Sud Raid 2025

Les photos sont de l’orga (merci, elles sont splendides !), ou de nous !

Conquis par l’édition 2023, nous avions signé de nouveau pour 2025, mais avec une équipe recomposée et inédite : Après le Sud Raid 2023, nous avions couru sur des raids de 24h le LSN en Lozère et le LAR dans la Loire avec Etienne, Joseph, Damien et Maëlle mais Etienne avait de nouveau été malade donc n’a pas voulu retenter, et c’est Fab qui le remplace pour l’occasion. Côté Maëlle, pour changer, beaucoup de doutes en amont de la course, avec un entraînement qui reste limité, une charge côté pro un peu trop dense, et c’est dur de laisser Etienne et les filles partir en montagne pendant ce temps-là. Mais bon l’expérience s’annonce sympa, entre ce raid très réputé pour son parcours à la fois sublime et ultra-technique et la composition de notre équipe, au top : Joseph qui atteint le haut niveau en orientation et roule comme une fusée, Dams qui sort de la French Divide avec une super perf, Fab qui enchaîne les trails (et les triathlons mais bon ça on n’assume pas trop), et surtout une bonne bande de potes ! 

Cette année, rendez-vous à Gap le samedi après-midi sur le lieu d’arrivée de la course, départ inconnu.

Préparation en avant course plutôt efficace, on commence à avoir l’habitude, et Etienne n’est pas loin avec les filles pour nous filer un coup de main. On est content de retrouver tous les copains, les gones Clem Guigui Gillou et Goud, Les jeux de Mollets Lola Alaïs Mat et Emile et tous les autres, DSN, LSN, XTTR63, FMR, Absolu, Ligéraid & co au départ.

Petite pause dimanche matin dans la préparation des caisses matos pour…

Petit prologue de 2h dimanche matin, que courent également Etienne, Zélie et Charlotte, avec un déroulé ludique, le tout en contre la montre : c’est aussi une des marques de fabrique du Sud Raid, pas de départ en masse et on valide !! 

Départ en golf (oui oui), puis VTT, les garçons partent à fond et Maëlle peine à suivre, mais derrière c’est plutôt descendant. Pause course d’orientation dans la forêt en ordre libre, on croise les filles et Etienne c’est rigolo, ça déroule, on n’a qu’un doigt électronique pour pointer donc c’est Fabien qui s’y colle pour tout le prologue. En fin de section, une balise est positionnée au bout d’une île, de l’autre côté d’un petit canal. On se dit qu’on peut gagner au moins 3 secondes donc Fabien se jette à l’eau pour aller pointer la balise… sauf que le sol est de type vaseux, donc il se retrouve couché dans l’eau jusqu’au cou. Bon nous on rigole bien, et lui aussi tout en se disant que son téléphone risque de moins avoir apprécié la manœuvre… On enchaîne sur une belle descente VTT, puis en arrêt chrono on rejoint le centre-ville de Gap. Fab veut alors regarder l’état de son téléphone et se rend compte qu’il n’est plus là… donc 2 options : soit il est tombé dans l’eau lors de sa cascade aquatique, soit avant et avec un peu / beaucoup de chance quelqu’un l’aura retrouvé. Ou sinon on est bon pour refaire le parcours en fin de journée les yeux rivés au sol (téléphone en mode silence bien entendu).

On ne peut pas y faire grand chose pour l’instant donc on suit le mouvement, pour une nouvelle section inédite : après le golf, le curling ! On croise en route Erik à qui l’on demande de faire passer le mot pour la perte de notre téléphone, puis on retrouve dans la file d’attente tous les copains, et Etienne et les filles et Fabien tente d’appeler son opérateur téléphonique pour géolocaliser son appareil, mais sans succès. Curling sur la glace comme des pros avec les balais et tout (bon il nous manque un peu de pratique 😅) et good news à la sortie, l’équipe des Américains a ramassé le tel de Fabien dans une descente VTT ! On leur doit une fière chandelle, soit une bonne tournée de bières, mais qui attendra la fin du raid, à l’arrivée…

Puis petite CO urbaine pour finaliser le prologue, en passant dans des anciens bâtiments de la ville où l’on recroise la bimbim family, c’est ambiance et encore une fois très ludique, et le centre-ville vraiment très chouette, ça donne envie de s’y poser ! On termine le prologue en 4e position, ce qui nous donne notre ordre de départ du lendemain, plutôt confort car cela nous évitera de partir dans le rush. L’orga nous remet alors dans une enveloppe un code mystérieux, 021, qui aura son importance pour la suite…

Départ le lundi matin, rendez-vous à 5h du matin dans Gap pour monter dans le bus, destination surprise. Petite sieste, on se réveille vers l’Argentière la Bessée, et on poursuit jusqu’à Vallouise.

Sortie du bus, puis embarquement 9h15 pour 2 télésièges d’affilée et prendre ainsi gratuitement beaucoup de D+. On se dit que ceux qui suivent nos trackers GPS doivent halluciner derrière leurs écrans de notre vitesse ascensionnelle et de son uniformité ! Fabien en préparateur mental nous fait profiter de cet instant tous les 4 pour partager nos envies, nos objectifs de course : garder le rythme jusqu’au bout, rigoler, et si tout va bien, cela devrait nous permettre d’accrocher le top 5, ce qui ne sera pas une mince affaire vu le tableau des équipes en présence.

En haut du 2e télésiège, l’orga est au taquet, musique au maximum pour une ambiance au top, on nous remet les cartes au débarquement, c’est parti !!…

