporters, merci !

L’aventure commence il y a 10 ans, lorsque 4 Bim Bim décident d’aller se frotter aux raids non-stop. 2012, ce sera notre première participation au Raid In France, dans sa version la plus folle, hôte des championnats du monde 2012 : une première dose de vaccin douloureuse mais addictive ! S’en suivent plusieurs doses de rappels, tout d’abord en Espagne (Raid Aran 2014), en Ardèche (RIF 2017), à la Réunion (RIF 2018) ou en Croatie (ARC 2019), avec comme coéquipiers, Etienne et Maëlle pour toutes les éditions, puis selon les dispos Rémy, Fabien, Joseph et Gillou. 

La nouvelle édition du RIF, proposée dans les Alpes, à la maison ou presque, sonne comme une évidence. Mais il faudra attendre 2022 et 2 reports COVID pour la concrétiser.

Nous voici donc à Bourg St Maurice, en cette fin juin 2022. La Bim Bim Team Raid comme il y a 10 ans, avec quelques rides de plus mais également beaucoup plus d’expérience pour aborder sereinement cette édition en Savoie Mont-Blanc. Maëlle est sur-motivée par un départ qui s’annonce secoué en packraft sur l’Isère, qui lui rappelle sa jeunesse et de nombreux stages et compets avec le CK Dole (Jiji, si tu nous lis !), mais également quelques bains dans les fameux rapides d’Aime sur ses 1ères années de kayakiste, le temps d’arriver à maîtriser suffisamment les éléments… Rémy et Fabien espèrent passer tout près de leur maison à Annecy et voir leurs plus fidèles supportrices venir les encourager. Etienne a la tête ailleurs, au GRAM 2022 sur lequel il travaille depuis de nombreux mois en tant que créateur et organisateur avec les Gones Raideurs, évènement programmé dans 2 mois.

10 ans plus tard, on ne se sent plus tout seuls sur la ligne de départ et nous retrouvons toute la grande famille du raid, les équipes que l’on connait bien, et également les bénévoles du RIF ! Que d’émotions après 2 ans d’attente et 4 ans depuis le dernier RIF ! Et également pas mal de supporters qui vont nous bichonner le moral, nous sortir de nos coups durs et nous sur-motiver sur tout le raid, avec dès la ligne de départ Emilie à nos côtés ! On pense aussi à nos bénévoles à domicile qui gèrent le camp de base, pour la gestion des filles (et oui en 10 ans la BBTR s’est reproduite !) Madeleine, Marie et Chanchan qui se passent le relais avec un programme largement aussi compliqué que le nôtre entre école, activités et sorties de fin d’année, et Claire avec sa maman pour s’occuper des jumelles.

Les vérifs et préparations matos se passent sans encombre, mis-à-part un trafic de bonnets entre les équipes qui n’avaient pas prévu que les buffs ne seraient pas acceptés et un oubli de piolet à la maison, réparé par la Team 7 les Gones Raideurs qui avaient du rab, au top. Tout le reste avait été préparé par chacun en amont de la course (notamment la bouffe), ce qui permet de ne pas être dans le rush sur l’avant course. 

Ce n’est même pas assez le rush et on doit tuer le temps en attendant le top départ, donné dans l’aprèm pour des questions de timing sur l’Isère. Détente dans le jardin de la maison funéraire de Bourg-Saint-Maurice.

Prologue : Trek-packraft – 10 km  

Samedi 15h, départ du RIF 2022 sur la place de Bourg-St-Maurice avec une chasse à la balise en packraft avant d’embarquer sur l’Isère. Faut-il gonfler les bateaux avant le départ ou sur place quand on devra embarquer ? Nous décidons que ces 10 min de gonflages sont bonnes à prendre avant le départ, donc nous partirons gonflés ! Puis direction le départ, et au bout de 2 min Etienne a le dos trempé, annonciateur d’une série de casse matos qui nous suivra tout le long du raid en commençant donc par son camel. Petit coup de scotch et ça tiendra bien le temps de la section, on a un camel en rab dans nos caisses matos aux transitions. 

En parallèle, la plupart des équipes semble avoir convergé vers la solution de gonfler les bateaux avant le top départ, et c’est un joyeux troupeau de bateaux multicolores qui prend le départ dans les rues du village. 

Go ! Tout le monde oublie qu’il lui reste 100h de raid et court au taquet chercher la première carte. Mauvaise lecture et mise en route pour la BBT qui se retrouve en bonne dernière position. Maëlle qui voulait embarquer en première sur la rivière râle sur son orienteur préféré qui lui fait prendre du retard. Même pas vrai, j’ai pas râlé ! Au 1er embarquement sur le plan d’eau, les bateaux sont tous mous et Rémy et Maëlle craignent la crevaison et de se faire avaler par leur bateau plié en deux. Descente du bateau dans la vase pour regonfler, ouf, ça tient… La suite est plus fluide sur un prologue plutôt ludique en mode jungle boueuse et une bonne transition avant d’embarquer sur l’Isère nous permettent de mieux nous placer. On retrouve Emilie sur la transition “J’hallucine, tout le monde est à fond alors qu’il reste 5 jours de raid !”

Dernier check avant embarquement : “Fabien, tu as bien ton couteau et la strobe-light ??” (matériel obligatoire à transférer sur le gilet pour les sections navigation)

“Non, je ne les trouve pas !! Pourtant je suis sûr de les avoir préparés pour être efficace à la transition !”

Fouille et vidage intégral de sac, finalement la Strobe-light et le couteau sont retrouvés à leur place dans son gilet de sauvetage… Petit coup de stress, c’était pas le moment de se prendre une pénalité pour manque de matos… (Maëlle aurait pu me tuer à ce moment-là si elle avait eu le couteau à disposition)

Rq : Durées de section indiquées transitions et repos compris 😉

Section A : Packraft 1 – 18 km. D+ : 0 ; D- : 192 m. Durée BBTR : 1h45  

L’Isère, on gère !

La descente de l’Isère se présente bien, les packrafts absorbent les vagues et filent à l’aval. Mais Gilles Zok nous demande de sortir de l’eau peu après l’entrée des rapides d’Aime car les premières équipes se sont retournées et fait bien fait peur.. On râle car on venait pour ça, c’était un peu la section de Maëlle ! On comprendra plus tard à l’arrivée que l’orga avait demandé un débit adapté pour la course, 10-15 m3/s, ce qui avait bien été appliqué, sauf qu’en pagayant les équipes ont rattrapé le débit précédent dans la journée, soit 20-30 m3/s, donc bien costaud !

Il nous demande de rembarquer 2 km plus loin (!) en suivant la rivière par la piste cyclable. Chacun se répartit la charge, Fabien portant notamment 2 sacs étanches relativement lourds. On trottine pour rembarquer rapidement quand CRACK ! Fabien plie sa pagaie en 2 ! Pagaie cassée. “Y’avait un trop gros bras de levier” dit-il penaud à Maëlle qui lui demandait ce qui s’était passé (elle comprendra plus tard que les deux sacs étaient portés en  mode baluchon de part et d’autres de la pagaie, on révisera les bases de la physique pour le prochain raid Fab !). On rembarque malgré tout, Fab en mode canoë avec une demi pagaie option fibres de carbone acérées (-> ouille les doigts), sur la section Aime – Centron, bien plus sauvage dans un beau défilé de gorges et avec quelques beaux rapides qui nous en mettent plein les yeux et de bons trains de vagues, sympas !

Plein les yeux surtout pour l’équipier de devant, je ne savais parfois plus où j’habitais après m’être mangé un rouleau !

Nous terminons cette première section tranquillement et arrivons dans l’effervescence du peloton qui se prépare pour la suite. Heureusement pour nous, la Team des copains de MECOJIT nous propose sa pagaie de secours, et c’est plus sereins que nous pouvons fermer le sac-pagaie pour monter sur nos VTT, on se voyait déjà bricoler avec scotch et branches, ce sera plus simple. Tout le monde remplit sa gourde à la fontaine et feu !

(Spoiler : la gourde est remplie à un robinet qui n’est autre qu’une dérivation de l’Isère pour nettoyer les combis à la base canoë… Faudra pas s’étonner des nombreux problèmes gastriques ayant eu lieu sur ce raid…)

Section B : VTT 1 – 68km. D+ : 3767 m ; D- : 2 034 m. Durée BBTR : 12h

Une section raide mais vite pliée

L’histoire ne retiendra pas grand-chose de ce long VTT de nuit à travers les stations de la Plagne et des Arcs, où l’intérêt VTTistique fut limité. On appréciera le coucher de soleil sur les hauteurs de Notre-Dame du Pré, qui permet déjà d’apprécier un bout du chemin parcouru avec l’Isère en contrebas.

Cette section permet toutefois de faire du bien au moral puisque nous n’aurons fait que remonter des équipes. Évolution piégeuse avec la lecture de carte au 50 millième pas toujours évidente, et des sentiers qui n’existent pas toujours. La balise K6 est mal placée, croisement piste-piste au lieu de croisement sentier-piste. Cela nous vaudra une belle perte de temps à vouloir jouer le beau jeu et suivre le sentier de descente indiqué qui n’était pas le bon… Beaucoup de déniv très raide, jusqu’à la fin de la section. On espérait se laisser glisser tranquillement vers l’AT mais que nenni,  montée sur route bien raide avant l’AT au-dessus de Sainte-Foy, on avait une moyenne de 2 km/h tout en étant sur le vélo…

On rejoint l’AT parmi les 10 premiers, pointant 30 min des 8h de repos obligatoire pour une microsieste et préparer les affaires pour le trek montagne suivant. Le temps passe vite, il faut remplir l’eau à la rivière, la filtrer, préparer ses pieds, la nourriture.

Etienne a déjà du mal à s’alimenter depuis le début du vélo, il va falloir gérer…

Cette fois c’est le dos de Rémy qui est trempé : 2ème camel percé, irréparable cette fois. Perte de temps et coup au moral pour moi, heureusement j’ai une gourde flexible de 1L en rab, moins pratique, je demanderai sur toute la section à Fabien de me la prendre dans la poche arrière !

Rappelez-nous, la prochaine fois, on fera tout avec les gourdes…

Section C : Trek 1 – 53 km. D+ : 4 535 m ; D- : 4 720 m. Durée BBTR : 29h

Le GROS morceau du raid, voyage en Haute Montagne

Allez, sacs chargés (équipement trek classique + chaussures d’alpi, crampons, baudrier, longes de via, casques & co + nourriture pour 24h), on y va.

Tout n’est pas rentré dans les sacs à dos, on se balade un sac plastique de nourriture à la main, des gros touristes…

Nous remontons le vallon du Charvet, on est au bout du monde, c’est magnifique et très sauvage. Donc sur le papier tout va bien, sauf que pour Etienne ça ne passe pas, impossible de manger, douleur au ventre, à la bouche, à la gorge. Démarrer un trek de + de 24h comme ça avec derrière encore 4 jours de course, c’est dur. Le doute et les pensées sombres arrivent, pourquoi faire ce genre de course, pourquoi ne pas rentrer à la maison, retrouver les filles et reprendre une vie normale… Bref, de toute façon, là où on est, pas trop le choix que d’avancer, de balise en balise, en espérant que les choses s’amélioreront. On bascule alors côté station de la Rosière avec retour de la civilisation, puis direction l’hospice du Petit St Bernard. Pause fastidieuse, contrôle matos montagne (ok !), on se ravitaille d’une crêpe a nut’ et d’un coca, ça nous fait un bien fou mais pour Etienne ça ne passe toujours pas. On repart, ça monte dré, puis on bascule col de la Forclaz avant de remonter tout le vallon jusqu’au Plan de la Forclaz, c’est absolument magique.

Vallée très sauvage, c’est là qu’on prend conscience des dimensions de ce territoire de jeu que Pascal et l’équipe RIF nous fait traverser. On avance, tranquillement, pour se préserver, la route est longue et il faut assurer. On est dans les mêmes temps que DSN et les Panthères, ça permet de discuter un peu de temps en temps (et de faire de la pub pour le GRAM !).

Etienne serre les dents, on ne parle pas abandon, la ligne d’équilibre est fine mais on tient le choc. Bascule au col giga-raide, on voit le glacier ! Et quand on se retourne, on commence à se dire qu’on l’a déjà bien entamé ce monstre de Trek qui pouvait paraître insurmontable ! La montée vers le glacier se poursuit, on traverse des troupeaux de marmottes.

Rémy : Passage à vide pour moi, rien à voir avec Etienne mais je ne mange pas grand chose, hypo, hydratation pas ouf, manque d’entrainement, j’ai la tête qui tourne et des jambes en mousse, je laisse des plumes dans le raide pierrier jusqu’à la neige.

Le vent se lève, on se demande ce que cela peut donner au sommet… Vu d’en face, comme toujours, ça parait raide ! Mais au final, le pied du glacier est abrité et le parcours est ajusté pour nous faire éviter la crête ventée, on s’encorde et c’est parti. Petit passage magique au coucher du soleil, entre les crevasses… On n’a pas froid, les perspectives sont incroyables, on slalome entre des cathédrales de neige et de glace, on savoure… Etienne tient le choc, ne mange toujours pas grand chose. Courage, au prochain CP on dort !

On se dépêche d’attaquer la redescente pour profiter du jour, on trottine à l’aise en crampons et on rattrape les copains des DSN74 – équipe 4 et on a juste derrière nous l’équipe 21 Les Panthères Absolu. Traversée rubalisée jusqu’au refuge, on trouve les bénévoles qui nous annoncent qu’on ne peut plus dormir au refuge car c’est plein et qu’il faut qu’on aille au suivant, 3h plus loin. Ou alors on dort dehors, ici, dans le pierrier… Notre urgence est de requinquer Etienne donc on guette dans l’entrée du refuge (d’autres équipes dorment) on doit bien pouvoir se serrer, et je pense aussi aux 2 équipes qui arrivent derrière et misent là-dessus… Au final le gardien accepte que nous dormions dans la cuisine, génial ! On pose 3h de sommeil direct, affaire sèche, bivy bag, c’est plaisir ! Malgré la dureté du carrelage le sommeil vient facilement.

Et grâce à la dureté du carrelage, le réveil est également facile ! Que c’est bon de ne pas se lever transi de froid ! On repart ragaillardis, vers 2h du matin 1/2h devant les 2 autres équipes. Départ en descente, il faut guetter un sentier qui part sur la droite. On arrive sur une moraine, tiens c’est bizarre, pas la bonne orientation… On remonte, petit chemin comme on cherchait, top. On remonte, le chemin disparaît. De nuit, on est dans un pierrier immense, puis sur un immense névé, on ne voit pas les formes au loin… Il faut trouver une faille dans le cirque rocheux pour passer de l’autre côté. On farfouille et déjà on voit venir les frontales des deux autres équipes. Les panthères font comme nous et on se retrouve ensemble à chercher dans le vallon, les DSN sont plus haut à chercher le chemin qui part sur la droite. Mais bon, manifestement ce n’est pas très fluide car ils avancent et reculent. On remonte un pan de neige, on tombe sur un glacier, c’est quand même bizarre il n’y a aucune trace… Trop craignos, on enlève les baskets et on enfile les grosses et les crampons, au moins, on ne se posera pas de question. D’après la carte, on doit passer derrière deux petits pics “évidents” un peu plus bas que la barre qui forme le cirque de la vallée. Cela va faire deux heures qu’on tourne, on ne progresse pas et on gaspille l’énergie retrouvée au refuge, c’est dur ! Questions existentielles, on se pose et on sort la tente d’urgence pour attendre le lever du jour ? On remonte au refuge se recaler ? On continue de chercher ? En éclairant fort on semble apercevoir les deux fameux pics, là où on cherchait au début. Allé, on y va, ça semble passer derrière via une belle langue de neige, mais quand même c’est vraiment curieux qu’il n’y ait aucune trace et pas de sécu… les DSN ont abandonné leur recherche en haut et nous ont rejoints, les Panthères sont parties au font de la vallée. On décide de contourner par en bas, en parallèle le jour se lève… et oui ça fait bien 2h qu’on farfouille au même endroit… et c’est là que tout s’éclaircit : nos deux fameux pics ne sont pas au 1er plan mais au 2nd… donc il faut traverser plus bas encore un poil avant de remonter… Allez, on se remobilise pour avancer. Les 2 équipes nous sont passées devant, le moral n’est pas au top, mais bon encore une fois, pas bien le choix, on avance péniblement jusqu’à passer au col et retrouver – enfin – un chemin. Allez, pause pour enlever les grosses et remettre les baskets, puis on enquille. L’estomac d’Etienne n’est toujours pas là, mais il fait jour et le jour a toujours eu un effet magique sur Etienne et côté orientation c’est plus simple donc on déroule et le terrain est très ludique et splendide, on se régale. Bouquetins et chamois sont de la partie, habiles et gracieux… On remonte les deux équipes et on accélère (tout est relatif, disons qu’on garde un rythme constant sans faire de pause intempestive !) pour rejoindre le refuge du col de la Croix de Bonhomme, où l’on arrive pile à 7h30, l’heure du petit dej donc on en profite ! On se pose à table au milieu des randonneurs. Muesli, thé, pain & confiture, c’est comme à la maison ! La nuit m’a vraiment remis de la mine dans le crayon, l’appetit est là, miam. Les deux autres équipes feront pareil, et eux aussi rencontrent des problèmes côté digestion… Etienne repart avec sa tartine de confiture à la main et la mangera cm par cm dans la traversée suivante, magnifique crête de la Gitte… ce sera déjà ça de pris ! La suite est plus roulante, on enchaine jusqu’au départ de la via Ferrata que l’on aperçoit au loin puis de plus en plus près, en même temps que le brouillard se lève. Via ferrata du Roc du Vent en plein brouillard, ambiance ! Le pont suspendu du milieu n’est pas laid. On est tout seul, on ne voit plus les équipes derrière nous. A la sortie de la via on était censé suivre les indications des guides pour prendre le chemin le plus court, mais comme on les a oubliées on joue la sécurité et on fait le tour pour récupérer le chemin officiel qui nous mène à l’AT.