… Parti pour un beau trek montagne, l’une des 3 longues sections du raid. Patrice nous avait dit au briefing que l’on aurait des chemins jusqu’à la balise 2 et qu’après c’était fini. Mais bon quand on aime on ne compte pas donc on part direct à la sortie du télésiège en mode sanglier au plus court, juste derrière les copains de LSN. Quelques questions existentielles à l’approche de la balise 1, indiquée coude sentier mais au final cachée dans une ruine, puis globalement on redescend tout le dénivelé pris en télésièges avant de remonter à dré sur le versant en face. On quitte comme prévu les chemins, à la balise 2 dans une belle zone rocheuse, l’équipe absolu nous double, on poursuit à notre rythme, c’est splendide. A la balise 4 on croise les FMR, LSN et XTTR63 qui avaient un peu galéré sur la 1ère balise. On repart de notre côté avec les FMR, poursuivant notre ascension et on sort des zones boisées. Arrivés à la balise 5, casque obligatoire, on remonte un pierrier bien raide qui parpine de partout, on poursuit notre cheminement, souvent à flanc en montant en mode dahu dans les pierriers, cherchant la meilleure trace. On se retrouve proche d’une zone interdite par l’organisation,  probablement pour raisons environnementales ou pâturage. La carte indique de passer dans une zone “parenthèses” mais c’est dangereux pour nous de les rejoindre sauf à faire un grand demi-tour, on s’en rapproche alors tout en évitant au mieux la zone interdite pour limiter le risque de pénalités, d’autres équipes la traversent en plein milieu. L’ascension se poursuit, il fait chaud et l’estomac de Damien n’est pas d’accord… cela ne l’inquiète pas trop car les 1ères 24h sont souvent difficiles mais après le corps se remet toujours ! Patience donc… Nous poursuivons et après le col de la balise suivante qui nous amène dans une belle vallée sauvage, nous retrouvons un bon paquet d’équipes, prenons le temps de bichonner nos pieds qui chauffent déjà bien et dans la redescente. C’est le soulagement de trouver de l’eau dans le ruisseau car les réserves s’épuisaient. Poursuite dans ce beau vallon avant de basculer sur la station de Serre-Chevalier, environnement qui devient très minéral. On fait le choix de recharger avec les gourdes filtrantes dans une retenue collinaire (Mode question existentielle : “Tu préfères… ne plus avoir d’eau ou boire de l’eau douteuse ?”). Nous rejoignons un grand nombre d’équipes à l’arrêt chrono de 2h de la via ferrata, ce qui doit nous placer à la 10-12e position. Nous choisissons de nous engager tout de suite dans la via, préférant garder le temps de pause après la section cordes. La Via nous amène au sommet à un panorama 360° sur les Ecrins et ses glaciers, pas loin des 3 000 m d’altitude, c’est splendide ! Comme il parait que le chrono tourne, nous terminons le passage en cordes. Joseph et Damien profitent de la demi heure résiduelle de l’arrêt chrono pour tenter de dormir et requinquer l’estomac de Damien. Pendant ce temps, Fabien et Maëlle dressent les plans pour la suite : Ce serait bien de se décrocher du paquet d’équipes dans lequel on est avant la section suivante en VTT, pour rouler plus sereinement… “the church” comme nous répètera Fab pour la suite du raid 😉

Allé le chrono repart et cette fois-ci on accélère. Dernier sommet au Rochet de l’Yret et on attaque la longue descente vers l’AT. ça déroule, les Chauds Patates nous mettent la pression, nous doublant au taquet sur la fin de la descente. On poursuit à notre rythme, profitant de la piste pour manger et préparer la transition suivante… 

Arrivé à l’AT, Maëlle va voir l’orga et explique notre inquiétude sur la zone interdite que l’on a évitée, c’est fait, on peut passer à la suite…

Transition express, l’estomac de Damien n’est toujours pas au top mais le moral est bon ! On repart en ayant doublé au moins 3 équipes qui étaient arrivées avant nous à l’AT, ça nous requinque. Début en descente, ça envoie… mais un peu trop, Fabien crève 10 min après le début de la section.

On trouve le trou, enfile une mèche dans le pneu et c’est reparti. Entre temps on s’est fait redoubler par deux équipes, l’équipe LTR 400 team Bol d’Air et les chauds patates. On recolle et redouble à la fin de la descente les chauds patates, mais Fabien est de nouveau à plat. On tente de simplement regonfler, et cette fois-ci c’est la bonne. Joli sentier en balcon technique qui surplombe la rivière, on se régale. Peu après ce sont les LTR qui sont sur le bas côté avec une crevaison. Puis démarrage de la longue montée, en sentier puis en route, Damien tient le coup même si ce n’est pas facile, il nous impressionne. Les chauds patates sont par là et ont aussi quelques soucis mécaniques. On finit par passer devant, et on croise un troupeau et son berger qui nous avertit qu’un de ses patous est parti dans la pampa en suivant une autre équipe. A la tombée de la nuit nous arrivons au col en même temps que les LTR qui nous ont remontés, heureusement pas de trace du patou en perdition. On bascule sur la descente en 1er et à partir de ce moment, on sera tout seul jusqu’à la fin de la section. Plutôt roulant et ludique, alternant sentiers de montagne, piste de DH et sentier joueur le long du canal, on profite, c’est beau !

Arrivée à l’AT2, ça commence à aller mieux, on s’engage sur cette section qui s’annonce stratégique avec près de 20 balises techniques, progression quasi tout en hors sentier et intégralement de nuit, orientation sur carte en format IOF, Joseph est tout impatient !

On part rapidement dans la nuit noire, un peu trop rapidement car Maëlle et Fabien oublient d’enfiler le pantalon de CO. A la 1ère balise (n°22) Joseph leur laisse 50 secondes pour l’enfiler, heureusement on est bien plus rapide car il part au bout de 20 ! On tombe sur les XTTR à la balise 23, chacun choisit son chemin pour la suite, la 24 se passe sans encombre et nous rejoignons le secteur de la 25, LA balise annoncée la plus difficile par l’orga (“entrée de grotte entre deux rochers”, située dans un vaste chaos rocheux). Opération quadrillage méthodique et on trouve la fameuse balise rapidement. Poursuite de notre chemin à travers la forêt, on croise un petit daim qui nous regarde sans bouger dans le noir, instant suspendu, puis on bascule sur une zone plus ouverte. L’orientation est menée d’une main de maître par Jospeh. Mais petit à petit notre rythme baisse et on fait des erreurs. Nous choisissons alors de faire une pause avec 40 min de sommeil dans un talus dans la forêt pour repartir sur de bonnes bases. Dans le froid, juste avant le réveil LTR et DSN nous doublent. Dur pour LTR car un de leur coéquipier a des soucis de santé et a dû abandonner. On jouera au chat et à la souris ensemble jusqu’à la fin de la section, un peu galère sur les dernières balises, à chercher de nuit des rochers en définition de la balise alors que la forêt est pleine de grosses souches coupées qui ressemblent toutes à des rochers ! Joseph arrive toujours à nous recaler proprement et nous mener à bon port, chapeau car nous ne l’aurons pas beaucoup aidé côté orientation sur cette section…

On enchaîne à vélo et de nuit, toujours, sur une section qui sera un peu plus longue que prévue ! Départ en montée, puis au bout d’un certain temps, Joseph nous annonce qu’il s’est trompé et qu’on va avoir un bonus de près de 100 m de D+ et que c’est trop tard pour faire demi tour. Bon, c’est le jeu… sauf que le D+ est raide, très raide, ça ne passe pas sur le vélo, ça pousse et c’est même difficile de pousser. Maëlle râle car aurait préféré faire demi-tour et avancer sur le vélo plutôt que de galérer à côté, heureusement Damien a retrouvé la forme et arrive en soutien ! Bascule au sommet, c’est aussi raide à la descente qu’à la montée et ça chauffe tellement les freins que ça ne fonctionne plus sur le vélo de Fab… Petites frayeurs mais les freins finissent par répondre de nouveau, la descente est belle et technique, on en profite. Joseph fait la course avec une petite fouine noire qui galope sur le sentier, puis on double l’équipe des américains et on arrive rapidement à l’AT suivante.

Dépose des vélos pour rejoindre l’entrée de la grotte pour une section atypique et ludique, avec une trentaine de balises cachées dans la grotte. On se dit qu’on est dans un site touristique et aménagé donc qu’au final il n’y aura pas de passage étroit mais ce n’est pas trop le genre de la maison donc dès la 3 ou 4e balise on se retrouve à 4 pattes puis à ramper à alterner les “Aïe mon casque” “Ourch mon dos” et à rigoler… en tous les cas on aura exploré la grotte des Mines de l’Argentière de fond en comble, ses salles, ses galeries, ses puits, et même son mini coffre aux trésors, qui s’ouvrait grâce au code remis par l’orga la la suite du prologue. Un bon moment… Sortie de la grotte, le jour se lève !

Petit VTT rapide qui nous amène au bord de la Durance…

Et nous voici pour l’énorme section du raid.

A l’AT à l’Argentière la Bessée on croise les FMR qui repartent, et les XTTR qui sont dans leur transition. On ne fait clairement pas la transition la plus efficace, un peu de fatigue qui se fait sentir… et l’appréhension probablement de partir pour une section en packraft avec 1 500 m de D+ annoncés ! Enfin, la Durance s’annonce belle et joueuse, ça va nous réveiller. Joseph dit à Maëlle qu’il a scotché les bateaux pour qu’on avance plus vite sur les portions plates (les bateaux sont autovideurs, donc avec un fond percé, pratique en eaux-vives mais pas très performant côté glisse…). Maëlle lui dit qu’il faut oublier tout de suite, que l’on va remplir les bateaux et ce sera pire que tout ! Nous arrivons à la rivière, eau turquoise, splendide, on met les bateaux à l’eau et on les remet en pression, et là l’eau devient marron d’un coup et monte de 40 cm (véridique !), et tout le monde est d’accord pour enlever les scotchs… La 1ère balise est quelques centaines de mètres plus loin, dans un contre-courant dans le bassin de slalom, on la pointe et on la repositionne car avec la montée de l’eau elle n’était pas loin de se faire embarquer !

Suite de la descente très sympa, on double rapidement le surplus d’eau, dommage mais il y a déjà de quoi faire ! Une dizaine de kilomètres plus loin, nous avons des balises à aller pointer au Mont Dauphin et on croise Mat qui nous encourage. Nous faisons le choix de laisser les bateaux à la rivière et de partir prendre les balises en boucle. On profite de la civilisation pour recharger en boissons, fruits et quiches et on redescend en petites foulées vers le Guil, il fait déjà chaud à 9h du matin… et Joseph commence à avoir mal aux pieds et s’inquiète. En voyant le Guil qui est splendide on regrette un peu de ne pas avoir les bateaux avec nous pour le plaisir, côté timing a priori notre option reste plus rapide et au moins on était léger à pied. Retour donc à nos bateaux, et on réembarque. Maëlle et Damien s’endorment sur le bateau, heureusement on arrive sur la zone du Rabioux qui nous réveille ! La suite est un grand classique en eaux vives, impossible de s’en lasser… Beaux trains de vagues et on arrive rapidement sur le lac de Serre-Ponçon. Nous avions déjà depuis un bon bout de temps le vent de face mais ce n’était pas gênant avec le courant, là en lac et avec nos packrafts (non scotchés !) ce n’est pas la même. Malgré tout, on avance tout en admirant les amateurs de Wing en foil à côté de nous. Comme le vent nous a bien refroidis, nous faisons le choix de conserver nos combis néoprène et de ne pas les donner à l’organisation à la drop zone à l’entrée du lac. Nous remontons toute la rive sud. Le temps tourne et il se met à pleuvoir, ce qui fait tomber le vent. Nous en profitons pour rester sur l’eau le plus longtemps possible pour limiter le portage des bateaux, et débarquons après Savines et les Eygoires.

Gaetan et Mathieu sont sur la plage et nous encouragent, ça fait plaisir et on en a besoin car la suite s’annonce costaude ! 800 m de dénivelé à crapahuter et chercher des balises hors sentiers avec bateaux, pagaies, gilets casques et combis sur le sac…! XTTR63 débarquent également, nous attaquons la montée quelques minutes avant eux. Fabien porte 2 bateaux dans son sac, vaillant ! Le tracé est plutôt adapté à nos sacs encombrants car les bois restent assez ouverts même si Joseph se sera coincé un paquet de fois dans la montée… fin de la montée via un très beau sentier et la balise sommitale est sur une crête. Mais juste avant d’y accéder la météo s’est bien dégradée, l’orage se rapproche sérieusement. Nous préférons ne pas prendre de risque et nous restons dans la zone boisée sous l’abri de survie le temps que ça passe. On rigole bien dessous, c’est pas très stable en pente, nous sommes assis dos contre dos avec une bâche qui nous recouvre,  pas très oxygèné comme ambiance et il y fait au moins 40 degrés !! On entend alors XTTR passer mais nous préférons patienter encore. L’orage s’éloigne et on sort de l’abri, enfin de l’air ! Par contre il fait froid, très froid et il pleut. On passe alors en mode survie, on avance sur la crête en claquant des dents, objectif se réchauffer… mais la descente ne suffit pas. On enfile alors à la tombée de la nuit nos combis néo, et on fait les 800 m de dénivelé négatif avec. La descente est moins éprouvante que ce qu’on pouvait craindre, ouf ! De nouveau au bord du lac mais de l’autre côté de la montagne cette fois. Les XTTR sont là et tentent de se réchauffer auprès d’un feu fait par des italiens en bivouac. On ne s’éternise pas car c’est le risque à ne plus pouvoir repartir, et on embarque.