Au détour d’un chemin, quelqu’un nous encourage, et Rémy s’exclame “ ha mais c’est Cricri !” “ vous avez pas vu Emilie ?” “ben non on a fait le tour” et là voilà qui crie pour qu’Emilie nous entende et nous rejoigne ! En même temps on continue la descente, ça nous a requinqués ! Et puis après c’est VTT, ça va forcément nous remettre Etienne en ordre de marche, on y croit… 

A la transition Christine, Noé et Emilie sont à fond, ils nous donnent un peu des nouvelles de nos supporters, ça fait du bien à tout le monde !

Vigilance sur les infos transmises, un commissaire de course tend l’oreille 🙂

Hé, dites-donc les gars, on n’aurait pas fait la moitié du déniv déjà ? c’est bon ça !

Section D : VTT 2 – 49 km. D+ : 1 590 m ; D- : 2 700 m. Durée BBTR : 13h

VTT bigoût

VTT de jour dans le Beaufortain, tous les ingrédients semblent présents pour en profiter un max. Sauf que Pascal a prévenu : nous allons trouver des occasions de le maudire. Sur la carte, on identifie une montée difficile qui se profile à la sortie de St Guérin. Avant cela, ça déroule avec un sentier à vaches un peu technique (Rémy : manque de lucidité dans les ornières pour moi, des micro-perte d’attention me font choir à plusieurs reprises !) pour contourner Roselend et une longue montée vers le col du Coin. Le genou de Maëlle tire un peu, on change le réglage de la selle et on allège un peu le sac, ça ne passe pas tout de suite, on tente le dangereux plan B anti-inflammatoire et ça passe, et le problème ne reviendra plus du tout sur le raid. Ouf ! Sur la piste, on croise Absolu 1 avec 2 estomacs en vrac. Echange d’encouragements et de médicaments puis c’est reparti. Sylvain, le caméraman qui les suivait, prend notre roue et nous accompagne jusqu’au bout de la montée et du 1er portage jusqu’au col du Coin (easy, il nous double, nous filme, nous redouble, nous refilme…), avec de belles images de brouillard, puis bascule en descente ludique ! Direction le refuge de la Coire qui nous accueille chaleureusement en nous proposant une omelette aux patates ! Miam, même Etienne n’y résiste pas 🙂 c’est de bon augure pour la suite…

Jusqu’au lac de Saint Guérin avec quelques pauses pour contourner les troupeaux à l’heure de la traite, avec bonus bouse bien fraiche. On nettoie bien les embouts de bidon ! La remontée semble tenir toutes ses promesses avec un lonnngg portage de 400 m de D+. On désosse le vélo de Maëlle pour l’alléger et les garçons portent ses roues, quelques centaines de grammes en moins, ça change tout ! Arrivés en haut, l’orage se profile. Maëlle commence à dire qu’on n’est pas en sucre mais heureusement Etienne ne lâche pas l’affaire et tous aux abris sous un chalet miraculeusement présent à proximité, c’était moins une l’orage éclate juste au-dessus de  nous, on laisse passer le gros de la pluie puis on repart sous une fine bruine, plus une moins fine grêle. C’est reparti pour une traversée magnifique sous le Grand Mont où les nuages se déchirent après l’orage. Mais la fin de la galère portage n’est pas terminée. Les sentiers en balcons sont inroulables et il nous faudra bien 4h pour rejoindre, à pied, le col de la Bâthie. C’est bien fatigués mais plein d’espoir qu’on attaque la descente vers Albertville. Malheureusement, malgré quelques virages coupés par la piste VTT “la Toutafond” au début, on la quitte rapidement pour se diriger vers les pistes forestières au fond du vallon. C’est ballot, porter le vélo pendant des heures pour descendre dré dans le pentu des pistes forestières… On se console en se disant que les km passent vite. Il ne faut quand même pas mollir sur l’orientation avec toutes ces pistes, mais Etienne est bien présent, ça va vite. La Bim Bim Team rejoint rapidement la transition suivante, déterminée à pagayer de nuit pour mieux dormir ensuite.

Section E : Packraft 2 – 11 km. D+ : 10 ; D- : 30 m. Durée BBTR : 3h

L’Isère par jour blanc, on gère !

Alors qu’on se prépare, Joseph et la 400 Team 2 sont déjà sur l’Isère et ça a l’air d’inquiéter l’orga qui se pose des questions sur la sécurité de la navigation de nuit, avec un peu de débit supplémentaire à cause des orages. Finalement, avec quelques consignes pour les passages des 3 ponts, on peut partir nous aussi descendre la rivière. Une fine couche de brouillard à fleur d’eau, éclairée par nos frontales, nous empêche de voir plus loin que quelques mètres devant nous. On se dirige à l’ouïe et en contrôlant sur le côté que la berge et ses arbres restent à proximité. Les consignes sont contradictoires. Au milieu du pont ? A gauche ? De toutes façons on découvre les piles au tout dernier moment donc on passe là où le courant nous a amené. Heureusement la navigation est facile, et même si on se laisse déboussoler quelques fois par des gravières invisibles, la sortie de l’eau est vite arrivée. Direction l’AT, sans encombre à travers champs, pour 2h de repos salvateurs sur lit d’herbe et au calme, bonheur.

Section F : Trek 2 – 54 km. D+ : 4 370 m ; D- : 3 660 m. Durée BBTR : 20h

Le Trek des Bauges, fraise des bois 

Autre gros morceau du raid, avec un trek pour traverser les Bauges qui devrait marquer le corps et les esprits. La partie sur le sommet de Chaurionde est annulée pour contourner par la station de la Sambuy. A la lecture de la carte, ce trek annonce beaucoup de passages en forêt, sur piste ou sur route (difficultés administratives ayant manifestement contraint le parcours…). Nous voici partis dans l’ascension du col de Tamié. Première surprise de la journée, un cri “Allée la Bim Bim” survient à la sortie d’un hameau, Bart-S vient à notre encontre au détour d’une balise, matinal le bougre. Rien de mieux pour donner un méga coup de boost à toute l’équipe !

La forme est bonne, on allonge le pas sans se mettre dans l’orange et les paysages défilent. Oh, un panneau Annecy, on rentre ? 2 options se présentent à nous une fois arrivés au col : la première nous fait faire moins de distance et plus de dénivelé, la seconde nous fait contourner par la vallée. On choisit celle-ci. Bien nous en a pris ! une belle coupe plus tard et nous voici sur les hauteurs de la Sambuy en train de cueillir quelques fraises des bois. En redescendant vers le parking de la station, nous apercevons au loin une équipe. Cool, on ne doit pas être si lent que cela. La descente vers St Ruph se fait au pas de course et nous voici rejoignant l’équipe de Jo, 400 Team Naturex 2, qui se ravitaille au bord de la rivière. Ils avaient choisi l’option directe. La motivation est au top, on prend soin de nos pieds, de nos estomacs, et nous voici face à un nouveau choix d’orientation. Cette fois, on prend l’option “dénivelé”, l’équipe de Joseph l’option “à flanc” et cette fois-ci ce sont eux qui gagnent. Tant pis, nous maintenons un bon rythme, on esquive un chantier forestier placé en plein milieu de l’iti (“On fait tomber des arbres sur le chemins, faut pas y passer”), et nous croisons l’équipe estonienne pour la première fois du raid lors d’une pause agréable sur les bords du golf de Giez.

Nous voici dans la bataille pour la place de 3 ! Allez, poursuite de notre long bonhomme de chemin par le bas des Bauges. Les chemins / routes que nous empruntons ne sont pas très intéressants, et ça chauffe les pieds. C’est à ce moment-là que nous croisons des autochtones qui nous indiquent que 2 filles en Dacia Duster nous cherchent. Encore des supporters ! Emilie et Fiona nous font la surprise de nous accompagner sur la première partie de la montée suivante. Rémy : Elles me trouvent au pire moment du raid pour moi, des douleurs soudaines me lancent les aducteurs et isquio, je ne sais pas ce qui m’arrive mais je n’en peux plus… Les filles nous laissent pour continuer seuls notre chemin vers la balise K26. L’indication du roadbook est claire : “Bord de sentier, altitude 1020m”. On remonte le sentier. L’altimètre affiche 1020 m, toujours pas de balise. 1040m, 1050m, 1060m… on fait le choix de se séparer et de ratisser le secteur pour trouver cette balise. On redescend de 150 m, puis on crapahute à droite et à gauche (calvaire, on ne s’entend plus, on ne s’écoute plus, on ne se voit plus), toujours rien. Notre patience en prend un coup. Se serait-on trompés de vallon ? Les altimètres sont-ils bien calés ? Y a-t-il un autre sentier en rive gauche, de l’autre côté du ravin ? Faut-il comme parfois au Raid in France remonter le lit du ruisseau pour y trouver la balise ? 1h plus tard, la mort dans l’âme, dernière issue : remonter le sentier et se recaler en haut. C’est reparti sur le sentier. Altitude 1090 m, la balise ! Rah ! à chaque fois c’est la même chose, on ne pousse pas assez loin. Il va nous falloir rattraper les équipes de devant que l’on sait loin puisqu’on ne les a pas croisées en train de chercher avant nous… tant pis c’est le jeu. On se console en se disant qu’on a la balise et que c’est le principal, et qu’on n’aura pas été les seuls à perdre du temps dessus ? On retrouve un journaliste anglais sur le plateau, qui interview Fabien : “it is Wonderful” qu’il dit le zigoto. On rigole bien et ça nous remonte le moral, même si le CP suivant se laisse désirer. Il s’agit de débrancher le cerveau pour la suite, avec une looooongue descente vers l’AT suivante et son canyon. Au milieu, on rattrape l’équipe de Jo, en perdition à cause de leur orienteur malade physiquement & mentalement. On recale tout le monde en retrouvant le chemin qui disparaissait après une piste récente non cartée, et la discussion permet à tout le monde de passer le temps et de se remotiver. Joseph nous fera part d’une belle hallucination dont il a le secret : “Etienne ! la balise ! tu l’as prise ? là juste dans le village !” “Non Jo, regarde, tu peux te rendormir, il n’y a rien ici”. huhu, tu nous auras manqué Jo pour ce raid. Heureusement qu’on s’est croisé plusieurs fois ! 

Section G : Canyon-Spéléo – 5 km. D+ : 250 m ; D- : 140 m. Durée BBTR : 4h

Ah GLA GLA GLA 

Comme la nuit dernière, décision est prise de poursuivre par l’épreuve froide et humide en pleine nuit pour mieux se sécher et reposer après. Claire est là à l’AT pour nous remonter le moral, (trop coooooool !!) merci ! Rémy : Je suis épuisé à cet AT, les jambes dures comme du chien, le moral dans les chaussettes mouillées, complètement inefficace pour gérer cette transition. On a eu la bonne idée de laisser le réchaud dans les caisses et la soupe aux nouilles mi-cuites fera grand bien.

Le canyon est rapide, mais les combinaisons 1 mm ne suffisent pas à nous tenir au chaud ! Notamment dans les nombreuses vasques où il faut nager. Miracle, la combi serrée et le froid font disparaître comme par magie tout mal de jambes ! Je me remets dedans grâce à cette section technique. Mais quel enfer ces vasques froides, les riverains se sont plaints de cris dans le canyons et j’admets avoir lâché quelques jurons ! On joue la sécu en rappelant tous les sauts. Quelques questions existentielles dans la partie du canyon où on est censé passer en opposition pour éviter de se coincer sous la cascade, sauf que physiologiquement mesurer 1.6 m à cet endroit n’est pas bien pratique ! Maëlle y laissera quelques plumes, mais tient le choc. Puis fin du canyon, marche aquatique, avant de reprendre la natation – ils nous avaient prévenus, vasques de 200 m de long ! Bon l’avantage c’est qu’on n’a pas du tout envie de dormir avec ça ! Sortie de la rivière, on enchaîne par la spéléo, et c’est là qu’on se rend compte qu’en fait on n’avait pas froid comparé aux 10°C de l’ambiance souterraine ! Mais la grotte est vite pliée, on peut se remettre au sec pour entamer la remontée de la fin de section, un raidillon à travers champs avec environ 183 clôtures à franchir. On est au coude à coude avec les Estoniens qui ne sont que 20 min devant nous et que l’on aperçoit à chaque transition depuis le début du canyon.

Arrivée à l’AT, on pose 2h de sommeil, gazon à la belle étoile, tout comme les estoniens (boulodrome à la belle étoile pour eux), alors en 3e position pour eux et 4e pour nous… l’équipe de Jo est restée se requinquer auprès du feu avant le canyon…

Section H : VTT 3 – 31 km. D+ : 1 030 m ; D- : 1 390  m. Durée BBTR : 7h 

La section de la BBT

Top réveil on y va. Le moral est bon, on a bien dormi et mine de rien, les sections qui nous restent ne nous font plus très peur… Lever efficace, petit coup d’eau aux transmissions fort éprouvées par la boue des sections précédentes. On part seulement quelques minutes derrière les estoniens, au soleil levant. On les remonte, puis on s’arrête juste avant de les doubler pour enlever une couche. On les remonte de nouveau (c’est quand même hyper efficace pour pas s’endormir que d’avoir une équipe à doubler en montée piste !) et cette fois-ci on les passe et là -craaaaac… “Etienne, j’ai un problème de dérailleur !”. C’est Fab. Les Estoniens repassent… Etienne et Fab réparent, Etienne râle, ça bricole ça bricole, ça marche ! Allé on y retourne. Traversée du plateau du Revard puis sortie de bois, les choses sérieuses vont démarrer puisque la montée se termine et que la méga descente démarre, et nous, on a les crocs !!

Etienne coupe, on double les Estoniens en toute discrétion et là on met les watts, le sentier est technique, le kiff. L’orientation n’est pas simple mais Etienne est au top dans la carte, ça déroule. On se régale dans la descente vers le pont de l’Abîme. Mais dites-donc, on serait pas en train de faire une section VTT sans galère et avec une descente 3 étoiles ? Cool ! Au milieu de la descente, Fab s’arrête d’un coup. Rémy est derrière lui, Maëlle et Etienne juste devant. “Etienne, Etienne” il crie, “Elle est où Maëlle ??”. Bon juste 2m devant lui à peu près… mais il parait qu’à ce moment je ressemblais à Rémy ! Bref, bonne tranche de rigolade on finit notre descente. Sur la fin, on retrouve une portion obligatoire à pied, on se rend compte que la roue arrière de Rémy tourne bizarrement, et après examen de près, qu’il a perdu la vis qui tient le triangle arrière ! La cata, il reste 40km de vélo et ça tourne plus rond, si on continue d’autres pièces pourraient rendre l’âme… On enfile 2 colliers rislan en attendant et on ramasse quelques bouts de bois qui pourraient avoir un diamètre compatible… On finit doucement la section, encouragés par Jérem et Guillaume, on réparera plus tard, à l’occasion de la transition en temps neutralisée… Pour l’instant il faut mettre cette incertitude sous le tapis et poursuivre notre chemin.

Section Ibis 1 : Trek 10 km – 3h

L’exotisme local

Transition rapide. Sur l’AT, il n’y a que 8 caisses à vélo, les nôtres et celles des Estoniens. On ne traine pas, et on repart seul, on a donc au moins une transition d’avance. Mais ça risque de ne pas suffire car le raid se termine par un looooong kayak sur du plat et nos ptits bras risquent de ne pas faire long feu sur ce type de terrain… Donc on ne lâche rien !

Départ le long du Chéran par un sentier de pêcheur qui roule tout seul, brossage de dents devant les yeux amusées de Jérémy et Guillaume (“Attends, je prends une photo pour les enfants !), puis on rejoint le lit de la rivière, une pépite qu’on aurait dû faire en packraft mais faute de niveau d’eau suffisant, que l’on pratique à pied. Je suis grave déçu en bien par cette section. On ne prend probablement pas les voies les plus rapides mais c’est pas grave, c’est absolument splendide ! On se régale, on a la rivière pour nous tout seul, un peu de nage, un peu de psychobloc (escalade au-dessus de l’eau), c’est incroyable… Fin de la section, on voit du monde qui arrive à notre rencontre, cool encore des copains ! Laure, BartS, Ded, haha, on se poserait bien avec vous coolos toute l’aprem au bord de la rivière ! 

Mais bon, y a un vélo à réparer et une 3e place à renforcer donc on enchaîne… 

Transition express, toujours pas d’équipe qui arrive. On dépose les caisses à vélo pour enclencher les 3h de neutralisation, puis on se pose plus sérieusement et on commence à tailler notre fameux bout de bois pour venir remplacer la vis manquante dans le vélo de Rémy… Taillage idoine à l’opinel, taraudage au forceps, aidé par quelques coups dans le cadre avec les galets du Chéran, ça dépasse de 10 cm (faut de la réserve s’il casse) mais ça semble tenir… Y a plus qu’à tester !

Section Ibis 2 : VTT Transition – 18 km – 3h imposées

Coup de chance, la section suivante est hors chrono car sur la route. Les arrêtés sécheresse interdisent en effet de poursuivre sur la rivière. Nous avons 3h pour rejoindre l’AT suivante ce qui est largement suffisant. Comme il n’y a pas de pression chrono sur cette section c’est bien soporifique et en plus il fait au moins 40 °C à l’ombre… Pause à l’intermarché de Rumilly pour ravito par les garçons, pendant ce temps Maëlle en profite pour dormir (merci les gars !). Nos achats : du yop, du saint moret, du pain frais, des tomates, et du stick à lèvres anti-UV (on a pris cher en montagne et c’était y’a trois jours, ouille ouille ouille ça pique).

Puis on attaque la montée finale, et là un grand camion blanc nous double et s’arrête sur le bas côté. En sortent 5 personnes au taquet : “Allé les bimbims !!” C’est Franck, Myriam et leurs 3 enfants, on ne savait même pas qu’ils suivaient la course ! Ils nous encouragent et sont à fond, et nous indiquent qu’ils habitent à 1.5 km de l’arrivée, tiens, ça peut nous intéresser… On rejoint rapidement l’AT et avec l’équipe de tournage qui nous attend pour voir comment on gère cette période de la course. Pour l’instant, le vélo de Rémy a tenu, mais on n’a fait que de la route et pas bien raide… On discute on discute, on en oublie de piquer un ptit somme…

Section J : VTT 4 – 20 km. D+ : 700 m ; D- : 930  m. Durée BBTR : 3h 

VTT

Une épée de Damoclès de la taille d’un tout petit bout de bois.

Section assez courte et binaire, avec une montée sur la montagne du Gros Foug pour rejoindre Motz et l’embouchure du Fier sur le Rhône. On monte tranquille, en gardant le rythme. Rémy met pied à terre rapidement pour soulager le fameux pitit bout de bois dans les montées raides. Pour une fois on ne râlera pas sur la descente sur piste sans intérêt, car elle nous permet de préserver le vélo de Rémy qui ne tient qu’avec sa mini branche et par l’hyperstatisme de son cadre… Etienne est seul dans la carte (Rémy : ah oui, j’ai oublié mon porte-carte dans mon hall d’immeuble, m’en suis fait prêter un par les Gones (MERCI), mais les vis ont lâché avec les vibrations, décidément…), et il enchaîne les intersections au taquet. Ou est l’Etienne au bout du roul’ du trek Haute-Montagne ? Loin ! On est rapidement à l’AT suivante où il s’agit d’équiper les packrafts pour descendre le Rhône. Rémy nous concocte des sandwiches Bocuse (les bénévoles sont un peu jaloux, on pourrait se faire embaucher dans la team cantine !). Prêts à repartir, Rémy jette un coup d’oeil à la carte et trouve étonnant que cette section aquatique commence par remonter sur la colline… “Euh Etienne, on a déjà pris cette balise ?” Blanc. “Heu non… je l’ai zappée. J’étais focus sur l’intersection, j’ai zappé la balise”. Ah ça fanfaronnait à l’arrivée après cette belle section et avec la fin du raid en vue ! Mais après une vérif règlement, ce n’est pas trop tard, ouf, merci Rémy. La Team se remobilise et c’est parti pour remonter les 150 m de déniv jusqu’à la dernière balise oubliée. L’aller au sommet est vite plié, tout le monde est bien réveillé, et l’équipe suivante ne nous a pas rattrapés… 

“Allez Go go go !” lance Fabien, galvanisé par la fin approchant, en retournant son vélo d’un geste leste juste après le pointage de la balise.

Et “CRACK”, fait le petit bout de bois qui avait si bien tenu jusque là.

“P*t**n !” fait Rémy…

Mais il ne reste que la descente pour retourner à l’AT, au pire, on courra à côté du vélo… Ça va tenir ! 

Section K : Packraft 3 – 18 km. D+ : 10 ; D- : 25 m. Durée BBTR : 3h

Cette fois c’est bon, on peut embarquer sur les packrafts pour descendre le Rhône. Lola, Mathias, ZachZach et Mahé sont là pour nous encourager au passage du barrage de Chautagne ! Merci ! Maëlle et Etienne sont “à la maison” sur le territoire CNR. Malheureusement, on arrive avant les gros débits de la pointe du soir, mais il reste un peu de courant et la section est vite passée, entre les méandres du Vieux Rhône et les vols de Hérons à la tombée du jour. On n’a pas encore sommeil et c’est vraiment chouette. D’autant plus qu’au détour d’une berge, Zélie Charlotte sont venues elles aussi nous voir ! Merci Chanchan ! Allez, ce n’est pas le moment de pleurer, on file vers l’arrivée ! 

Section L : Kayak – 30 km. D+ : – ; D- : – m. Durée BBTR : 6h

On part sur cette dernière section alors que la nuit tombe, et toujours personne en vue derrière nous. Pourtant, on leur laisse encore quelques occasions de nous rattraper avec l’entrée du canal de Savière qu’on peine à trouver, on tente d’accrocher les bateaux entre eux pour manger et se reposer à tour de rôle mais ça ne marche pas bien, puis un petit aller-retour entre l’Abbaye de Hautecombe et la balise (pas facile de se repérer la nuit ! ). Mais le sommeil nous tombe dessus en plein lac, enfin surtout sur Rémy qui galère dans une demi-conscience à mettre la pagaie dans l’eau. Il faut dire qu’on lui avait promis qu’on dormirait en kayak et qu’on ne ferait pas toutes les 2 sections d’un bloc… Fabien et Etienne chantent à tue-tête pour se remobiliser, Maëlle ne dit mot mais ses bras bouillonnent derrière Rémy pour garder un peu de mouvement.

Le faux-rythme est terrible (moi j’crois pas qu’on était dans un faux rythme, on a mis le même temps que les autres). D’autant que de nuit, on éteint les frontales pour ne pas être éblouis par la pagaie et on a une horrible impression de faire du sur place sur le lac, face à un courant et vent de face, c’est psychologiquement difficile. Etienne se retourne alors, et aperçoit 2 lumières qui se rapprochent ! “Vite ils nous rattrapent” ! Branle-bas de combat, ça crie, ça s’énerve, mais le rythme revient et c’est stressés et les épaules en feu qu’on rejoint la balise suivante à l’embouchure de la Leysse. Emilie est là encore pour nous encourager, mais pas le temps, ils sont juste derrière nous ! Et pour avoir vécu ça 3 ans plus tôt en Croatie, se faire doubler en kayak de mer de nuit sur la dernière section d’un raid, c’est pas rigolo… Etienne et Maëlle échangent de place dans les kayaks, et c’est parti pour la dernière ligne droite, enfin il doit bien rester encore 10 petits km…. On remonte l’embouchure en aller-retour, et paf, voilà les frontales qui se présentent à l’entrée… mais qu’est-ce qu’ils font ? Pourquoi ils ne tournent pas vers nous ? Ils traversent ? Ha ben en fait c’est pas eux ? Juste des voitures sur la route au loin ? Mais en vrai, on est sûr de les avoir vus non, juste derrière nous, depuis tout ce temps ? En regardant derrière, les lumières sont toujours là, mais étrangement fixes. Une hallucination sans doute. On garde quand même le rythme, avec un peu d’espoir mais quand même pas super sereins. Rémy se battant contre son sommeil (FLOUTCH FLoutch flouch fZzzz Hein oui, je pagaye ! FLOUTCH FLoutch flouch fZzzzZ Hein ?).

L’arrivée se rapproche ! Et là sur la plage, Emilie, Franck, Chanchan, Roby, Zélie et Charlotte ! 4h du mat’, vous n’êtes pas couchées ? Merci d’être là ! A l’approche de la plage, on pose les pagaies, on appelle nos supporters, ils nous répondent… quelle émotion !! ça y est, on y est ! Les larmes aux yeux et le cœur gros, tout débordant de l’intensité vécue nuit et jour à 4 mais se sachant plus de 30 au taquet 24h/24 à suivre notre course sur le téléphone en whatsapp ou carrément sur le parcours, plus tous les autres qui nous ont suivis de leurs côtés, tous ces amis qui ont cru en nous probablement plus que nous… Merci ! Merci pour tout ce soutien ! 4h du mat’, la Bim Bim Team, 10 ans après son premier RIF, croise la ligne d’arrivée en 3ème position…

Sur cette course reine, le RIF, la plus belle, la plus sauvage, technique exigeante, celle qui nous ressemble le plus, quel honneur et quel bonheur… Merci Pascal, merci l’orga, merci les bénévoles, on vous aime et s’il vous plait, continuez votre distribution de bonheur à l’état pur, à l’état brut…

4 coéquipiers soudés, il ne pouvait rien nous arriver ou au contraire tout pouvait nous arriver, on était prêt à y faire face… Etienne, une domination incroyable de la carte, et une fois l’estomac dompté, une aisance physique monumentale. Fabien, notre boulet de service dans une forme exceptionnelle (mais comment fait-il ??), prêt à porter 2, 3 sacs à dos en même temps, trop facile, et toujours capable de dégainer une bonne vieille blague vaseuse (vous saviez qu’il y a une montée à Saury ?) ou à envoyer du steack pour accélérer en toute circonstance, un monstre de mental. Rémy, comme toujours, solide, fiable, polyvalent à l’extrême, posé, ça roule et ça déroule toujours en forme et toute en bienveillance avec ses coéquipiers. Et Maëlle, le ptit truc qui essaie de suivre ses 3 boys en se nourrissant de tous ces moments forts qui nous marquent à vie, la plus motivée, et qui sait nous le transmettre quand le moral baisse… 

Quelques chiffres : 

400 km

16000 m D+

0 cL de vomi

5 nuits passées dehors

6h de sommeil effectif pendant les 8h de repos officiel, sur 109h de course (un record) : 2h30 au refuge Robert Blanc

1h30 après l’Isère de nuit

1h30 après le canyon de nuit

38 équipes au départ, 32 finishers (mais incomplètes), 25 classées, 8 full race

Plus de 2000 messages sur la Bim Bim Fan Zone (chaaaampions de la galaxie des supporters !!!)

4 étoiles, pour l’accueil à l’arrivée chez Myriam et Franck !

Les découvertes de ce RIF : 

La purée mousseline ! (merci Jojo !)

Le portage de vélo en kit

On peut faire des top 3 sur des ARWS

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Un raid au sommet !

Voilà 6 mois qu’on l’attendait, le raid des dentelles 30h est enfin confirmé !

Gillou est au taquet, bien que quelques égarements au Jura4 Pattes l’aient un peu refroidis, Maëlle et Etienne ont l’air en forme mais comptent bien cette fois-ci ne pas oublier de balise (toujours ce Jura4pattes), et Fabien est à fond pour démontrer l’efficacité de sa préparation trail-confinement à ses équipiers ! Cerise sur le gâteau, on a Nini et son camion flambant neuf pour nous accompagner sur cette aventure. Feu !

Direction le Lubéron et la petite ville de Pugey. Après un début d’automne bien chaud, c’est en short qu’on débarque dans le sud. Oula ! le Mistral nous rappelle que l’hiver n’est pas loin et que ce n’est pas sur cette édition qu’on devrait souffrir de la chaleur. On est bien content de retrouver tous les copains, avec cette année notamment pas moins de 3 équipes de Gones Raideurs sur le départ !

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Pizalp – Le projet de traversée des Alpes par Greg et Flo.

Cet hiver 2020, Grégoire et Floriane filent à Vienne pour commencer une longue traversée des Alpes.

L’idée : découvrir des massifs méconnus, pas très loin de la maison. Et ça commence dès février avec un paquet de raids à ski inédits.

Toutes les infos sur le site de Passeur d’Emotions, AKA Gréguide, AKA Grégoire Lestienne.

https://passeurdemotions.com/pizalp-le-projet/


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Adventure Race Croatia 2019

Par la BimBimTeam, avec les commentaires de Maëlle, Fabien, Gilles, Etienne

Photos : BimBimTeam ou organisation ARC

Fraîchement revenus de la Réunion, les têtes étaient déjà à programmer la saison suivante. Alors que Joseph s’envole pour l’Amérique, Fabien veut repartir vivre l’aventure avec nous. La team 2012-2014 is back ! 2 manches ARWC nous font de l’oeil notamment, l’Ecosse en août et la Croatie en septembre. On choisira finalement la 2ème, même si nous avions déjà eu l’occasion de visiter la région. Cette fois-ci, ce sera “the hard way” !

C’est le rush pour les inscriptions. En 10 jours c’est rempli, et cela tombe alors que Fabien et Etienne viennent de tenter leur 2ème chance au tirage au sort UTMB et TDS… Finalement la réponse sera positive pour tous : TDS, UTMB, ARC… ouille ouille ouille, le programme de la fin d’été s’annonce chargé, il faudra être prêts !

Mais déjà l’été a ses rebondissements, avec Rémy qui chope une mauvaise maladie, le mettant à plat pour quelques semaines. Il préfère sauter son tour pour cette fois-ci. On se tourne alors vers une nouvelle tête pour la BimBimTeam, Gilles, fidèle Gônes Raideurs, qui en deux temps trois mouvements se libère et se motive pour partir en Croatie avec nous.

Tout est donc en place pour cette manche ARWS. Mais voilà, Etienne abandonne à 70 km à la TDS pour une inflammation du genou. Fabien subit exactement le même sort à l’UTMB. Moral en berne et genou en vrac, il leur reste 1 semaine pour se réparer. Heureusement, ils ont des bons ostéos et c’est vaillants qu’on se lance, Fabien, Etienne et Maëlle pour un samedi (J-3) de préparation logistique, pendant que Gilles enchaîne journée de boulot puis les 40 ans d’un pote d’enfance après avoir fêté son propre anniversaire une semaine plus tôt (belle préparation !). Départ le lendemain dimanche pour 13h de route, direction Pakostane, Croatia !

1er défi, on part sans remorque… Mission accomplie : on a réussi à rentrer caisses à vélo, matos et 1 vélo dans la voiture, 3 vélos sur le porte vélo, vive les opel combo !

Un trajet globalement sans encombre, sauf à l’approche de la frontière croate où je m’aperçois que ma carte d’identité est restée à la maison… A la douanière, on propose en échange nos plus beaux sourires, mon permis de conduire, une copie sur mon téléphone de mon passeport et la réservation du camping… Elle nous laisse passer après quelques réprimandes et un “bon courage pour le retour, ce n’est pas Schengen la Croatie !”. Ouf ! ça aurait été ballot de s’arrêter là !

Le road book ayant été fourni plusieurs jours en avance, nous avons pu préparer pas mal de choses depuis la France. Ce qui nous permet d’arriver sereins sur place, de s’enregistrer facilement (les vérifs sont une blague par rapport au raid in France…) et d’aller faire quelques plongeons et de tester la boule lyonnaise à la croate.

Il faut toutefois mettre tout dans les caisses puis filer au briefing de course. 

En démontant sa roue arrière de vélo, Etienne la laisse tomber à la renverse et la roue libre explose ! Branle bas de combat ! Comment on remonte ça ? Heureusement internet est là, mais surtout les voisins de la 400 team qui nous aident à chercher une pièce manquante. Alors qu’on s’apprêtait à filer acheter une roue au premier magasin ouvert (à 30min de route), la pièce est retrouvée et tout redevient vite en ordre. Ouf ! on peut souffler, tout est prêt, emballé, pesé.

Section 0 : Trek – 0.5 km

Le départ est donné dans les rues de Zadar. Maëlle nous ayant placés aux avant postes, on sera dans le groupe des premiers bateaux à embarquer même si Fabien échappe de son sac le tube de crème solaire à peu près 45 secondes après le top départ et manque de se faire écraser par le peloton enragé 😉

Section 1 : Kayak – 32 km

Ce premier kayak consiste à relier l’île de Pag au littoral non loin de Paklenica. La section est longue mais splendide.

On prend l’option de traverser le canal dès le début pour longer la côte jusqu’à l’AT (aire de transition). Rapidement seuls, on tente de garder le rythme métronomique imposé par Étienne et Maëlle, prenant soin de s’alimenter et beaucoup boire car les températures grimpent vite. On aura raison car beaucoup d’équipes souffriront de coup de chaud par la suite. Malgré le vent de face, on termine la section en un temps honorable de 5h et on sort modestement du kayak vers la 15 ou 20ième place. La transition n’est pas hyper rapide, le temps de se dessaler un peu, prendre soin de nos pieds puis de charger les sacs pour un premier long trek.

Section 2 : Trek – 40 km ; + 2 200 m / – 2 150 m

Ça commence doucement par un kilomètre vertical, où on double quelques équipes en souffrance, dont les 400 team que nous croiserons pas mal tout au long de ce raid. Allez, courage, vous aurez le temps de vous en remettre… Arrivés sur le plateau, de beaux passages de crapahute dans les lapiaz et les falaises de calcaire nous attendent.  La nuit est déjà là.