La navigation sur le lac est magique ! Frontales éteintes, tableau d’étoiles… il nous reste ensuite 3 balises à pointer à l’intérieur des terres, avec à choisir, prise en aller retour et on laisse les bateaux vers le lac, ou on replie tout et on rejoint les balises par la terre. Comme on n’avance pas vite chargés, on laisse les bateaux à la rive. La 1ere balise est très belle dans un ruisseau, on recroise au retour les XTTR en se disant qu’ils risquent de nous remonter avec leurs bateaux plus rapides. La navigation suivante est plus fastidieuse, la brume se lève sur l’eau, tous les 4 nous dormons en pagayant donc ce n’est pas franchement efficace et personne n’est assez réveillé pour booster les autres. La balise suivante nous sort enfin de notre torpeur, dernière navigation avant le débarquement. Les pieds qui n’ont pas séché depuis près de 24h sont douloureux et bien crevassés, Fabien marche comme robocop. On a épuisé toutes nos réserves de nourriture, donc on a faim, mais la transition arrive enfin vers 4h du matin. Nous aurons donc mis 20h sur cette section que nous espérons faire en 15… Au programme à l’AT : préparation des vélos pour la suite et on dort 1h30, au chaud et au sec ! Juste avant de se coucher, on croise Absolu qui s’engage sur le vélo.

Section xx : NEUTRALISATION

Vers 6h, on sort de la salle mise à disposition par l’orga pour dormir (salle de motricité d’une école, grand confort avec matelas de gym !), et Erik nous informe que la course va être neutralisée à cause de gros orages en perspective donc on ne repartira pas avant un bon bout de temps. S’en suit une journée plutôt cool à alterner repas (au resto du village, on ne se refuse rien ! Et très bon en plus…), siestes à 70 dans une même pièce, avec là aussi une température bien élevée et une oxygénation douteuse, et papotages avec les autres équipes qui sont arrivées depuis. En sortant d’une de nos siestes Maëlle tombe sur Etienne et les filles qui sont venus nous encourager et qui se moquent de nous “Wha la tronche !” On profite de ce temps de pause, l’orga le met à profit pour optimiser la fin de la course et réfléchir sur les modalités de reprise de chrono pour que ce soit équitable pour tous. En tous les cas, le concept d’une pause en milieu de raid, c’est vraiment pas mal, à méditer…

Nous avons le droit de repartir à 20h19 ! XTTR partira 10 min derrière nous. Devant 3 équipes patientent à l’AT suivant après le VTT, et c’est Cap Opale qui réouvre le bal en repartant à 20h. Ils ont donc une section d’avance sur nous, Absolu en 3e place 1h30 d’avance sur nous et FMR entre les deux.

Nous repartons très motivés, dans l’idée de se faire plaisir en VTT, consolider notre 4e place voire, qui sait, titiller ceux de devant.

Le tracé de la section n’est pas simple avec des choix stratégiques : passer par la montagne ou traverser la Durance ? On ne repart donc que quelques instants avant la remise des cartes à XTTR en espérant qu’ils ne vont pas prendre notre roue…

On envoie dans la descente pour profiter des dernières lueurs du jour, c’est chouette, la même descente qu’au J2 des chemins du soleil de cette année. On double et encourage l’équipe de Hongkong qui, certes en short race, se régale sur ce raid, grandes découvertes pour eux ! Nous commençons à chercher un spot pour traverser la Durance. Le lit de la rivière est clairement trop profond sur le début, mais on entend un rapide un peu plus loin qui nous laisse espérer une gravière. On la passe puis on revient sur nos traces et on se jette à l’eau ! La traversée de la rivière passe bien, mais derrière c’est la jungle, nous voici donc à ouvrir une trace dans la végétation avant de retomber sur une piste. Damien nous dit avoir vu une frontale des XTTR derrière nous (hallucination car ils n’étaient pas là du tout, mais on ne le saura qu’à la fin du raid !). Puis c’est parti pour une belle montée route, qui passe vite et comme on a pu dormir dans la neutralisation, pas de sommeil pour nous ralentir.

Arrivés à la fin de la montée, on ne trouve pas le sentier carté, demi tour, puis de nouveau demi tour, tant pis on va partir hors sentier et à dré dans le champ puis dans la forêt, on trouvera bien quelque chose. Ça fonctionne plutôt bien et on attaque une portion à profil descendant, très ludique dans les marnes on se régale ! Puis nous arrivons à Curbans, en croisant Cap Opale à vélo dans l’autre sens, eux ont terminé la section suivante et repartent et nous atteignons l’AT, beaucoup plus vite que les temps rapides estimés, en ayant repris 1h30 sur Absolu à ce moment.

Transition rapide, un peu trop rapide : Nous partons une première fois tous contents avec des parts de pizzas que nous avions commandées pendant la neutralisation et glissées dans le sac de la transition, mais oublions aux vélos les définitions des postes. Retour à la case départ ! Puis nous repartons, mais dans la mauvaise direction… 2e demi tour, les bénévoles se marrent en nous voyant repasser mais cette fois ci c’est la bonne ! On attaque en trace directe pour la 1ere balise mais on se rend compte au bout d’un certain temps que ce qu’on croyait être une zone plate sur la carte est en fait une zone mega raide dans les marnes, les lignes topo n’étaient bizarrement pas sorties à l’impression sur certaines portions de carte… il fait nuit noire, impossible de savoir si ça passe ou non… Allé on assure le coup et on fait demi tour pour aller attraper un chemin. Montée régulière, on essaie de bricoler la montre de Joseph dont les  boutons sont bloqués, la seule de l’équipe car celle de Fab a été refusée au départ, et la seule à nous donner l’altitude, ce qui sera fort utile pour cette section…. Poursuite de l’ascension puis on attaque les choses sérieuses, 5 balises à aller chercher au milieu de… rien, enfin loin de toute trace d’activité humaine. C’est l’aventure ! On avance sur chaque balise proprement, Joseph nous sort une orientation parfaite. Seulement la progression, de nuit, est difficile, c’est soit raide, très raide : on aura beaucoup fait du 4 pattes en montée et de la luge sur les fesses en descente ! Ou alors c’est à flanc en mode dahu, ou encore dans les ronces, les troncs, on tâtonne pour trouver nos passages, lentement certes, mais c’est une vraie section sauvage comme on les adore ! La dernière balise est dans un ravin. On s’approche péniblement et de nuit, on surplombe des zones très très raides… mais le jour finit par se lever et nous aide à y croire, au final ça passe bien dans les marnes ! Retour à l’AT,  encore une fois on n’a plus rien à manger et Fabien plus rien à boire mais on est plutôt contents de notre section tout en devinant que les 1ers ont été bien plus rapides, vu l’heure à laquelle on les avait croisés la nuit… On apprendra après que rien que sur la 1ere montée et nos déboires du départ on avait lâché quasi 1h, et sur la suite on a également perdu une heure, les équipes de devant sont des sangliers-chamois ! 