On se permet un petit détour pour récupérer de l’eau et descendre sur Paklenica en plutôt bonne position. Quel plaisir que ce trek de début de raid, chemins techniques magnifiques et on est en forme pour en profiter…(Note : Trek à refaire avec les copains et les enfants ! enfin sans la partie via ferrata sans baudrier, un peu trop engagé…)

Jusqu’à maintenant, les balises étaient évidentes, pas cachées. Sauf qu’on ne trouve pas la dernière avant l’AT… mais elle devrait être là, au niveau des bancs : “boulder behind the benches” ! on tourne 10 min, puis on finit par rejoindre l’AT en disant que la balise n’y est plus. Les bénévoles nous disent que si si, elle y est, un peu cachée. On repart alors, désappointés, et on tombe sur 3 ou 4 équipes cherchant la balise à l’endroit prévu. Elle sera dénichée finalement à 30m derrière le chemin. C’est rageant de perdre du temps comme ça, mais restons motivés, la route est longue !

Section 3 : VTT – 64 km ; +1 400 m / – 900 m

Allé, c’est parti pour accélérer l’allure ! Etienne aux manettes, l’orientation déroule avec une efficacité incroyable et on n’a pas à réfléchir. On se fait rattraper à vive allure par des finlandais très bruyants mais que nous doublons à chaque intersection. Ils finissent par rester derrière nous, attendant que nous trouvions la balise du belvédère. La carte nous entraîne ensuite au pied d’une graaaande montée piste de plus de 1000 m de dénivelée. Les finlandais nous déposent, on s’arrête manger et on se fait encore doubler par deux équipes, puis par les 400 team. C’est reparti, c’est dur et long, on s’accroche et s’entraide comme on peut pour éviter que Maëlle ne dorme littéralement sur le vélo. Qu’est ce que ça peut être soporifique le vélo sur piste de nuit… Vivement la descente… Mais bon, 1h plus tard je me réveille enfin, ce qui permet d’accélérer un peu l’allure, ouf ! Le vent est très fort, donc on alterne entre chaque épingle vent de face et vent dans le dos. Au final c’est pas mal car ça aide aussi un peu à rester éveillé… On discute avec les 400 team et on finit la montée ensemble, on enfile une couche pour combattre le froid bien cinglant, puis on passe devant à la descente. 

VTT, summit (de jour c’est mieux quand même… )

Rien de technique mais ils avaient bien sommeil aussi… On rattrape deux autres équipes. La fin de la section est assez longue et vallonnée, on n’en avait pas fini avec la montée… Paysages de moyenne montagne, on se croirait dans le Jura !

Section 4 : Trek CO – 25 km ; + 850 m / – 1 450 m

Départ pour cette nouvelle section tranquille, la fin du VTT nous a un peu fatigués. Les estomacs ne sont pas au top, ça tient mais bon. On monte donc doucement, le temps de se refaire. La section est plus technique en orientation, peu de chemins, on navigue entre genêts, forêt, crête. Une équipe nous double, mais on ne s’affole pas, on se refait une santé. La progression est lente et le brouillard ne nous aide pas à dynamiser l’allure… Puis enfin, le soleil perce, les perspectives sont de descendre à dré dans un long pierrier – première petite alerte de ma cheville gauche qui tourne un peu trop au milieu des lapiaz. On rejoint ensuite le col au loin. Les 400 team sont sur nos pas et avancent manifestement plus vite que nous sur ce début de section. La carte indique un chemin conduisant à la balise, sur l’autre versant de la montagne. On tente de le rejoindre, en vain. Pas de chemin. Coup au moral pour moi, la progression est encore plus lente, en dévers dans la forêt en slalomant entre les rochers… Mais bon, y a pas le choix, on ne va pas faire demi tour de toute façon… sortie de forêt, on file sur l’autre crête rocheuse, coche la balise puis on se pose pour un bon repas et un léger strap pour assurer le maintien de ma cheville. Les 400 team arrivent alors, ce qui nous remotive, on n’a pas été les seuls à galérer manifestement… On repart alors en descente sous le soleil. Passage également au bord d’un gouffre de 200 m de profondeur, utilisé en base jump selon l’orga… :

Petite traversée de rivière qui n’est pas pour nous déplaire, chacun sa technique, sac à dos dans sac étanche ou contenu du sac dans sac poubelle 🙂 En tous cas, ça rafraichit et c’est tant mieux ! Les battements des pieds lors de la traversée de rivière ont réveillé la douleur et chaque pause de pied est minutieusement réalisée pour ne pas risquer d’amplifier l’affaire, ma progression sur ce dernier km ralentit l’équipe car il m’est impossible de courir, mais bon l’AT approche, il y aura sûrement un médecin ou du matos pour refaire un strap plus solide…

Section 5 : Kayak – 20 km

… mauvaise  pioche, ni médecin, ni matériel médical, j’attendrai d’arriver à la Transition suivante en sortie de kayak pour utiliser l’elasto que nous avons dans nos caisses… Le tracé nous fait d’abord emprunter la rivière puis débouche sur la mer. Ici encore, c’est incroyable… Section très belle dans ces grands espaces et côtes majestueuses…

Bon j’avoue ne pas trop me rappeler de la 1ère heure de la section, mais chut, il ne faut pas le dire à mon coéquipier de kayak… L’AT est 5 étoiles. Douche, eau chaude, nouvelle cheville pour Gilles… Mais ne traînons pas trop, les 400 team arrivent peu après nous.

Section 6 : Trek CO – 15 km ; + 700 m / – 300 m

Très joli trek dans les marais salants puis la montagne à proximité, au coucher du soleil et lever de lune.

On jardine un peu pour trouver la balise au sommet en ayant voulu éviter la coupe dans les falaises, mais rien de méchant.

Puis tout s’enchaine bien, les 400 team nous remontent alors qu’on se posait des questions sur un chemin qui ne collait pas à la carte, donc on poursuit ensemble, c’est très sympa. Arrive alors l’instant fatidique de la balise 27 des éoliennes… Enfin un instant qui a bien dû durer 2h… Le topo : La balise est positionnée à l’angle d’une ruine, à l’issue d’un ancien chemin. La réalité : la montagne est pleine de ruines et murets pas tous cartographiés, et les éoliennes tournent à côté de nous mais ne sont pas sur la carte. Avec les 400 team on se pose, ça s’annonce complexe. Ils coupent à dré dans la pente, Etienne choisit de revenir sur nos pas. Il trouve une trace, on descend et on guette l’alti. D’un coup, on entend un cri des 400 team puis plus rien. Le doute arrive… Etienne continue de descendre, on voit des ruines, on cherche, pas là. Etienne nous dit, c’est plus bas. Moi j’indique que si les 400 team ne sont plus là, c’est qu’ils ont dû la trouver, donc qu’on est au mauvais endroit… erreur fatale…On coupe à flanc un peu plus haut que l’altitude supposée de la balise pour tenter de tomber dessus. ça ne progresse pas bien dans les buissons épineux alternés avec les lapiaz. On trouve plein de ruines et de murets mais pas les bons. Chou blanc, on remonte 70m de déniv pour se recaler sur la piste. On redescend là où les 400 team étaient descendus. Rien. On remonte, on file au sommet pour se recaler, on redescend. ça fait déjà environ 1h qu’on cherche, 3 équipes arrivent et continuent plus loin sur la piste. Etienne insiste : “ écoutez, franchement, pour moi, la balise elle doit être là, sur notre toute première trace”. On redescend, le moral dans les chaussettes et les doutes qui s’accumulent… On se retrouve au point initial où on a fait demi tour, Etienne devant, 2 min plus tard, c’est bon les gars ! Chapeau bas pour notre orienteur, et belle leçon, ne pas se faire embarquer par les autres équipes… Incroyable qu’on n’ait pas vu passer les 400 team lorsqu’ils l’ont trouvée ! Sur ce on donne la balise aux 3 équipes derrière nous, c’est le jeu, on rejoint rapidement l’AT…

Notre trace gps en bleu…

Section 7 : VTT – 73 km ; + 1 250 m / – 500 m

On choisit de s’accorder une pause sommeil au TA suivant. Transition rapide, puis réveil programmé 1H30 plus tard. Le confort est sommaire (quelques planches de bois feront office de lit) et la qualité du sommeil n’est pas au rendez-vous.  En effet, plusieurs équipes dorment déjà dans ce refuge et les réveils ne sont pas programmés à la même heure ! Joseph, j’ai pensé à toi pendant 30s en me demandant si j’arriverais à m’endormir… mais en fait moi je n’ai eu aucun souci pour bien dormir huhu… Moi nous plus, je pense avoir pris une demi-seconde pour m’endormir… Bref il est 1H30 quand notre réveil sonne,  et 10 min plus tard le temps qu’on arrive à sortir Gilles du fond de son Bivi-Bag… à mon réveil quelle surprise de voir Fab et Étienne déjà prêts… Oups, va pas falloir trainer. La transition n’est pas ultra efficace mais nous enfourchons tant bien que mal nos montures 15 min plus tard. Le rythme de la Bim Bim Team est bon. Nous parvenons à doubler une équipe (probablement des Slovènes) grâce à un choix d’orientation ultra rapide d’Etienne. La section se passe bien, les kilomètres passent assez vite, peu de difficultés techniques pour nous réveiller. Au lever du jour, nous croisons les 400 Team sur une balise en aller-retour sur un single tutti frutti, on en aurait bien pris plus ! Plus que 5 min de retard alors que nous sommes partis au minimum 30 min derrière eux de la bergerie ! Cool, ça nous donne un bon coup de boost au moral et nous entamons la dernière montée requinqués ! En haut, une looonnnggguuueee ligne droite avec un vent de face terrible nous conduit à la transition suivante.

Section 8 : Trek CO – 22 km ; +/- 1 012 m

Une bénévole vient alors vers nous pour nous signaler que notre balise GPS ne fonctionne plus et qu’il faut la remplacer. Les souvenirs du RIF 2017 remontent et nous pensons immédiatement à notre fan club qui a dû s’inquiéter derrière l’écran ! Transition rapide, nous voulons perdre le moins de temps possible pour enchaîner sur cette section trek montagne qui s’annonce très technique et pas très roulante.

Le vent souffle toujours aussi fort et les gouttes de pluie nous fouettent le visage. Pour couronner le tout, un orage éclate au dessus de nos têtes… ambiance, ambiance !

Nous rejoignons les 400 Team dans la montée, ils sont abrités derrière un rocher pour se changer. La première balise n’est plus très loin. Etienne la trouve au pied d’un rocher en forme de visage (non, non, ce n’est pas encore une hallucination !).

Les 400 Team rebroussent chemin en nous voyant trouver la balise. La balise suivante est plus compliquée à atteindre. Il faut suivre une crête herbeuse en alternant avec quelques montées / descentes de part et d’autre des sommets. En plein brouillard, Etienne nous conduit sans ciller directement à la balise. Puis on hésite sur l’itinéraire pour la suite, de la forêt pour rejoindre la balise 39. Les 400 team arrivent et choisissent l’option coupe, qui nous inquiète un peu, il y a une couleur bizarre sur la carte, on ne sait pas trop ce que ça signifie…On choisit donc de tenter de rattraper un chemin, en avançant très prudemment pour ne pas se rater… mais pas de chemin… donc on abandonne l’idée et on file à travers bois, pour retrouver la piste en contrebas de la montagne, sur le versant opposé de celui choisi par les 400 team. Malgré la fatigue, nous avançons à un rythme correct. L’option choisie par l’équipe doit nous permettre de joindre cette balise en contournant la montagne. Pour gagner un peu de temps, nous empruntons un raccourci qui nous oblige à quelques mètres supplémentaires de D+. La carte est trompeuse et les dévers dans les champs nous pompent de l’énergie. C’est dans un état de fraicheur proche du néant que nous parvenons à cette fameuse balise et que nous enchaînons en trottinant sur 8 km sur une piste pour revenir à l’AT et tenter de remonter quelque peu notre retard… Petit coucou à Alaïs et son équipe qui arrive sur cette transition, cette section ne devant pas être bien facile de nuit… courage !

Section 9 : VTT – 45 km ; + 550 m / – 700 m

A nouveau une mauvaise surprise en arrivant puisque notre balise GPS ne fonctionne toujours pas. Le bénévole me dit de bien la mettre sur le dessus du sac. Je lui ai dit qu’il est bien gentil, mais que je peux difficilement mieux faire, la balise GPS se trouvant dans la “capuche” du sac à dos !

Nous attaquons la section suivante, annoncée comme la plus sympa au niveau pilotage VTT. Sacrée bonne nouvelle, on attendait cela avec impatience ! En plus, il fait encore jour et les lumières de fin de journée sont superbes ! Malheureusement, lors d’une descente sur un single très sympa, la tige de selle télescopique de Gilles ne veut plus remonter. Tant pis, on continue comme ça. Traversée de champs, on échange par geste avec un berger et ses moutons, perplexe et amusé de nous voir ici. Fabien se demande si les épouvantails qu’il voit sont des « vrais gens » ou l’inverse (c’était bien des épouvantails !).

Une des balises suivantes est positionnée au milieu d’un lac d’un bleu éclatant. Strip tease express et je plonge dans le lac pour aller poinçonner. Malheureusement pour le reste de l’équipe, un selfie est obligatoire sur cette balise, il faudra donc se mouiller !

Aller-retour express (avec un coéquipier nudiste dans l’équipe, à vous de deviner qui…), mais des sangsues en ont profité pour se coller un peu partout… sur les fesses, sous les aisselles… miam ! Allez, pas le temps de trainer, surtout qu’après le tige de selle et les sangsues, c’est mon porte carte VTT qui cède, il est temps que cette mauvaise spirale cesse d’autant que la nuit tombe et nous arrivons finalement à Knin, sur un rythme qui diminue petit à petit.

Section 10 : Trek CO Château fort – 4 km ; +/- 150 m

La transition n’est pas très efficace, nous croisons les 400 Team qui repartent déjà de la CO… nous sommes désormais bien seuls au monde ! La CO dans la forteresse est assez pénible, nous mettons du temps à trouver la balise B, mais heureusement on bascule dans le château fort ou c’est plus ludique. (note : revenir avec les enfants !). Etienne nous déniche les balises plutôt rapidement. Avant de repartir, on repère un petit resto qui nous prépare des sandwichs maison délicieux ! Ca fait toujours un peu de bien à l’estomac… et au moral !

Fin de cette section, réunion d’équipe : que fait-on ? Le rythme a baissé, les transitions prennent plus de temps, on est beaucoup moins dans le rythme de course. Unanimement, nous décidons de nous rebooster et de tenter de reprendre notre rythme initial.

Section 11 : VTT – 41 km ; + 250 m / – 100 m

Section qui s’appelle selon l’orga “easy on the legs” mais pas du tout easy pour les fesses. D’abord une montée sèche sur la route puis une piste caillouteuse qui tappe, toute plate. Très vite, sur le plateau, on perd notre énergie et tout le monde se dort dessus. Etienne lâche un peu plus tard : “heu, j’ai dû m’endormir, je sais plus où on en est”. La traversée du village suivant aide à se recaler puis on s’endort au bord de la route pour 1h de sieste réparatrice. Rien de mieux qu’un petit lit de cailloux pour une bonne nuit !

Comme toujours le réveil est glacial mais on se réchauffe vite sur les vélos. Le rythme n’est pas mauvais et on arrive rapidement à la transition pour la via ferrata. Moi je commence à avoir bien mal aux fesses et je découvre que j’ai deux ampoules en formation à la jonction avec la selle… bon c’est pas très glamour mais surtout je me demande comment je vais faire pour rouler encore 90 km sachant que ça ne peut qu’empirer…. ça m’apprendra à rouler sans cuissards ! et la nok, souvenez-vous, c’est la vie…

Section 12 : Trek Via Ferrata – 5 km ; +/- 200 m

Absolu est entrain de dormir. Ils sont impressionnant de maîtrise, après un départ difficile (coups de chauds?), ils poursuivent leur chemin en prenant le temps de dormir toutes les nuits, et remonteront finalement à la 5ème place, 4h30 devant nous ! 

Les pieds douloureux, on met les baskets et les baudriers pour ce trek/via ferrata. Il s’agit de rejoindre un canyon puis de le suivre en marchant sur une vire équipée de câbles. Rien de méchant, mais ça nous paraît bien long (il fait nuit – on ne voit pas grand chose). Petite hésitation à la sortie du canyon mais on rejoint rapidement l’AT pour repartir en vélo. 

On tombe alors sur les suédois qui nous demandent gentiment de leur prêter nos baudriers. Huhu, drôle d’idée de vouloir partir en via ferrata sans équipement et en chaussure de vélo 😉 On leur prête bien évidemment notre équipement (sauf les chaussures) en échange d’une bière à l’arrivée !

Section 13 : VTT – 25 km ; +/- 400 m

VTT de transition assez rapide, mise à part quelques minutes d’arrêt pour :

  • Fabien qui laisse tomber de son sac, à une vitesse de 50 km/h environ, juste en fin de descente et au pied d’une remontée route bien sèche, le tube de pastilles de sels,
  • et que Gilles-MacGiver en profite pour s’arrêter bricoler sa tige de selle qui reste en position basse : à l’aide d’un bâton pour faire tuteur, d’une lanière pour le maintenir et d’une chaussette pour protéger le cadre (neuf) de son vélo et le voilà reparti comme en 40 ! ou plutôt comme en 90 car ce vélo nous fait passer par une balise posée sur un tank de la guerre yougoslave (selfie!).

Et découverte du « perfect circle » annoncé par l’orga, pas mal :

Section 14 : Trek – 18 km ; + 400 m / – 600 m

Et c’est revigorés par un beignet offert par un bénévole qu’on se lance dans ce dernier trek. Si tout se passe bien, ce soir on dort dans un lit !

En plus ça commence bien car pour une fois les chemins cartés existent vraiment ! Cela nous empêche pas de se rayer un peu les jambes lors d’une coupe. C’est alors qu’on rentre dans le parc national de Krka où un bar propose sandwichs et crêpes. S’en suit une grosse séance de shooting avec le photographe trop content de nous voir ici, et nous trop contents d’être là, la rivière et ses petites chutes d’eau est magique (Note : revenir ici absolument ! on vous promet les photos dès que l’orga les envoie…)

Il nous laisse lorsque le chemin remonte en plein caniard. Ouch quelle chaleur ! Pour une fois j’arrive à suivre la carte avec Étienne et profites de ce trek malgré une forte chaleur sur le plateaux….La baignade à l’arrivée est la bienvenue. Les pieds n’en peuvent plus. Heureusement, le trek c’est fini !

Section 15 : VTT – 55 km ; +/- 700 m

Allé, c’est reparti pour un dernier VTT. Pas mal de route pour commencer. On s’arrête dans la descente demander de l’eau à l’habitant. Une mamie bien gentille, qui parle fort bien anglais nous offre ce ravitaillement et petite discussion sur l’histoire de la Croatie. 

On est quand même un peu fatigués, et les raidillons sur la route ne suffisent pas à nous réveiller, au contraire. Les impressions de déjà vu se multiplient. “Ce village on y est déjà passé” “regardez, c’est le lac du 2ème kayak !” alors que pas du tout. 

Simplement ça fait 4 jours qu’on pédale, qu’on a dormi que 2h et qu’il fait super chaud.
Maëlle en oublie même de manger, ou joue à la fourmi en ayant gardé précieusement son sandwich “pour plus tard”. Et surtout j’ai mal aux fesses, impossible de s’assoir correctement sur cette selle et d’y appuyer pour de vrai, sur les pédales… Fabien veut me faire ingurgiter un anti-inflammatoire mais il finit par comprendre que ce n’est pas la bonne solution. Bilan : elle se retrouve dans le dur et il faut la gronder pour qu’on s’arrête à l’ombre et qu’on mange un morceau.

Ca va un peu mieux, mais la suite ne va pas nous aider à sortir de cette torpeur. Une quinzaine de km interminables de faux plat montant sur piste en ligne droite nous attend. Les absences se multiplient. Gilles : “hey les gars, d’un coup je me suis retrouvé tout seul ! Fabien : “C’est marrant, je ne me souviens pas que je te suivais. Maëlle n’en peut plus du mal de fesses et de cette montée soporifique et interminable et le cercle vicieux du faux rythme se met en place. Je me décide alors (un peu tard?) à prendre le sac de Maëlle et à la tracter, espérant relancer toute la troupe ça fonctionne à moitié, Gilles et Fabien luttant contre leur somnolence. On parvient quand même au dernier sommet de cette aventure, un joli point de vue où nous serons filmés et photographiés une dernière fois. On prend le temps d’un coca et d’une bouteille d’eau au bar (détail qui aura son importance pour la suite), puis c’est parti pour une belle descente VTT. Gilles et Fabien s’éclatent sur leur nouveau vélo. ça fait plaisir 🙂 

Section 16 : Liaison trek 1 km

Transition pour rejoindre nos kayaks, on discute avec les bénévoles, on se refile nos sachets bjorg (on ne veut plus en manger, vivement les pizzas…), on prépare tranquillos les cialumes juste avant la tombée de la nuit. Bref, on prend notre temps, plus qu’une section à faire, rien de particulier (croit-on), on est tout seul (croit-on), donc on profite !

Section 17 : Kayak – 14 km

Last but not least, 3 à 5h (annoncées) de kayak  nous attendent. Le coucher de soleil est magique, le lever de lune encore plus.

Lors des derniers kayaks, l’équipage Gilles et Fabien était à la peine pour suivre Maëlle et Etienne. On décide alors de tenter d’attacher les premiers sur les deuxièmes (enfin, ça dépend dans quel sens on compte). Laisse trop longue ? impossible, le 2ème bateau fait dériver le premier. Laisse trop courte ? ça marche ! mais il ne faut pas trop pagayer derrière sous peine de pousser le premier bateau et de le faire tourner. Menfin, ça c’est l’excuse pour se la couler douce, non ? Le rythme semble satisfaisant. Puis c’est sécurisant de rester bien ensemble la nuit au milieu de la mer. C’est donc un bateau accroché dans la vague ce celui de devant que notre équipage s’en va boucler cette aventure. 

La navigation de nuit n’est pas évidente et la vitesse de progression trompeuse (le temps moyen pour cette section est de 2h30 finalement). Cette île, c’est laquelle, et celle là ? non c’est pas possible, on est déjà là ? Cette lumière, là, c’est au 1er ou 2nd plan, et c’est un bateau ou un phare ? Bref, on est bien calé en passant le détroit à 6/7km du départ. Mais 30min plus tard c’est le doute. La nuit on voit plein de lumière le long des côtes alors que sur la carte au 1:50000 seules les agglomérations sont faciles à repérer. Pourtant on devrait être bien là ! Le doute l’emportant, on décide de prendre le temps (10 min) pour aller sur une plage demander confirmation (et non pas prendre une pizza). Le temps (10 min) pour Fabien d’enfiler son kway et on repart. Le temps surtout pour les suédois d’Uppsala de nous passer devant, pagayant bien plus vite que nous. Partis 40 min derrière nous au kayak, ils arriveront 10 min devant. C’est ce qu’on appelle une leçon ! C’est donc un petit peu amère qu’on arrive sur la plage à l’arrivée, 9e place, qu’on trinque avec l’orga et les suédois – les mêmes à qui on avait prêté les baudriers, les traîtres ;), qui nous avouent alors nous avoir pris en chasse derrière notre prêt de matos, ce qu’on était loin de soupçonner… Quelques bouts de pizzas et vite, au lit.

Arrivée !

Quoiqu’il en soit, notre objectif 1er c’était de finir la course le vendredi soir en full race, Objectif atteint ! Franches rigolades et grande cohésion. 1er raid avec Gilles, au top…

Souvenirs des balises photos : La mission, arriver à être tous les 4 sur la photo et avec le n° de balise en prime. 

Retour au camping pour une 1ère nuit salvatrice… interrompue à 1h30 par le réveil de Fabien (en vrai c’est pour ça qu’on l’aime, comme quand il sème tel le petit poucet le matos de son sac) D’ailleurs, Etienne se lève et me jette la montre dessus d’énervement^^. Alors que moi j’étais déjà tellement loin dans mon sommeil que je n’ai rien entenduLendemain, on lit tous vos messages… Sacrée source de motivation  que de vous savoir derrière nous, pour avancer dans les moments durs, merci !

Ptit dej gargantuesque, lessives, rangement, sieste, baignades, débrief avec les copains des autres équipes, dernière baignade, que c’est beau !

Je fais cette petite photo des gars qui plongent (on la recadrera plus tard hein), Fabien passe à côté de moi l’air de rien mais bon, je commence à le connaître, m’attrape et me pousse à l’eau, juste le temps de jeter mon téléphone sur le ponton… ouf ! Une magnifique action d’avoir réussi à viser le ponton !! J’en rigole encore…

Puis cérémonie de clôture. Les Suédois qui nous avaient doublés prennent une pénalité de 2h pour absence de lampe strob et de couteau aux vérifs matos ce qui nous permet de retrouver la 8e place…

Et chapeau bas pour l’orga de l’ARC, du beau boulot en tous les cas, on vous recommande !

Les souvenirs reviennent progressivement, souvenirs, qui, comme pour chaque raid long, promettent une saveur si particulière et durable… Images, paysages, chemin parcouru… L’Aventure en Equipe…

Puis 2e nuit complète avant le raid après le raid, retour voiture, 13h (ça fait gonfler les pieds, un vrai Hobbit), il fallait au moins ça pour digérer le raid… Frontière : on dégaine nos 4 T shirts du raid et 4 sourires immenses, ça passe à l’aise.

Retrouvailles avec les filles, quel bonheur ! Merci à nos parents, on vous fait tellement courir, traverser la France dans tous les sens pour gérer les relais de garde pour qu’on puisse se faire des vacances entre copains… merci !

La fin d’un raid, c’est un œil qui rit, un œil qui pleure… vivement le prochain !…

… et pour la petite anecdote, une semaine après notre retour, Etienne reçoit un appel d’UPS, pour la réception d’un colis. Pourtant, aucune commande récente… il ouvre le colis… rempli de chocolats… Allez, excuses accordées les Uppsala, promis, la prochaine fois, on vous prêtera nos baudars, mais comptez-sur nous pour envoyer les watts derrière…

RIF 2018 – 3ème partie

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« Y’a plus qu’à »

Par la BimBimTeam, avec les commentaires de Maëlle, Rémy, Joseph, Etienne

Lien vers la 2ème partie.

… Arrivés à l’AT, l’orga nous apprend que l’heure limite de départ en kayak a été avancée à 15h. Il est 13h45, va pas falloir trainer !

SECTION G – Trek (+ cordes) / 3 km

Transition express, on enfile les baudriers pour un rappel qui nous amène dans un lit de rivière asséché. En sprint sur le fond de la rivière, sur-motivés, nous reprenons Absolu2, un peu moins rapide dans cette progression dans les gros rochers. Avec la mer en visu, nous savons comme eux que ça devrait le faire pour arriver à l’AT à temps.

SECTION H – Kayak de mer / 37km / 0 m D+ / 0 m D-

Arrivés 14h30, on est LAAAARGE et on a donc 30mn pour s’équiper. Et on les prendra, le temps d’un contrôle matos et d’un briefing sur les conditions de navigation et les passes à viser pour éviter les vagues déferlantes. Pas d’urgence particulière à gagner 5 minutes sur cette transition. La houle sera modérée, mais suffisante pour ambiancer la section. Les équipes suivantes (le lendemain) n’auront pas cette chance ! Car le vent ajouté à la houle aura entrainé un mal de mer chez de nombreuses personnes… Ce kayak est entrecoupé d’un CP à mi-chemin sur la côte, où nous devrons nous arrêter pour passer la nuit. Nous naviguons avec Absolu2 et les suisses. Sauf problème, les équipes n’ayant pas embarqué aujourd’hui ne reviendront pas sur nous. De la même façon, il sera difficile de rattraper les équipes de devant. C’est le jeu des darkzones ! Aucune raison, donc, de dépenser trop d’énergie dans ce premier tronçon au coucher du soleil, sauf de débarquer avant la nuit.

 

 

Nous profitons donc à 100% de ce moment (60% pour moi, qui ai tendance à piquer du nez++ ! Je préviens Joseph derrière moi “si tu vois que mon rythme baisse, c’est que je suis en train de m’endormir, crie-moi dessus !”), en jouant à aller chercher le surf dans ces belles vagues. On est en compagnie parfois de l’orga, dont Gilles sur le bateau, ou de journalistes qui nous accompagnent en bateau (voire en palme masque tuba et requins pour une photographe plongeuse !), on discute avec Absolu. Arrivés au CP à la tombé de la nuit, on peut maintenant apprécier quelque chose de peu commun en raid aventure : presque 10h d’immobilisation, la possibilité de prendre une douche, et la perspective d’un resto ! Poulet aux mille graines de vanilles au menu. On n’est plus habitué à manger de telles quantités alors on n’arrive pas à terminer… Un comble, alors qu’on pèse déjà plusieurs kilos de moins que notre poids normal. On profite de ce créneau pour ENFIN finir de lire les messages reçus, que c’est bon ! Merci !! Même Béatrice la bénévole de la food team nous a ajouté un message à la main, derrière tous vos messages. Sympa !

Joseph joue les banquiers pour les suisses, qui veulent prendre une chambre d’hôtel. La BimBim choisit de rester dans la course et de bivouaquer sur l’herbe douillette du CP avec Gilles L., pour 6h de sommeil d’une grande qualité (heu… t’exagère un peu là non ?;) Je valide la qualité grand luxe de la nuit !  Trop grande peut-être, car tous ratons notre réveil. Par miracle, ou par habitude, Rémy finit par ouvrir les yeux, et réveille toute l’équipe, et malgré le retard du réveil de 20 minutes, notre préparation est efficace. Les deux autres équipes nous rejoignent sur la plage, nous partirons tous à l’heure (5h du matin) pour ce deuxième tronçon de kayak, qui doit nous amener à Saint-Leu. Sortie au large ambiance pour passer la barre de Corail, mais au final tout se passe bien puis on retrouve notre rythme dans la houle. On apprendra plus tard que deux requins de 2 et 4 m auront été attrapés la nuit à la barrière de Corail… mais ça ne nous aura pas tracassés plus que ça !

Ça se tire un peu la bourre sur la mer. Abolsu2 part vite, les suisses sont réguliers mais plus rapides. Ces deux équipes tirent trop au large (et les Suisses oublient de contourner une bouée -> demi-tour !), ce qui nous permet de les rattraper et d’arriver groupés à la transition au pied du Maïdo, le dernier gros morceau de RIF 2018 !

Le kayak de mer était la dernière inconnue du raid (en tous cas pour moi), on est désormais en vélo, dans notre zone de confort, la ligne d’arrivée devient concrète, réelle, c’est un sentiment fort après 6 jours de course.

SECTION I – VTT / 77 km / 2 830 m D+ / 2 730 m D-

Sympa de terminer cette course dans ce groupe de 3 équipes. Absolu2 est plus efficace à la transition et part avec un peu d’avance. Nous suivons de près, les Suisses juste derrière nous. Ça grimpe fort et il fait chaud. Si les gourdes sont pleines, elles se vident aussi vite qu’on fond sous cette chaleur humide de début de journée. L’itinéraire nous conduit à dré dans le pentu, à travers les hauts de St-Leu. On se ravitaille en eau chez l’habitant. Jamais vu une montée aussi raide.“Avec ces pentes à 20%, heureusement qu’il y a pas de neige chez vous !”. Les Suisses se trompent de chemin et prennent un peu de retard. Alors qu’on raccroche et dépasse le train d’Absolu2, Etienne s’en va tête dans la carte jusqu’à l’intersection suivante. Maëlle et Joseph suivent. On s’arrête au début du chemin qui remonte à gauche de la route. Rémy ? Rémy ! Rémyyyy (à crier avec la voix aigüe de Maëlle) !!! On l’aperçoit filer à toute allure plus bas sur la route. On a beau siffler, hurler, il ne nous a pas vus ni entendus. Maëlle attend et temporise à l’intersection. Joseph et Etienne se lancent en descente à la poursuite de Rémy, sous l’oeil amusé de nos amis d’Absolu. Au bout de 2 virages en descente, je me doute bien que je fais fausse route, demi-tour…  Quelques centaines de mètres plus loin, on retrouve Rémy. Allez, chacun prend un peu sur lui pour éviter les tensions (sans objet en fait, on a perdu 5 minutes, mais à ce stade de la course on en a quand même tous un peu marre !), dans quelques minutes on préférera en rire qu’en pleurer (nos cuisses ne sont plus à ça près). Pour moi c’est surtout le soulagement, trop peur de devoir redescendre loin et de devoir tout remonter ce déniv qu’on avait déjà si durement grignoté – rappelons que cette montée pèse près de 2 500 m de déniv d’un bloc…  ! On retrouve Absolu un peu plus loin qui se trompe de chemin. Nos deux équipes restent ensuite soudées une bonne partie de la montée.