Au départ la bénévole de l’AT nous demande si on traverse la rivière ou pas, nous indique que les 1ers ont fait demi tour et que Patrice recommande de ne pas y aller. Bon, on a la flemme d’aller voir donc on contourne mais ce n’était clairement pas la bonne option ! Pour la suite, section rapide qui nous amène au swim run.

A l’AT Etienne est là ! Comme il est encore tôt on se met en combinaison, quelques balises dans le village avant d’arriver au plan d’eau.

On s’y jette, mais Damien, qui avait pris sa bouée, n’est pas serein quand il voit la distance de la traversée aquatique ! Oui oui, il faut aller de l’autre côté du lac… et il n’y a pas d’île au milieu… On avance un peu, tranquillement, mais cela lui prend beaucoup, beaucoup d’énergie alors Fab vient à sa rescousse en l’aidant en tirant la bouée. Fabien est trop heureux de nager il avait pris ses lunettes et tout ! 1ere traversée OK, Etienne nous attend de l’autre côté en rigolant, puis on entame la 2e, plus courte, et retour à l’AT en passant pointer une balise dans la ferme aux cochons du village !

A l’AT LSN arrive, ça nous met un coup au moral car ça veut dire qu’ils nous ont littéralement explosés sur le dernier trek. Paulo est en forme olympique, on se dit qu’il veut nous manger tout cru ! Mais bon le raid n’est pas fini, chacun sa course… 

C’est reparti pour la 3e et dernière longue section du raid, annoncée en 8h30 en meilleur temps par l’orga. Ça s’annonce donc technique ! Départ en montée, il fait chaud. C’est dur pour Fabien qui n’a plus d’énergie et l’estomac qui se révolte. On s’arrête au col sous Céüse pour prendre du coca. Fabien en a vu d’autres et nous dit qu’on peut repartir, Joseph et Damien l’aident, on lui dit qu’il va se refaire à la descente. Arrivé en haut de la 1ere montée, petite Céüse, le début de la descente est difficile avec des épingles serrées donc ce n’est pas idéal pour se refaire, en plus on perd le chemin et on se retrouve à pousser les vélos pour retrouver le sentier… la suite est plus facile, ça déroule ! Et on attaque enfin la dernière montée, piste roulante, on parle pour éviter de s’endormir et la fontaine à mi montée est bienvenue… on quitte alors la piste et choisit ensuite l’option de poursuivre la montée pour passer sous les falaises de Céüse, c’est superbe. Le chemin est lui aussi très joli, à flanc puis en descente, très roulant et plaisant ! Vu l’heure on se dit qu’au final on va pouvoir arriver plus tôt que prévu, ça nous motive pour redonner du rythme jusqu’à l’arrivée ! On croise Clélie, Etienne et les filles sur la fin de section, ça sent bon !

On pose les VTT et avec nos chaussures de vélos qui font un bruit d’enfer on part en courant en ville pointer les toutes dernières balises de la course puis la ligne d’arrivée au Miroir d’eau, Youpi !!!

Quelle course…

Que de bonheur et de plaisir, quelle chance de pouvoir vivre ça, traverser en mode aventure ce territoire incroyable, chercher des balises au milieu de nulle part, jouer avec les autres équipes, se raconter tout ça à l’arrivée !

Merci les organisateurs, clairement il y a le raid et il y a le Sud Raid… On adore votre marque de fabrique et votre état d’esprit : bonne humeur, rigolade, parcours plaisir et très technique et équité. Patrice, tes tracés relèvent du grand art… et Erik, chef d’orchestre au top (ce sont eux sur la photo !!), et toute l’équipe de bénévoles… quel travail, MERCI !

BimBim, équipe parfaite, on a pu pas mal en reparler entre nous après la course, ça a vraiment bien fonctionné et chacun a été solide et solidaire ! Avec Etienne pas loin en ange gardien… 

Vivement de prochaines aventures… en parlant de ça on a peut être un tracé de GRAM pour 2026…

Lyon-Egieu à vélo 2023

Il est 11h30 ce vendredi 08 septembre 2023 lorsque je mets pied à terre pour la seconde fois dans les terribles pentes du col de Portes, à quelques hectomètres seulement du sommet, vidé de mes forces. L’œil hagard, la gourde asséchée et des spaghettis al dente à la place des guiboles, je reprends mes esprits le cul posé dans un fossé et fouille au fond de ma sacoche à la recherche de mon téléphone, que j’espère porteur de nouvelles de mes compagnons de galère. Et des nouvelles, il y en a. Jules, parti en éclaireur devant moi, annonce s’être trompé de chemin et attaque une descente sans avoir trouvé le sommet. Plus étonnant encore, Bertrand, qui partage sa localisation en direct, est sur la même route que moi mais en sens inverse, et nous roulons l’un à la rencontre de l’autre, tout en voulant aller au même endroit. Je l’apprendrai plus tard mais à ce moment-là, Clément souffre également le martyre, plus asséché qu’une forêt canadienne au mois d’août, et Boris et Ben, qui fermaient la marche, viennent de se séparer, le premier tentant désespérément de rejoindre le check point méridien dans les délais (comprendre : arriver à l’heure au resto pour grailler), le deuxième préférant se concentrer sur son effort pour “basculer” tant bien que mal. Mais comment une escapade amicale à vélo a-t-elle pu aboutir sur une telle hécatombe ? Retour sur le déroulé d’une épopée peu banale…

De larges sourires dominaient pourtant les visages à 09h le long du canal de Jonage, où nos cyclistes d’un jour s’étaient donné RDV. Après la traditionnelle photo de groupe et les quolibets de rigueur sur la tenue, le vélo, le style et la forme de chacun, c’est sans tarder que l’on se met en route en formation peloton, soit trois lignes de deux (formation optimisée pour le papotage).

Au programme : Lyon-Egieu : 100 km et 1300m de D+ pour rejoindre la demeure du kiff, co-propriété de Bertrand et Boris logée sur les hauteurs du Bugey libre. 2 difficultés répertoriées : le col de Portes (12 km à 6.5% de moyenne, à ne pas confondre avec son cousin le col de Porte, en Chartreuse) et la montée finale vers Egieu (8 km à 6.2% de moyenne).