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Team Absolu2, compagnons d’aventure

On discute, c’est sympa et ça passe le temps plus rapidement car les routes sont bien monotones. Alors qu’on se rapproche de la couche nuageuse et de la pluie, chacun s’arrête à son tour pour s’habiller et manger. Les suisses en profitent pour passer devant, à bon rythme. On hésite sur une option d’itinéraire, laissant Absolu2 reprendre la 2nde place de notre groupe de 3. Vu la météo, on se décide pour l’option route. L’occasion de redoubler Absolu2 qui s’est arrêté pour une microsieste. On terminera seuls, les Suisses s’échappant devant, Absolu2 juste derrière.46318052_10155587937676353_1703517315313696768_o

Peu avant le sommet, on a quand même le droit de quitter enfin cette route pour basculer sur de la piste pour mon plus grand bonheur, on croise 3 traileurs qui sont en fait des membres des équipes “retired” FMR et Agde. Merci pour les encouragements ! On discute, on discute, oubliant qu’on est en course ! Dernier poussage puis portage, puis sommet ! Petite pause au CP sommital pour enfiler les gore-tex, savourer les quelques 2500m de D+ qu’on vient d’avaler et faire des photos dans le brouillard. Dommage, on reviendra pour la vue sur Mafate… (moi je reviendrai pour de vrai avec Jean-Luc, trois jours plus tard hihi). Les Bénévoles au sommet nous indiquent que les Suisses devant nous sont dans une forme impressionnante, que la descente est hyper engagée, et qu’il s’agit ici pour nous d’éviter la chute…

 

 

Pour la suite, le roadbook indique de suivre les chemins VTT. On ne va pas s’en priver ! On suit la piste noire, pas facile car le sol est détrempé. Après un beau chemin technique sur la crête, la piste s’enfonce en forêt. Ce rappellerait presque la DH de Dany Hart en 2011. Malheureusement, après 6 jours de course, on n’a pas le même flow que ce champion et les racines sont bien glissantes. Pour moi, enfin réveillée après cette interminable montée route ultra monotone et soporifique, l’intégralité de cette descente est l’un des meilleurs moments de ce raid : la forêt est splendide, ça glisse mais ça passe pas mal ! Une des plus belles descentes de VTT de ma vie sans aucun doute… Le sentier devient de plus en plus ludique au fur à mesure de la descente. La BimBim est revigorée, on profite, avec des pauses photos. On entend même quelques “wouhou !”. On ne le sait pas, mais à ce moment-là les Suisses ne sont pas si loin devant nous. Il ne reste plus qu’une bonne partie de liaison dans des zones plus urbaines et dans la Savane de St Paul. Mais ce n’est jamais fini… Les traceurs de l’orga se sont amusés à trouver un itinéraire un peu piégeux, surtout de nuit : on notera particulièrement un sentier miné de rochers cachés sous les herbes hautes, très difficile à la nuit tombante avec toute la fatigue qu’on a accumulée jusque là. Les guidons se font accrocher dans les branches, je chute lourdement sur un caillou, ma hanche s’en souvient encore 15 jours après. On retrouve même Etienne projeté 3 mètres devant son vélo, lui qui ne tombe jamais. Pour moi c’est la cata, les garçons sont devant, je n’arrive pas à les rattraper, j’ai l’impression d’être la seule à galérer et je craque dans ce sentier impraticable… Coup au moral, j’ai faim, et je n’arrive pas à faire 2m sur le vélo sans mettre pied à terre. Mais pourquoi les fins de sections sont-elles toujours aussi difficiles ? L’orientation se déroule sans trop de souci jusque-là, mais la vigilance baisse avec la nuit qui tombe et on perdra un peu de temps sur un aller-retour dans les propriétés privées agricoles juste avant la transition (bananes, mangues, vanille… miam !).

SECTION J – Trek (+ packraft) / 5 km / 0 m D+ / 100 m D-

Dernière transition ! On savoure. Enfin pas trop (si si, les abricots au sirop étaient carrément les bienvenus !), car on a bien envie d’en finir. On troque les vélos contre les packrafts. Un petit chemin nous amène en bas, le long de la ravine St Gilles. La balise est à la confluence, l’embarquement un peu plus loin. On s’installe au milieu des roseaux pour gonfler les bateaux et poursuivre en naviguant jusqu’à la marina de St Gilles. Quelques coups de pagaies plus loin, en slalomant entre les romantiques fleurs qui flottent, on rejoint la mer puis on retrouve Lolo des Gônes Raideurs qui nous accueille sur la plage. Sympa ! et ça sent bon l’arrivée ! Cette fois on y est ! plus que quelques hectomètres sur la plage, on entend la musique, on voit les lumières du village Corail. C’est l’émotion, on retrouve d’abord Jean-Luc qui nous accompagne jusqu’à la ligne d’arrivée. Une toute dernière épreuve nous attend au dernier virage : un bouchon de rhum arrangé fourni par Romu des 400 Team et des traileurs d’Agde que l’on avait croisés au Maïdo. Puis c’est champagne ! Pfiou. Trop d’émotions d’un coup…

La BimBim lé la ! la BimBim la fé !

 

 

Les Suisses sont là pour nous féliciter. La famille du RIF bien-sûr, Pascal, Béa de la food-team, l’équipe d’endorphinmag. D’autres coureurs aussi, quelques-uns croisés en courses, qui ont abandonné ou bataillé parmi les premiers. Tous nous font part de leur considération pour notre course. Difficile de réaliser pour nous. Le chemin était long, extrêmement difficile, mais finalement à la hauteur voire au delà des attentes qu’on en avait. Faut-il qu’on soit si fier de notre classement ? Pour moi il ne représente rien encore, peut-être cela viendra peut-être un jour. Les premiers sont arrivés il y a 2 jours quand même… on a de la marge 😉 Terminer ? ce résultat paraît logique au vu de la prudence et de l’humilité avec lesquelles on a abordé ce défi. Je suis fier de notre persévérance, de notre état d’esprit, de notre préparation et surtout du soutien de notre entourage pour ce projet de fou.

Tout pareil, une énorme satisfaction de voir tous ces mois de préparation se transformer en une semaine entre potes, à gérer notre course avec constance sans aucune tuile majeure. Mon RIF 2012 avait été vaguement gâché par 24h de problèmes gastriques, cette année rien de rien. Trop fier des mes 3 coéquipiers qui ne craquent jamais même dans des moments extrêmes. Toujours difficile de voir Etienne galérer le premier soir, mais on sait qu’il se remet, revient fort et porte ensuite l’équipe sans fléchir jusqu’à la fin du raid, sur tous les tableaux (orientation, endurance, motivation). Concernant le classement, quitte à être 16ème, j’aurais bien aimé finir 15ème 🙂 Mais rien que finir en full race est une grande réussite selon moi. De toutes façons aucune raison de se pavaner vu le temps qui nous sépare du haut du tableau !

Quelle aventure… A vivre, on sent que s’ancrent à vie des sensations, images qui reviendront nous visiter très souvent et pendant longtemps, instants uniques et magiques, qui feront pétiller nos yeux comme ceux de tous les raideurs qui nous ont raconté leurs propres aventures, les raids gauloises d’Yves, de Gilles… Raids gauloises qui me faisaient rêver depuis toute petite, à la lecture de récits de course dans canoë kayak magazine… Alors comment vous remercier vous mes 3 coéquipiers de choc ? Pour m’avoir soutenue, allégée, soulagée, tractée, aidée, pour avoir supporté mes instants de doute et de sale caractère dès que je dépassais mon seuil de faim et de fatigue ? Trop heureuse d’avoir pu partager ça avec vous… Et curieuse de savoir quelle sera notre prochaine aventure… ?? 

Et bien sûr, merci, merci à nos bénévoles à domicile, Lola, Marie, Madeleine, François, Chanchan, Robi, Leslie, et Nounou Catherine qui ont tous géré nos filles comme des champions, peut-être plus fatigant que la course, avec le soleil et les paysages en moins… Un paquet de transitions à gérer, et sur deux semaines en plus !

Merci… Merci à nos filles de nous laisser partir et de nous faire la fête au retour, quel bonheur… 

Merci à Jean Luc, soutien sur place en or, on t’embauche ! 

Et à Sam d’Ertips, Youann, aux Gones Raideurs, à Lola pour les encouragements et tout le matos prêté ! 

A nos deux suiveurs de chocs : Fabien et Matthias, vous avez trop géré la retransmission sur facebook !

Et tous ceux qui nous ont suivis, encouragés, vos messages sont un véritable fournisseur d’énergie !! 

A l’orga, aux bénévoles (si nombreux ! Mention spéciale à Gilles, Jean Michel et Béatrice que nous aurons beaucoup croisés), quel travail, quelle aventure…

Longue vie au RIF ! #messagepourPascal

Et aux Réunionnais, tous chaleureux ! Sans oublier le personnel du camping Ermitage Lagon. On reviendra…

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Fabien, en une de l’écran de la cérémonie

Petite pensée pour Fabien la masse, tu nous as manqué ! Et on aurait bien aimé te voir batailler sur ton VTT en descendant du Maïdo 🙂

Puis très vite, lessives, séchages, empaquetages, valises… Cérémonie de clôture du RIF…

Retour à la civilisation avec une journée d’attente entre l’aéroport et St Denis (mode ville fantôme avec le blocage des gilets jaunes) pour Etienne, Maëlle et Joseph (Rémy et Jean-Luc sont restés quelques jours sur l’île ; mais c’est une autre histoire), partagée avec l’équipe Intersport Lyon DSN74 Hoka, et Jean-Michel, moments bien sympas. Jean-Michel nous sauvera une fois de plus à Paris en gérant au top la logistique retour : notre retard d’avion nous ayant fait rater le train, on vous laisse imaginer ce que ça peut donner une petite dizaine d’équipes de 4 personnes avec chacune une caisse à vélo à recaser dans un TGV… Mais tout s’est très bien passé… Puis à Lyon, retrouvailles sur le quai avec les filles, Robi et Chanchan, youpi !

Et maintenant ?

D’abord repos

 

 

Puis ski, puis… on a forcément un petit coin de cerveau déjà motivé pour imaginer une suite, une nouvelle aventure… à partager….

RIF 2018 – 2ème partie

« Des Hauts et des Bas »

Par la BimBimTeam, avec les commentaires de Maëlle, Rémy, Joseph, Etienne

Lien vers la 1ère partie.

SECTION C – VTT / 41km / 880 m D+ / 880 m D-

C’est parti pour explorer les cultures de canne à sucre de la Réunion ! Il est midi, aucune difficulté technique sur ce début de section, cependant l’orientation demande une grande concentration, à la fois sur le tracé initial et le choix d’itinéraire, et sur le suivi en direct… Etienne s’en sort d’une main de maître ! On dépasse les suisses de Berghaus dont les selles ont l’air moins confortables que les nôtres (^^). Le roadbook nous indique de suivre la plage sur une certaine distance donc on choisit ici de basculer en chaussures de trail pour préserver nos pieds dans les galets de la plage car il faut pousser le vélo.

 

Puis c’est reparti en selle, retour dans les champs puis on remonte les pentes. Jeu du chat et de la souris avec les russes qui nous doublent à vive allure, demandant à Maëlle de se pousser de l’autre côté de la piste pour doubler : “Leeeeft !”. OK, ok… On les doublera par suite sur leurs erreurs d’orientation. 

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Pause repas

Puis une escapade énergétique le long du parc photovoltaïque, de conduites forcées et du parc éolien qu’il faut “traverser par le haut”. [Sujet éolien qui nous aura questionnés… le roadbook indiquait “cross by the top the wind farm” = on a d’abord pensé qu’il fallait passer au dessus de la dernière éolienne…]  (volontaires pour ouvrir une DT CNR à la Réunion !!), avant de redescendre vers la côte par une pseudo piste de DH, de croiser de nombreux Réunionnais en plein barbecs – on se serait bien arrêté pour passer un peu de temps avec eux ! et rejoindre le sentier du littoral. Or qui dit sentier du littoral à vélo dit piège ! Le CP est si proche et pourtant si loin, le vieil adage du Raid In France est vérifié : “tant que t’es pas arrivé au CP, t’es pas arrivé au CP”. Notre vitesse de progression s’effondre : il faut pousser, porter, pousser, porter, se passer nos vélos pour passer des murs… Interminable… La nuit tombe…

Etienne rassemble les troupes et montre la carte : il y a une option route mais pour lui la route est interdite, et donc on doit continuer le sentier jusqu’à l’AT. Tout le monde valide, y’a une belle croix rouge sur la route. Plus tard, après avoir croisé un gars en VTT en enduro dans l’autre sens (quelle idée de faire ce sentier à vélo sans avoir de balise à pointer ?), après une réparation du dérailleur de Rémy, nous voici enfin à l’AT… les russes et les suisses sont là depuis 30min ! Ils ont pris la route interdite ? On est un peu déçu mais on se dit qu’on a joué le jeu. On apprendra plus tard que la route n’était pas interdite, mais à ce jour on n’a toujours pas compris comment ! Bref, transition un peu difficile pour nous, Joseph se fait soigner les pieds, Etienne répare le dérailleur de Rémy. Heureusement, Johnny de la petite boutique de l’AT, sur le point de fermer, nous offre 4 baguettes de pain beurrées, qu’on garnira de notre fameux boeuf séché… de quoi nous requinquer ! Promis Johnny, quand on reviendra à la Réunion, on viendra te raconter la fin de notre raid ! Johnny nous indique que pour la suite, le littoral passe. Ok, on prend !

SECTION D – Trek (+ VTT) / 27km / 330 m D+ / 210 m D-

Il est 21h, la 4ème nuit sur le RIF commence.

Nous voici donc partis sur cette nouvelle section de trek. Attention, ne pas se fier au dénivelé ou à la distance annoncés pour estimer un temps de parcours…

Sur recommandation de Johnny, on suit le littoral. La frontale de Maëlle fait des siennes (elle monte en température !) donc on bascule sur la frontale de réchappe. Sur le littoral, pleine nuit, il y a d’un côté la mer et des vagues puissantes, de l’autres les falaises. Entre les deux : nous sur des rochers, pleins de doutes sur le fait que ça débouche ou pas… Demi tour ? Allé Johnny, on a confiance en toi… On y va…

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De jour…

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De nuit.

Enfin, on aperçoit une barrière de bois… civilisation !! Le soulagement est là… Puis très vite, 4 frontales… les russes qui sont toujours aussi bavards : “cliffs northway” ! Ca tombe bien, on va plein sud et cela finit de nous réconforter. Nous voici repartis à bonne allure, de nouveau sur un sentier avec un discret balisage. Il se met à pleuvoir pile-poil quand le chemin devient de plus en plus scabreux… décidément, ça engage les treks. Puis le chemin se perd, et nous avec, lors de la première traversée de coulée de lave. De jour ça aurait été plus simple, mais c’est le jeu. On est dans un immense champ de pierre de lave noire, couverte de lichen blanc, à perte de vue, de nuit et sous la pluie, c’est ambiance… La coulée est constituée de pierres de tailles variables, du petit caillou au bloc de 40 cm de diamètre, qui roulent, et ultra abrasives = pas facile d’avancer vite là-dedans ! Comme dans la plupart de ces instants critiques nocturnes, on pense à ceux qui guettent notre bulle derrière leur écran et on se motive pour leur montrer qu’on avance, même si c’est lent, toujours en mouvement ! On retrouve une trace le long des falaises, mais (saura-t-on pourquoi un jour ?) d’un coup nos 4 paires d’yeux ne la voient plus. On tente alors une trace qui remonte, puis on se retrouve rapidement sur une grosse piste, qui rejoint la route N2 interdite, quasiment au point de départ. Le moral dans les chaussettes (trempées), la Bim Bim se rassemble en conseil de crise. Faut-il prendre la route pour avancer vers l’AT au plus vite et risquer une pénalité voire une disqualification ? Faut-il faire demi-tour et revenir dormir au sec pour rattaquer cette section de jour ? Faut-il redescendre le long des falaises et trouver cette maudite trace ? La 3ème option est la bonne et c’est celle choisie. On kiffe la persévérance de la Bim Bim Team, à ce moment critique aucun de nous 4 n’a montré de vrai signe de faiblesse 🙂 Etienne prend un gel caféine et repasse devant. La trace à suivre paraît évidente. On progresse vite et bien, jusqu’à… que le gel caféine ne fasse plus effet, ou plutôt jusqu’à ce que les falaises s’interrompent. La trace se perd à nouveau. On se retrouve trop au dessus, dans une coulée de lave. Il faut revenir vers les falaises. On choisit alors l’azimut. Etienne ne dit plus rien et passe devant faire sa propre trace dans la jungle et les ronces. 200m et 30min plus loin, la trace providentielle apparaît à nouveau sous nos pieds. Il ne reste plus qu’à ne plus s’écarter de cette falaise. On croisera un peu plus loin un groupe de pêcheurs (il est 3h du mat’) à qui on demande par où remonter jusqu’à la route (où nous attendent nos vélos car cette fois-ci elle sera autorisée). Information très utile : “y’a plein de chemins qui remontent !” On ne les dérangera pas plus, et on continue notre route, finalement sans trop d’aléa jusqu’aux vélos.

 

Petite transition où on croise l’équipe Aquitaine Safety qui continue à 3, et l’orga nous glisse que les russes sont en train de galérer à ouvrir leur propre chemin le long de la route… Pour avoir testé cette option sur 200m, on leur souhaite bien du courage ! Nos destriers nous ramènent rapidement à la transition (pendant que l’équipe voisine peine à réveiller un de ses coéquipiers, or dormir à vélo sur la route n’est pas très conseillé…), où il faut repartir pour le trek du piton de la Fournaise.

Cette section de coasteering fut anecdotique pour certaines équipes, bien moins pour d’autres !

SECTION E – Trek / 32km / 3 150 m D+ / 900 m D-

On repart très vite de cette transition, sans prendre le temps de dormir… Décision étonnante, on se dit qu’on n’est pas là pour planter de la rhubarbe, que le jour qui se lève va nous requinquer ainsi que tous vos messages que l’orga vient de nous remettre. Ne pas dormir à ce moment-là, LA grosse erreur du Raid. On apprend que les FMR ont abandonné un peu plus tôt un peu plus loin.

Le rythme est bon, Etienne se concentre sur la carte pour la prochaine balise. Mais 20 min après le départ, on tombe sur les suisses qui, exténués et sans eau (il n’y avait pas d’eau à l’AT), font demi-tour après avoir cherché la balise suivante 5h durant (!). Gloups. Nous voici sûrement un peu déstabilisés.  Car s’en suivra 5h (au moins) d’imprécision et d’indécision pour la BBT. Pour mieux verrouiller l’orientation et anticiper cette recherche qui s’annonce difficile, on commence à se poser mille questions à 4 sur les cartes. Il faut trouver l’embouchure d’une ravine à remonter sur quelques centaines de mètres pour trouver la balise. Doit-on se caler par rapport au relief ? par rapport à l’altitude ? par rapport au trait de côte ? par rapport aux montagnes qu’on voit au loin ? par rapport au temps mis jusqu’à présent pour arriver à cet endroit ? par rapport aux autres équipes qui nous rattrapent ? Chacun y va de sa théorie. La trace GPS est sympa à suivre, moins à vivre.

 

On enchaîne les aller-retours sans jamais prendre la décision de s’enfoncer dans la forêt pour trouver cette balise. Les ravines sont très peu marquées, l’altitude du chemin peu fiable. On finit par se décider à remonter la ravine la plus évidente, et on débouche sur la route (interdite), trop en amont. Ça nous permet au moins de se recaler et de se ravitailler en eau. Retour sur le chemin côtier. On remonte un pseudo-vallon puis Maëlle tombe sur la balise. Ouf. Petite pause sur la route pour retrouver nos esprits et notre confiance. Les suisses et les polonais nous ont rattrapés dans la bataille. Les russes et Absolu2 sont repassés devant sans qu’on les aperçoive.

S’il n’y a plus de question à se poser en orientation, la progression n’en est pas plus rapide. Ça grimpe fort. Béa d’Endorphinmag est encore là pour nous encourager au début de la montée. La végétation est de plus en plus dense. Et humide.

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Montée au Piton de la Fournaise

Genre ruisseau de boue. On voulait lire les messages pour mieux faire passer la montée mais ce n’est pas possible techniquement… tant pis, ce sera pour plus tard. Jamais marché dans autant de boue moi, on se fait aspirer les pieds et les bâtons par des flaques de fange. On est trempés. Rémy, en short râle sur ces herbes qui lui lacèrent les tibias, mais serre les dents et attend une relative éclaircie pour enfiler son sur-pantalon (trop précieux d’avoir des habits longs secs pour quand il fait vraiment froid…) J’essaie de trouver ma respiration derrière le rideau de feuilles qu’il faut traverser en permanence, je dois avoir un problème de taille 🙂 . Il faudra attendre 2000m d’altitude et le chemin le long des remparts pour que la végétation laisse la place à un vrai chemin. Un paysage sûrement hors du commun, mais de nuit et dans le brouillard on n’en profite pas vraiment, dommage ! Le chemin s’améliore, donc, mais ce n’est jamais gagné : la nuit tombe rapidement, et Joseph rentre doucement dans un état second. Il dort debout, devient somnambule. Cet état nous le connaissions pour l’avoir tous vécu, mais ça n’avait jamais duré. Là, Joseph ne semble pas décidé à retrouver rapidement ses esprits. Il nous lâche des phrases dénuées de sens, comme “Et si il y a trop d’eau dans ma rivière ?”. Il fait nuit, il fait froid, on voudrait bien tirer jusqu’à la prochaine transition et descendre en altitude. Bref, on ne fait pas les malins. On se relaie pour prendre en charge Joseph mais rien n’y fait. On s’arrêtera 30min sous le bothybag (toile de tente qui forme un abri de secours avec les 4 bonhommes comme piquets très efficace, et plutôt rigolo quand l’un des bonhommes bascule dans son sommeil). Sortir de ce cocon plutôt douillet pour retrouver le froid humide de la nuit est une vraie épreuve. On repart mais Joseph est toujours en transe. Arrêt forcé d’1h30, allongés cette fois. On protège Joseph sous les couvertures de survie. 1h30 de sommeil / attente dans le froid, on a atteint les limites des bivy bags. Réveil horrible dans le froid et l’humidité, frigorifiés ; il faut remettre les chaussettes mouillées et donc glacées, brrr. Joseph a un peu retrouvé ses esprits et on rejoint tant bien que mal l’AT peu avant le lever du jour.

Quand le sommeil tombe comme ça, on ne peut pas y faire grand chose… Au moins, je n’ai pas “mal” vécu cette portion galère comme les autres, si ce n’est que je commençais à trouver mon rêve un peu long ! Le Piton de la Fournaise, pour moi, restera des “flashs de lucidité” au milieu d’un décor lunaire, entrecoupés de souvenirs d’un Rémy obligé de me parler toutes les 2 sec, sans quoi la machine s’arrêtait.

 

SECTION F – VTT (+ trek et grotte) / 51km / 760 m D+  / 2 800 m D-

Démarrage de section un peu binaire : d’une part la fatigue de l’épisode sommeil du piton de la fournaise est encore là, d’autre part, on a potentiellement un bon coup à jouer si on accélère la cadence :

  • démarrer le kayak de mer avant la darkzone,
  • sécuriser notre classement (et surtout éviter ainsi de se retrouver dans un peloton d’équipes sur l’eau),
  • couper la longue section de kayak en deux, 
  • faire la descente du Maïdo de jour.

Il est 4h du matin, l’heure limite pour embarquer sur les kayak est à 15h30. Entre les deux il nous faudra enchaîner VTT, transition VTT-trek, mini trek, transition trek-kayak.

Ça parait très alléchant mais en sommes-nous capables ? Semi décision : on ne traine pas trop, sans se mettre dans le rouge… (pour l’instant…) Y’a pas à dire, une fois sur nos vélos ça va mieux. Pour ma part je pique du nez, ce qui rend cette première partie en descente rapide sur la route hyper dangereuse, j’aime pas ça ! Après quelques minutes de jardinage à chercher une balise dans la nuit, on arrive à la fameuse portion du Parc National où il est interdit de poser les fesses sur sa selle. L’orga bride nos montures en attachant les manivelles (pédales) au cadre. Pas très gênant au début, car même à pied le chemin n’est pas évident. Ça devient rapidement plus frustrant mais il faut rester patient, encore 1300m de déniv à descendre comme ça (quel gâchis !). Petite pause spéléo au milieu, agressive pour nos vêtements dans un tunnel de lave aux rochers acérés. Atypique ! Nous avons une heure pour faire la section, en théorie c’est large donc on a un mini espoir de sieste, mais en fait pour que ce soit large il faut courir donc bon, on mettra une heure…

 

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Puis c’est reparti à pousser le vélo, la motivation de la porte horaire de la darkzone en kayak nous aide à conserver une vitesse intéressante. Le vélo nous permet, même si on ne peut pas monter dessus, de s’appuyer dessus donc limiter l’usure des pieds.

Sortis du Parc National, on peut enfin remonter sur nos vélos. Youhou ! Youhou ! Le chemin se transforme rapidement en piste de galets au fond du lit de la rivière des Remparts. Rendement limité, tantôt sur les galets, tantôt sur du sable. Mais c’est descendant et on a l’impression de plutôt bien s’en sortir, c’est plutôt ludique et l’ambiance est splendide ! Au final c’est plutôt une formalité pour nous, là ou d’autres équipes moins portées sur le VTT ont dû pas mal pester sur les difficultés à garder l’équilibre dans les graviers.

Le soleil brille, le cadre est splendide, tout le monde est réveillé (euh, moi dès que la rivière était terminée et qu’on a basculé sur la route, ça a été sieste permanente à vélo…) Joseph est parmi nous, et ça fait bien plaisir après la nuit passée : feu ! Il nous reste alors deux heures de VTT bien moins ludique, sur piste et route, entre les champs de cannes et les habitations.

 

On croise un paysan en train de faucher son champs de cannes. Etienne prend son temps et sympathise avec le mec. L’autochtone, tout gentil, s’excuse pour la gêne occasionnée, nous offre un petit bout de canne à sucre à mordiller et propose de porter le vélo de Maëlle par dessus les tas de cannes qui encombrent le chemin (pour sûr, ce n’est pas lui qui mettra un #Giletjaune !). Après ce petit interlude, nous sommes prêts à affronter les pentes bétonnées très marquées (dans les 20%, on aura encore plus au Maïdo). Rémy se met dans le rouge en tractant Maëlle. On a l’impression d’avoir un rythme de ouf, de sprinter, impensable en milieu de raid ! Mais l’enjeu est trop important. Fait étonnant : depuis la tombée de la nuit dernière et jusqu’au kayak, j’ai une impression de déjà-vu PERMANENTE. C’est plutôt perturbant.

Arrivés à l’AT, l’orga nous apprend que l’heure limite de départ en kayak a été avancée à 15h. Il est 13h45, meilleur temps de section annoncé en 1h, va pas falloir trainer, ni dans la transition, ni sur le terrain !

à suivre…

Lien vers la 3ème partie.

RIF 2018 – 1ère partie

“La Bim Bim lé là !”

Par la BimBimTeam, avec les commentaires de Maëlle, Rémy, Joseph, Etienne

Nous voilà à nouveau bien installés à 10km d’altitude, volant à près de 1000 km/h. Quel contraste par rapport à ce qu’on vient de vivre durant une semaine, grappillant le dénivelé mètre après mètre, à une ridicule allure moyenne de 2.68 km/h. Les yeux n’ont pas de mal à se fermer, et l’esprit prend enfin le temps de digérer ce qu’on vient de vivre. Je ne sais plus si l’aventure a commencé mercredi dernier une fois lâchés dans la jungle au dessus d’Hell-Bourg, ou il y a 15 jours en chargeant les caisses à vélo et les valises qui explosent sous leur poids dans le TGV-Air, ou même il y a 9 mois quand on prend l’étrange décision de s’inscrire au RIF 2018 – destination la Réunion ! Ce qui est sûr, c’est qu’on vient de vivre une aventure extraordinaire. Alors merci à tous ceux qui nous ont permis de faire ça, merci pour votre aide et vos soutiens ! Et merci à la famille du Raid In France pour cette organisation exceptionnelle !

DépartVoyagepréparation course

Nous voilà donc partis, quittant la métropole, chargés chacun d’une caisse à vélo de 20 kg et d’au moins une valise de 25kg, et un sac cabine ++, soit 2 packrafts, 1 pompe, 5 pagaies, 4 vélos, 1 pneu de rechange, 56 sachets repas, 3kg de graines, 1kg de bonbons, 1 paquet de vêtements techniques, 1 maillot de bain chacun et j’en passe…

Dès la gare Part Dieu, on est accueillis par Jean-Michel, bénévole qui passera un bon bout de cette aventure avec nous, puis rapidement entourés de nombreux autres bénévoles (dont Béatrice de la food team – on en reparlera 😉 ) et d’autres équipes, belle ambiance ! A Paris, on retrouve Jean-Luc, le papa de Rémy, qui sera notre précieux assistant/reporter/HATF (Homme À Tout Faire) durant ces 2 semaines. C’est un peu la bataille pour le TGV (il faut imaginer 5 équipes donc 20 caisses à vélos hors gabarit à charger dans un train de voyageur pendant les 2 minutes d’arrêt) ; puis l’enregistrement des bagages pour l’avion se passe étrangement bien (merci l’indulgence de nos interlocuteurs d’Air Austral à la pesée !).

Dans l’avion, Etienne Joseph et Maëlle sont assis juste derrière Gilles Lelièvre, star incontournable du canoë français, ancien raideur de haut niveau, bénévole traceur sur ce RIF, et surtout un sourire permanent et une gentillesse incroyable, on se croisera souvent lors de ce RIF et ce sera toujours un bon boost pour le moral ! On discute donc RIF et kayak, et on comprend tout de suite qu’on ne sera pas déçus sur les sections aquatiques… et que ça promet d’être sportif ! Rémy est quant à lui à côté de Jean-Michel ; donc on est bien entourés…

On se retrouve très vite à St Denis de la Réunion, accueillis par les bénévoles du RIF qui nous prennent en charge pour nous amener au camp de base à St Gilles. Grosse efficacité de l’orga, à peine sortis de l’avion on est déjà assis dans un bus, les vélos chargés dans un camion. Une fois arrivés Maëlle et Rémy insistent pour valider au plus vite les vérifications techniques (matériel, cordes, médecin etc.). Ils ont raison, ça nous permet d’être plus sereins tout de suite pour préparer la nourriture et profiter de la plage d’ici le briefing mardi soir. Les vérifs matos sont fastidieuses, mais finalement validées malgré un gros moment de doute sur nos bivy bag (sac de couchage de survie) achetés pour l’occasion. Ils sont en effet fort légers, mais répondent pile poil aux spécifications de la liste matos obligatoire (après vérification internet…). Le test cordes est une formalité de notre côté, et le check pharmacie nous permet de rencontrer Lise, la jeune médecin qu’on recroisera le long du parcours.

Le climat est ma foi bien agréable ici 🙂 Les nuages s’accrochent rapidement aux montagnes, mais le soleil et la douceur sont bien appréciés au camp de base. Dommage qu’il faille attendre encore quelques jours avant de goûter au Ti-punch 😉 En attendant on met en place une routine lever, baignade, ptit dej, prépa course, sieste. Sympa ! On reçoit même la visite de Corentin, ami et collègue en vacances sur place, qui nous briefe sur les conditions des chemins en montagne.

 

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Grosse étape de la préparation : compléter notre nourriture pour le raid, alors on part faire des courses au Score (le supermarché local, dont le nom a sûrement été créé par un orienteur). On croise de nombreuses équipes qui font de même, l’occasion de faire de l’espionnage industriel sur ce qui nourrit les concurrents (dont les néo-zélandais !). C’est souvent sans surprise, coca, chips, gâteaux. Comme prévu la Réunion offre tout ce qu’on peut trouver en métropole, crème de marron, pom’potes…etc. Mais en terme de budget, on a quand même très bien fait de ramener 80% de notre nourriture (sachets bio de riz/ravioli/boulgour, graines, barres).

Un petit tour de vélo pour aller saluer nos amis de Roc Mecojit (merci encore pour les sachets sous vide !), on croise au passage les FMR qui rentrent d’un tour de VTT, laissant sur la route des traînées de liquide anticrevaison… ça nous effraie un peu et on file à St-Gilles  acheter une chambre à air de plus et remettre du préventif dans les pneus.

Mardi 18h : briefing. La BimBim est stratégiquement placée derrière Avaya (ndlr : les favoris néo-zélandais), pas pour écouter leur stratégie, mais plutôt pour échapper au soleil de plomb qui assomme l’assemblée. Ça a l’air plutôt pénible d’être un favori car ils ont des objectifs braqués en permanence sur eux.

On découvre un parcours qui devrait tenir toutes ses promesses. Notamment un premier trek de 2 jours / 110km, annoncé en 40-60h, lors duquel il faudra préserver ses pieds. On a du mal à concevoir cette distance et cette durée pour la première section (il y a 2 semaines sur le Trail Bourbon, Corentin a mis seulement 20h pour parcourir cette distance…). Mais une fois derrière nous le reste du parcours devrait plutôt nous convenir avec notamment la confirmation d’une descente finale du Maïdo en VTT (on n’allait quand même pas manquer ça !).

On se dépêche de rentrer à la tente finir les préparatifs et se reposer. Il faudra tout donner à l’organisation demain 11h.

Mercredi matin : c’est l’effervescence au camp de base. Il faut tout répartir, nourriture, vêtements de rechange, matériel technique, etc… dans 3 caisses qu’on retrouvera à différents points de parcours. On est large sur le poids, on retourne au supermarché acheter quelques goodies de plus. Une fois les caisses pesées et confiées à l’orga, direction les bus qui nous emmènent fissa à Hell-Bourg, lieu du grand départ. C’est aussi à ce moment que Jean-Luc troque sa casquette d’assistant logistique pour celle de bénévole de l’organisation.

Bilan : cette phase de préparation s’est déroulée de façon très sereine ! On avait anticipé pas mal de choses, ce qui nous a permis de ne jamais être dans le rush, et de profiter un minimum du camping et de la plage. Quelle différence par rapport à la panique du RIF 2012, on était si jeunes 🙂

Prologue

Étrange silence dans le bus, où à mesure qu’on s’enfonce dans le cirque de Salazie chacun observe béat les parois végétales verticales dont on aperçoit à peine le sommet et les cascades qui jaillissent au fond des vallons. L’atmosphère se réchauffe à la sortie du bus, où Lucille nous accueille pour l’épreuve du “kours la rou”. Première épreuve de ce raid, un relais dans les rues du village où nous devrons pousser un pneu de voiture avec des bâtons. Les enfants ont décoré leur roue de plein de couleurs, et ils nous amènent parader dans les rues, chacun derrière le drapeau national de l’équipe. On prépare la course : Lucille nous explique la technique dite de Mayotte, où les bâtons sont tenus au creux du pneu par un fond de bouteille en plastique. Ca aide dans les virages, et le coefficient de frottement des bâtons dans le pneu est amélioré, d’autant plus qu’on ajoute un peu de liquide vaisselle. Bref : on est confiants 🙂 Mais le jury est sévère et invalide cette technique. Tant pis. Etienne se lance à fond sur son relai, passe la roue à Maëlle qu’il réussit difficilement à suivre. Rémy enchaîne avec une section technique comportant une série d’escaliers qu’il avale facilement avec une technique de blocage / relâche mûrie suite à l’observation des équipes précédentes. Reste un virage à négocier pour Joseph et le sprint final pour Lucille. La BimBim peine à suivre sa jeune recrue ! D’abord annoncés 5ème, le résultats sont corrigés pour nous monter à la 3ème place ! La BimBim lé la ! Béatrice la bénévole vient me voir : “Je vous préviens, je vais vous suivre et je serai là à l’arrivée, alors tu dis à tes gars, quand vous êtes fatigués, faut continuer !!”