Les premiers relais pris par chacun servent moins à répartir l’effort qu’à changer de partenaire de babillage. Et sans vraiment s’en rendre compte, c’est en une grosse heure que nos joyeux lurons atteignent, après 28 km, un abri bus dégueulasse et défoncé, souvenir des premières clopes collégiennes de Jules, lieu déclaré idoine pour une première pause. Etat des lieux : moral au top, bonne humeur générale, feu vert pour continuer !

La suite ressemble à un long fleuve tranquille, le Rhône, qui est longé depuis le début de l’étape. Les quelques GPS du peloton nous guident parfaitement à travers les routes de campagnes et nous amènent droit sur les premiers reliefs du Bugey. Le rythme s’accélère sensiblement, la formation peloton s’étire par endroits en file indienne, chacun se cachant dans la roue de son prédécesseur pour économiser ses forces. Certains plus que d’autres et c’est ainsi que Jules, malgré son statut de grandissime favori de l’étape, se retrouve pris par la patrouille à sucer les roues un peu trop souvent au goût de ses compagnons de route, et se voit invité à mener l’allure par ses camarades. Résultat : un peloton décimé en quelques hectomètres seulement, personne n’arrivant à suivre son rythme Vanderpoelesque. Bertrand, un poil trop zélé à prendre des relais malgré un vélo peu taillé pour la vitesse et une sacoche dégradant fortement son aérodynamie, est le premier à “sauter”, bientôt rejoint par les autres. Une fois seul et personne dans le rétroviseur, Jules n’a donc pas d’autre choix que de s’arrêter et une deuxième pause est ainsi décrétée au pied de la principale difficulté de la journée, j’ai nommé le col de Portes. 

Les bidons remplis, les vessies vidées et le cuir chevelu arrosé, les 6 valeureux compagnons poursuivent donc leur aventure sous une chaleur croissante, les yeux fixés sur leur GPS, qui les amène droit sur un raidillon gravillonné à plus de 20% sur 50m. Effort intense et tout à fait inutile puisqu’une belle route goudronnée contournait cette difficulté sans aucun problème. C’est donc les jambes lourdes de ce Dirac cycliste que les héros du jour s’attaquent aux premières pentes du col de Portes. Ce qui jusqu’ici s’appelait “peloton” éclate instantanément, chacun se mettant à ce qu’il pense être son rythme.

C’est ainsi que Cédric et Jules filent en tête, Bertrand et Clément suivent solidement, Boris et Ben fermant la marche quelques hectomètres plus loin.

Les choses se déroulent à peu près normalement jusqu’à Bénonces, petite bourgade tranquille mais véritable climax de cette étape. Tout d’abord, dans le groupe de tête, Cédric commence à montrer des signes de faiblesse et voit s’envoler irrémédiablement son compagnon d’échappée, “à la pédale”, signe évident d’une différence de niveau manifeste. La sentence est irrévocable, Cédric doit quitter l’aventure du maillot à pois.

Le groupe du milieu explose, chacun continuant à son rythme. Enfin, derrière, c’est dur pour Ben, et son équipier Boris décide à ce moment-là de l’abandonner à son triste sort, et de continuer à son rythme pour ne pas arriver hors délai au ravito.

Surtout, une bifurcation subreptice en sortie de village trompe une majorité de coureurs. A gauche, direction le col de Portes (itinéraire officiel). Tout droit, route principale, direct jusqu’à Ordonnaz et Contrevoz (lieu du ravito), en passant qq hectomètres sous le col de Portes. Une majorité de coureurs, guidée par leur instinct, les panneaux de signalisation ou une mauvaise trace GPS sur leur téléphone, continue donc tout droit. Bien mal leur en prendra, puisque cette route s’avère moins régulière et, surtout, en plein cagnard.

Seul à prendre le chemin officiel, Bertrand s’en sort royalement puisqu’une route ombragée en pente régulière se dévoile devant lui. Ajoutez à cela une alimentation exemplaire depuis le début de l’étape, et ce pur grimpeur se paye le luxe de passer un petit coup de fil à mamie tout en grimpant ces pentes à 7-8%, d’arriver frais comme un gardon au sommet (source : Bertrand) , de basculer sourire aux lèvres, p’tit selfie des familles, et de rejoindre l’auberge de Contrevoz où l’attendent les 3 premiers lurons, officiellement mis hors course par leur erreur d’aiguillage.

Si Jules, équipé d’un vélo plus léger qu’une tige de ciboulette et affûté comme un un couteau aveyronnais, monte sans mal et arrive largement en tête à l’heure de l’apéro à l’auberge, c’est (beaucoup) plus compliqué pour ses poursuivants Cédric et Clément, pris d’une fringale foudroyante au beau milieu de l’ascension.

Le premier, victime d’un excès d’orgueil et d’une musette de moineau (2 mirabelles et 3 prunes en tout et pour tout depuis le petit déjeuner) met pied à terre aux ⅔ de l’ascension. Lu cul sur l’asphalte, le casque de travers, la tête entre les jambes, des étoiles tourbillonnant au-dessus de la tête, l’heure n’est clairement pas aux grandes questions métaphysiques… L’ego reprenant le dessus, il remonte sur les pédales après quelques minutes d’errance, espérant bien cacher cette mésaventure au reste de la troupe. Quelques coups de pédale plus loin, il se retrouve sans comprendre à une bifurcation, devant choisir entre, à gauche, le calvaire de Portes (objectif premier) et, à droite, Contrevoz (objectif second), les deux étant censés être sur la même route. Rassemblant les dernières forces qu’il lui reste, et surtout n’ayant pas la lucidité de juger de son état de fatigue, il choisit courageusement inconsciemment la direction du calvaire de Portes indiqué 2km plus haut (il semble important de préciser ici que le Calvaire désigne dans la langue française la colline où Jésus fut crucifié, devenant par la suite un nom commun pour désigner une épreuve longue et douloureuse). Après 1km d’un effort à la Don Quichotte, Cédric met pied à terre une seconde fois, livide et blanc comme un cul de bébé talqué. Il regarde son téléphone, voit notamment l’heure avancée, Bertrand venir à son encontre (wtf ?) et décide comme un pleutre de faire demi-tour direction le restaurant, mettant ainsi fin à son propre chemin de croix.