 

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Repas du soir fourni par l’orga, spécialités locales poulet boucané / gâteau patates, on se régale, puis courte nuit en commun dans un gymnase (du style : pas facile de trouver le sommeil alors qu’à côté ils ronflent !).

SECTION A – Trek / 106 km / 7 620m D+ / 8 140 m D-

Finir 3ème du prologue implique certaines responsabilités : partir en 3ème position, 30sec. derrière les 2èmes, 1min après les 1ers. Ca râle un peu chez les favoris car certains partiront plus de 20min derrière…  la voix de Pascal Bahuaud tonne : “Equipe 35 – Bim Bim Team”

6:01:30 – 3,2,1 c’est parti ! A grandes foulées pour la photo, on s’élance chercher les cartes un peu plus loin. On prend notre temps, 2 minutes pour partir dans la bonne direction. On part à bon rythme, direction un canyon sauvage (ouvert au coupe-coupe par l’organisation), c’est la jungle : Bienvenue au RIF !

 

Alors qu’on suivait un groupe de plusieurs équipes (dont DSN74 HOKA) Etienne choisit une alternative pour trouver l’entrée du canyon, rejoindre un col évident devrait nous mettre à l’aplomb du vallon à rejoindre. Manque de bol, ça passe moins facilement, on se retrouve face à la réputation de la Réunion : la végétation est infranchissable si on ne choisit pas l’itinéraire optimal. On perd quelques minutes pour trouver une passe, juste de quoi se retrouver derrière pas mal d’équipes et bouchonner un peu plus longtemps aux rappels… La route est longue, cela nous permet de poser le rythme.

Pour se remettre dans l’ambiance : on est en train de progresser dans une jungle épaisse, des feuilles type bananiers énormes, et l’itinéraire est entrecoupé de quelques jolis rappels avec arrivée pieds dans l’eau.

On se remet en marche pour rejoindre Aurère (en temps et en heure) et le cirque de Mafate. On marche un peu le temps que les chaussures sèchent un minimum, puis changement de chaussettes avec première d’une des nombreuses pauses Nok (crème anti-frottement). Lozère Team2Raid et Transdev nous doublent. C’est sympa de faire quelques kilomètres avec une top team comme Lozère. On s’accroche sans s’accrocher, le rythme est déjà bon. Les sentiers sont superbes, les points de vue exceptionnels. Dommage que quelques nuages couvrent déjà les hauteurs. Après le CP d’Aurère, le prochain point de passage obligé est le col du Taïbit, soit plus de 7h de marche plus loin. Deux options sont possibles, par le haut et la rive droite ou par le bas et la rive gauche. On prendra la 2ème option, difficile de dire même à posteriori quelle était la meilleure, les équipes se répartissant sur les deux itinéraires. Dans tous les cas, notre option est jolie, et le rythme reste bon. On croise quelques équipes avec des états de formes variables : Agde (en difficulté, ils abandonneront bientôt), l’équipe familiale d’Outdoor de Coeur, les Polonais… On recroise une dernière fois Lozère qui se sont remis pour de bon. “Allez, donnez tout, on veut plus vous voir !”. On ne les reverra plus, ils termineront à une belle 6ème place. On prend fréquemment le temps de bichonner les pieds, de manger, rien ne presse pour cette première étape qui ne fait que commencer.

 

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La nuit venue, on s’arrête quelques instants au gîte de Marla, très bien accueillis par le tenancier qui nous offre les reste de pain (trop bon 🙂 car on commence déjà à saturer des sachets ou des graines ce qu’on a amenés… (perso j’ai kiffé les graines tout le long du raid 🙂 ). Après une descente vertigineuse en long enchaînement de hautes marches qui passe plutôt bien, Etienne demande ensuite à s’arrêter 2h au CP3, prendre des premières heures de repos avec l’espoir que son estomac se remette d’aplomb. Le repos n’est pas d’une grande qualité (surtout pour Joseph, point qui aura son importance un peu plus tard), il fait froid, humide, et on n’aura que des rochers en guise de matelas. Mais le jour qui pointe son nez va nous revigorer.

L’orga nous propose un rappel en fil d’araignée magnifique, 80m les pieds dans le vide avec arrivée dans la rivière. Plouf, il est 5:00 du mat, on est trempés. Ha oui c’est vrai, j’avais oublié qu’au RIF dans les sections de trek y a souvent de la natation... On suit le lit de la rivière pour sortir, et là on se retourne pour voir d’où l’on vient… pause… la rivière chemine au pied de ce canyon aux falaises marbrées… paysage qui marque…

 

L’esprit RIF est bien là ! Direction le CP4 à Cilaos, timing parfait pour profiter de l’ouverture de la boulangerie. On croise des têtes connues, les TUC, Nantes et Arverne… Et on enchaine ensuite sur la montée la plus raide du monde (apparemment faite en descente à la Diagonale des fous) ! Malheureusement, le timing bon pour la boulange n’est pas bon pour le paysage. On se retrouve dans les nuages à l’approche du sommet du Piton des Neiges. On laisse les sandwichs achetés à Cilaos au refuge avant l’aller-retour au sommet. Fin d’ascension difficile pour moi, instants de doute sur cette épreuve dantesque, il reste tant à parcourir ! et comment vont survivre nos pieds et muscles à cette descente sans fin qui s’annonce ?

Toutefois, au sommet, vers 13h, c’est quand même un beau jalon qui est franchi. 3000m d’altitude, presque tout le dénivelé positif (7500m !) de cette section est avalé. On est accueilli par la journaliste d’Expedition Africa dont l’enthousiasme fait chaud au cœur, et on est rejoint par les jeunes equatoriens de Movistar.

A notre retour, les sandwiches réservés pour cet instant ont disparus ! Coup dur pour la Bim Bim. Ça a l’air plutôt accessoire, mais il faut se remettre dans le contexte : de la nourriture fraîche qu’on s’est fait miroiter pendant tout l’aller-retour au Piton qui disparaît, ça met un bon coup au moral ! Rémy interroge tous les passants, le gardien du gîte et le bénévole du CP, quand Etienne fouille la poubelle et les retrouve (intacts) tout au fond…  On peut repartir, l’estomac satisfait, pour la descente vers la forêt de Bélouve (on note au passage la siouxitude de l’orga qui ne fait pas juxtaposer les cartes 1 et 2…). Le chemin est technique, mais la BimBim lé la. La descente dans les gros cailloux puis des passerelles en bois devient même très ludique ! Petit détour par le gîte de Bélouve pour ravitailler en eau. C’est bien calé ici, on serait bien resté boire une dodo en terrasse et passer la nuit !

 

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Puis la nuit approchant, on se lance dans la montée verticale vers la plaine des Lianes : un enchaînement d’échelles et de crapahute en s’accrochant aux racines. Jamais vu un truc en forêt aussi raide moi, on se sert littéralement des racines comme d’échelon. Un genre de via xylota. Ca nous plait ! S’ensuit un cheminement dans la végétation tropicale dense, ce qui nous maintient mouillés mais éveillés. Franchement ce passage est hyper relou, et loooong (moi j’aime bien) : forêt primaire, on enjambe un arbre en travers, on passe sous un arbre en travers, on se prend une branche dans la tête, on glisse dans la boue, on se prend une branche dans les côtes…etc. Après environ 6h de progression laborieuse, on débouche sur une piste. “Gite de Bélouve 11h” indique le panneau en sens inverse. Ce petit bout de piste nous assoupit et nous vaut un petit aller-retour bonus, puis c’est l’arrivée à l’AT1 au milieu des champs de cannes. Etienne peste car l’AT est au milieu d’une propriété privée qu’on n’ose pas traverser de nuit… On finit par apercevoir la tente bénévole providentielle, alors que les premières équipes repartent groupées pour la section packraft suivante (certaines sont là depuis plus de 7h…). La Bim Bim n’enchaîne pas et profitera sagement de 3h de sommeil, non sans avoir fait la transition (préparation des affaires de rivière) avec une lucidité très perfectible. On a une belle marge de progression sur nos transitions !

Il est 2h du mat’, deuxième nuit sur le RIF, une énorme étape est validée, plus de 100km de trek DUR, les pieds, les cuisses et le mental sont bien entamés. On n’exulte pas : il reste du chemin !

SECTION B – Packraft (+ cordes) / 45km / 710 m D+ / 1 370 m D-

Réveil par une fine pluie. On s’équipe rapidos et on se dirige vers les rappels qui nous mèneront au départ Packraft. Le rappel arrive (encore une fois) au milieu d’une vasque où il faudra nager : réveil efficace ! On retrouve Movistar et Arverne. Ça papote à l’avant, on loupe l’embarcadère ce qui nous vaut un petit A/R gratuit… Les équipes rivalisent au gonflage PackRaft. Arverne gonfle au sac, nous à la pompe. Timing équivalent mais notre choix ne sollicite qu’une personne (ils sont au moins 2 à gonfler chez Arverne), ce qui laisse le temps aux autres de se préparer en étant moins pressés. On embarque en même temps sur la Rivière du Mât que le manque d’eau rend complexe à naviguer, mais tout à fait ludique ! Je me régale sur cette section, et quand il n’y a pas assez d’eau je passe les rapides toute seule à bord, pratique…  Il faut souvent descendre, pousser, porter… Le packraft en prend un coup et on déplore une ouverture dans un boudin et des petits trous dans le fond. Pas de panique, on sort notre scotch T-Rex, le 1er collage ne sera pas le bon mais on ne s’en sortira pas si mal. On se rapproche tout de même assez vite de la mer, en croisant les pêcheurs de Bichique (“kaviar local” qu’ils nous disent).

 

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Petite pause sous le zénith le temps de dégonfler et préparer les pieds à la marche. On trouve quelques samoussas pour le pique-nique et alors que Maëlle tchatche avec Béa d’Endorphinmag, les gars regonflent les Packrafts pour remonter la rivière des Roches. On a peur d’une partie galère mais finalement c’est assez judicieux, avec des bonnes portions Pack (portage par delà les rapides sur les cailloux glissants (merci les gars pour le portage !) et Raft (pagayer sur les zones d’eau calme, dans lesquelles on croisera plusieurs personnes avec masque et tuba, en mode pêche). Tout ça débouche sur la cascade de la Paix… pause… majestueux ! La rivière a dessiné dans la roche une large anse et s’écoule dans un impressionnant rideau d’eau… (comment ça j’aime bien les rivières ?), où les touristes s’amusent à discuter avec nous tandis qu’on plie les affaires et prépare les pieds pour une bonne promenade.

Raconté comme ça on dirait que c’était les vacances, mais moi elle m’a un peu rincé cette section, sauter de caillou en caillou c’est rigolo, mais en portant un raft c’est pas la même. En plus au moment de déballer les affaires, je m’aperçois avec effroi que ma micro-doudoune (élément clé pour une bonne nuit dans le froid) a pris l’eau : elle devient un véritable poids mort inutile.

 

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Le début de la partie trek suit la rivière et laisse de bons points de vue sur les cascades et vastes bassines qui s’enchaînent. Etienne tente une trace raide++++ qui remonte sur le plateau d’Abondance. Sans en faire tout un fromage, on poursuit dans la bonne direction, sans être toujours très bien calés. La nuit n’aide pas à confirmer la position. Un journaliste en profite pour nous filmer alors qu’on croise les russes en sens inverse (et plutôt renfrognés). Moment de doute ? Sans plus, la balise se confirme juste un peu plus loin. En revanche, le RoadBook conseille de trouver un “wild track” qui rejoint la D53 plus au sud. Après 1h de jardinage, on se résout à faire le tour (comme les russes 1h30 plus tôt). A notre tour de croiser les équipes suivantes (Arverne et Absolu2 notamment) et de leur souhaiter bon courage…

Remontée sur la route. C’est pas bien marrant mais on peut manger, s’arrêter prendre de l’eau et des bananes chez l’habitant. A noter : nos sacs sont LOURDS. Bateaux, pagaies, pompe, baudriers & ferraille, nourriture en trop grande quantité, affaires mouillées. On approche des 15kg…

On arrive seuls au CP9, vers minuit, prenant nos aises et 4h de repos sous un kiosque. Le timing est respecté, nous savions que nous aurions à nous arrêter là en attendant le jour suivant pour se lancer dans la navigation suivante (interdite de nuit). Pour ma part je trouve le temps long : il fait trop froid (ma doudoune 😦 ), le sol est trop dur, je me repose 2 bonnes heures mais le reste n’est qu’un genre d’attente grelottante peu agréable.

Peu avant le lever du soleil, on émerge pour plonger sur la rivière des Marsouins, dans les gorges de Takamaka. La descente à pied est belle, raide et engagée. La pluie rajoute de l’ambiance. On s’accroche aux cordes à nœuds, sécurisant la chute de temps en temps avec nos longes. C’est vertigineux et tropical. On n’est pas déçu ! Les guides nous accueillent dans un rappel final avec humour et bonne humeur. Ils sont trop cools et n’ont pas une vie facile non plus, à poireauter pendant des jours entiers dans ces vasques humides au possible ! On serait bien descendus direct par la cascade, mais le guide nous explique qu’il aurait fallu enchainer 5 ou 6 rappels… Nous revoilà sur nos packrafts. La rivière est belle, l’ambiance dans les gorges superbe. Les rapides de classe 3 s’enchainent bien, impressionnant ! La navigation est toutefois plus technique et sportive. Et les bateaux se font remuer d’une force ! Robustes quand même ces ptits packrafts. On est alors content d’avoir nos écopes car on remplit les bateaux à chaque rapide.

 

On double les suisses sans les voir (ils auraient crevé un bateau et terminé à pied). La fin de la section est plus pénible avec pas assez d’eau pour progresser de façon fluide. Jean-Luc, qui aura passé 4 jours à la TA2 au titre de l’organisation, nous accueille à l’embouchure puis c’est la transition. On prend le temps de recharger les batteries (au propre comme au figuré), de tracer la carte de la section suivante, puis c’est reparti ! Balles neuves, on enfile une tenue toute propre (et sèche !) pour faire du vélo. On remplit nos estomacs avec tout ce qui traine dans nos caisses d’assistance : Pringles, coca, eau pétillantes, vache qui rit, rillettes de saumon.

 

Et tiens, on n’aurait pas déjà fait la moitié du déniv de la course ? c’est bon ça !

à suivre…

Lien vers la deuxième partie.

Raid In France 2018 – Les tops et les flops !

Le 14 novembre, Maëlle, Etienne, Joseph et Rémy, AKA la Bim Bim Team Raid, bouclaient les 420km et 16000m de déniv du Raid in France à la Réunion.

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Voir le parcours ici pour ceux qui n’ont rien suivi sur Facebook : http://live.arworldseries.com/arwc18/

En attendant notre récit exhaustif qu’on est en train de peaufiner, on vous propose une petite mise en bouche avec les tops et les flops de notre périple !

 

Top 3 des meilleurs repas (on commence par le plus important) :

  • Les pâtisseries et sandwiches de la boulange de Cilaos.
  • Les samoussas de Bras Panon.
  • Lentilles / thon à l’huile, combinaison découverte bien trop tard dans le raid !
  • Le cari Ti’jacque boucané à l’Hermitage (comment ça ça fait 4 ?)

 

Top 3 des meilleurs trucs à grignoter en route :

  • Le nougat aptonia
  • Les gateaux apéro
  • Les dragibus

 

Top 5 des meilleurs instants :

  • Les paysages de la première journée dans Mafate, quand il faisait beau et qu’on y voyait quelque chose.
  • Le rappel de 80m en fil d’araignée dans la cathédrale au lever du jour.
  • Les premiers coups de pagaie dans la rivière du mât après 2 jours de trek intenses.
  • L’arrivée à l’embarcation du kayak de mer, à 14h45, dans les temps pour la porte horaire, après une journée entière de “sprint”.
  • La descente vélo du Maïdooooo !

 

Flop 3 des pires instants :

  • Perdre 5h à chercher la balise de la ravine Takamaka.
  • La nuit – le réveil ! – dans la plaines des sables avec un Joseph somnambule et un froid mordant.
  • les derniers tours de pédales dans les plantations, à jongler entre propriétés privées, chemins pénibles et envie d’en finir.

 

Top 3 des autochtones rencontrés :

  • Les gens sur la montée au CP9 qui nous ont offert eau et bananes.
  • Le paysan qui venait de couper son champ de canne, qui nous en offre un bout à sucer et qui porte le vélo de Maëlle.
  • Johnny-les-bons-tuyaux-et-les-sandwiches-au-beurre et ses indications sur le chemin côtier. 

 

Flop 4 du matos useless :

  • L’anti-moustique : au final on en a mis 2-3 fois puis on a fait l’impasse.
  • Les sachets “Bjorg” – une consommation moitié inférieure aux prévisions, Rémy et Jean-Luc en ont mangé tout le reste du séjour après le raid !
  • La chambre à air supplémentaire rachetée en dernière minute et toute la trousse de répa vélo : environ zéro tuile mécanique !
  • Les combis néoprène qu’on a porté tout le raid. Trop les vacances, on est resté en short tout le long.

 

Top 3 du matos usefull :

  • La crème nok anti-frottement. On s’en est très bien sorti au niveau de nos pieds 🙂
  • Les vêtements longs (au sens jambes longues = protection végétation et soleil…)
  • L’écope en packraft
  • Les bivy bag et le bothy ! légers & efficaces…