Revenu à la bifurcation initiale, il y croise Clément, dont la barbe cache mal la pâleur, aplati sur son vélo comme un hérisson passé sous une roue de voiture, à la recherche d’une lumière divine ou d’un peu d’eau. Ce-dernier déclare tout-de-go “je suis mort, ”… Cette sentence sonne comme un appel à l’aide, un cri de désespoir, un râle agonisant.

Les deux animaux blessés continueront ensemble les quelques kilomètres les séparant d’un coca bien frais avec l’énergie du désespoir, cisaillant le silence de leur souffle saccadé et des jurons salvateurs prononcés contre ce putain de monde injuste.

Boris et Benjamin, en solitaire, parviendront héroïquement à rejoindre leurs compagnons après un effort mental et physique intense, puisé au fond de soi-même.

Arrivés avant 14h, les 6 voyageurs peuvent enfin siroter un Coca ou une bière (et bien souvent les deux), et s’engloutir un menu complet avec supplément fromage, arborant ce sourire béat caractéristique du plaisir de l’effort accompli, et de l’insouciance de la suite de l’étape.

Car oui, après avoir dévalisé la cave à sodas du restaurant, et profité d’un petit café pris à l’ombre d’un kiosque tout choupinet, il est désormais temps de repartir. Au programme, une descente jusqu’à Rossillon puis la terrible côte d’Egieu et ses 500m de D+, juge de paix de cette étape dessinée pour les purs grimpeurs.

Le ventre et le palais apaisés, les jambes et les fesses endolories, les six dossards rouges du jour repartent donc en peloton groupé, les calories englouties favorisant l’inertie d’ensemble sur cette portion au profil descendant.

Arrivés au pied de la dernière difficulté de la journée, une nouvelle scission se produit. Jules, bien échauffé par le col matinal et la soquette toujours aussi légère, repart bille en tête et s’envole vers les honneurs d’une arrivée en solitaire à Egieu. Au milieu, un groupe de poursuivants collabore et monte à un train de sénateur, trop échaudé par les péripéties du matin. Derrière, Ben se laisse irrémédiablement (et volontairement ?) distancer, ayant peut-être d’ores et déjà de la suite dans les idées.

Le groupe dit “des poursuivants”, s’il semble homogène vu de l’extérieur, recèle des états bien différents. Cédric, encore sous le choc de sa fringale matinale, semble en garder sous la pédale et semble de pas vouloir prendre d’initiative. Boris, après une première moitié de montée impeccable, commencer à souffrir sérieusement à l’approche d’Armix. Bertrand, toujours aussi serein, monte à une allure plus régulière qu’une montre suisse, même si avec la fatigue, il commence à pédaler avec les oreilles. Clément, lui, met pied à terre à mi-montée. “Je sais pas encore si je vais pisser, chier ou bé-ger” déclare-t-il à un correspondant AFP présent sur place, alors qu’il se dirige en titubant vers le côté de la route. La première option ayant été privilégiée, et ses compagnons de route ralentissant pour l’attendre, comme le veut l’usage républicain, tous les 4 finissent par arriver malgré tout ensemble à Armix, petite bourgade située 2km avant l’arrivée du jour.

Et là, au milieu du hameau, surgi de nulle part, trône fièrement une fontaine en pierre centenaire remplie de ce matériau précieux appelé eau, présent sous forme liquide et à température fraiche. Après avoir vérifié qu’il ne s’agissait pas d’un mirage, issu d’une fatigue intensifiée par la chaleur aoutienne de ce 08 septembre 2023, et sans concertation aucune, ceux qui se voyaient cyclosportifs se muent instantanément en cyclotouristes du dimanche, pour ne pas dire en jeunes délinquants sans foi ni loi.

Timidement d’abord : ils s’hydratent la nuque, puis le cuir chevelu. Plus franchement ensuite : ils enlèvent le haut, s’immergent la tête entière, puis le torse. Complètement enfin : ils se foutent à poil et plongent dans la fontaine rafraichissante, déesse du jour pour ces corps meurtris par la chaleur et l’effort.

Un seul membre manque à l’appel et il s’agit du mollet gauche de Boris, qui, au moment de franchir le Rubicon, se contracte de tous ses tissus conjonctifs. La crampe, aussi soudaine que violente, couche à terre et tord de douleur le propriétaire dudit mollet. Il ne faudra rien de moins que quatre mains pour aider Boris à se relever et faire passer ce mauvais moment (les deux dernières étant heureusement bien accrochées à l’appareil photo pour immortaliser ce moment).

Et alors que les 4 garnements se délectent de ce moment de pur bonheur, abusant honteusement des infrastructures aqueuses de la commune, Jules, arrivé à bon port depuis un bon moment, commence à trouver le temps long et se demande où sont passés ses ex-compagnons d’aventure… S’en suit un échange cocasse sur le Whatsapp idoine :

Un long moment après, les 8 gambettes hydratées et rafraîchies terminent tranquillement les 2 derniers km de la journée, ultime effort avant de retrouver les délices connus du houblon frais et le confort d’une chaise longue à l’ombre d’un marronnier. Personne n’a plus la force de tenter la moindre attaque tranchante, tant fantasmée dans les paroles de début de journée… Pas même la moindre accélération ou pétard mouillé à la Pierre Rolland… C’est donc ensemble qu’ils franchissent la ligne d’arrivée après un dernier raidillon de 20 mètres à 20% qu’ils mettent un point d’honneur à franchir, non sans mal, debout sur les pédales.

Benjamin, le dernier membre de l’équipage, arrive seulement quelques minutes plus tard, par des moyens jugés légaux à l’unanimité des participants, malgré des preuves assez tangibles apportées par l’arbitrage-photo ci-dessous.

Repus de cet effort, heureux d’avoir vaincu la chaleur étouffante et les pièges tendus par ce parcours exigeant, les 6 protagonistes mettront tout autant de panache dans la traditionnelle partie de pétanque opposant Nordistes et Sudistes (dont le résultat ne surprendra personne). La bonne humeur générale ne se tarira pas par la suite, les locaux ayant préparé un visionnage de match d’ouverture de coupe du monde de rugby XXL en extérieur, agrémenté d’araignée de porc à la plancha, un délice pour les papilles et les pupilles. 

Sourire fixé aux lèvres malgré la fatigue, chacun savoura à sa juste mesure ces moments intenses de plénitude et d’amitié. Il ne fallut ainsi pas longtemps pour décréter qu’en 2024, on remettrait ça !

Extrême LSN

Bien au chaud à l’abri, petit bonheur de vous faire ce compte-rendu d’une nouvelle aventure pleine d’émotions fortes… Crédit photos : orga LSN 🙂

Nous revoici avec une équipe de choc ! Joseph et Dam’s en méga forme, Etienne avec une préparation en amont avec un nutritionniste pour tenter de résoudre les problèmes digestifs et moi-même, Maëlle, en grande motivation, mais moins grand entrainement et avec un peu d’appréhension face aux mensurations monstrueuses des sections annoncées (330 km VTT, 60 km trek, 60 km packraft) et aux conditions météorologiques froides (tempête de neige sur le trajet aller pour se mettre dans l’ambiance !) mais heureusement, plutôt sèches…

Départ de la course, CO ludique rapide, puis packraft sur le Lot, portion toute mignonne pour nous mettre en jambes.

Puis nous voilà partis sur un 1er VTT de 33 km, c’est très roulant donc vite avalé, avec une ambiance magique, il neige des flocons énormes avec un timing impeccablement calculé par l’orga (merci ! ❤ ) pour nous faire arriver au coucher de soleil sur le plateau ! Un choix en orientation nous coûte une dizaine de minutes, rien de méchant.

On arrive à la tombée de la nuit à la 1ère transition, on doit être 5-6e, mais c’est encore le début de course donc ça ne nous importe pas beaucoup. Températures glaciales adoucies grâce à la localisation de la transition dans une grange à foin, petit détail qui change tout ❤ quand on doit repartir…

On pose nos vélos et on repart donc à pied, pour la 1ère CO, la vraie, 20 km annoncée. Nous voici courant en descente dans des champs mouillés, questions existentielles « mais comment on va tenir encore 45h dans ce froid, trempés ? » puis « mais c’est quoi tous ces gros cailloux coincés sous mes pieds dans mes chaussures ?? » Bon en fait, quelques minutes plus tard, les pieds se réchauffent et on retrouve des sensations et on quitte le mode survie, quel bonheur ! En plus la section est ultra sauvage, des choix en orientation, des trajectoires dré dans la pente, à travers les genêts, à flanc de forêt, sur les crêtes de granite… c’est ça qu’on vient chercher en raid, se « perdre » loin de tout, juste avec ses coéquipiers… Et plus les conditions sont difficiles, plus les souvenirs sont forts… ça déroule bien, on voit les frontales des équipes de tête, 400team-MUC et FMR devant, puis Ligéraid et MUC-Vertical. L’orientation est fluide, Joseph serein, on profite. On recolle Ligéraid et MUC puis passons devant. La section est superbe, on se régale ❤ . Nous atteignons le plateau en fin de section, avec un vent qui se déchaîne, on ne tient plus debout, on farfouille un peu pour trouver le bon menhir et la balise, MUC nous rejoint, pour ensuite s’enfuir au plus vite vers l’AT et quitter cette zone peu hospitalière !

On retrouve la super aire de transition dans la grande à foin…

…. Et c’est reparti pour… 95 km de VTT, de nuit pour démarrer. Bon, 95 km de VTT d’affilée en début de saison, quand on a pas trop le temps de s’entraîner, ça fait peur, et sans parler du froid et de la fatigue !! Mais on range toutes ces questions au placard et on y va, en 3ème position, avec MUC et Ligéraid pas loin derrière. Benjamin nous l’avait annoncé, la 1ère moitié du vélo est très roulante, du coup un peu soporifique, et heureusement que Dams a sa laisse pour m’aider à ne pas lâcher prise, mais c’est dur. En parallèle, pour Etienne, ça y est, l’estomac commence à se révolter. Bon de toute façon, pas trop le choix que d’avancer, et d’espérer que ça passe…

Les FMR nous doublent à 2 comme des avions de chasse, ils ont eu un pépin mécanique à cause du froid, et un VTT HS… dur dur… La 2e moitié de section nous fait passer dans des villages perdus, splendides ❤ , avec quelques pépites en sentiers techniques, de quoi remettre de la mine dans le crayon ! 

Etienne serre les dents, ça ne va pas mieux, il ne peut plus manger mais arrive encore à boire.  On croise aussi souvent Alaïs qui nous dit que Lola et tous les copains sont au taquet sur le suivi de la course, ça nous motive…

Arrivée à l’AT en fin de matinée nous devons, maintenant ou après la section suivante (un monstre trek de 40 km), faire une pause de 3h30. Le choix est vite fait, on s’arrête là en espérant que le sommeil remettra l’estomac d’Etienne d’aplomb. Les 3 autres profitent du repas sur place de l’orga (encore un détail qui change tout 10 ), puis tentative de sieste, moyennement concluante du fait de l’horaire en milieu de journée. On sera les seuls à prendre cette option, ce qui fait qu’au réveil, on se retrouve derrière la quasi-totalité des équipes. Etienne ne va pas mieux, on va voir le médecin de course, on tente un anti-nausée et on fait coucou aux copains des gones et on repart. Trek plus roulant, qui démarre par une longue descente en trottinant. Pas encore bien re-rentrés dans la carte, on s’égare un peu et lâchons une quinzaine de minutes dans les ronces à tenter de rattraper le coup. Dans la suite du trek l’orientation sera plus fluide, nous traverserons plusieurs vallées magnifiques, c’est beau la Lozère ! ❤  Et on a même chaud ❤ … On croise des poneys sur nos chemins qui veulent nous suivre ! Bien plus loin, au croisement de la route sur l’approche de la B20, on entend du gros son… et il y a au moins 15 personnes de l’orga à fond pour nous encourager ! ❤ Ils nous surprennent en nous disant qu’on fait un trek énorme, alors que nous pensions seulement « limiter la casse »… Etienne essaie de négocier avec des bénévoles pour que l’un d’eux le remplace mais rien n’y fait, va falloir aller au bout… On poursuit, c’est encore long mais on tient le bon bout. Moi je guette Etienne, je le vois encore concentré dans sa carte, c’est plutôt bon signe (même si ça fait maintenant 6h qu’il vomit toutes les heures et demi ☹ ). On se rapproche avec quelques frayeurs quand on tombe sur des chevaux en pleine nuit ! Allé, on y est, de retour à l’AT vers minuit après 10h de trek…

Bon, Etienne ne va toujours pas mieux. Que fait-on, on dort de nouveau 3h et on avise ? On comprend qu’aucune équipe en full race n’a encore quitté la transition, ce qui fait que, potentiellement, on bascule en tête de course. Ça ne va pas nous aider dans notre choix… Malgré tout on ne dit rien, on ne veut surtout pas influencer Etienne. On se change doucement, on recharge en eau, nourriture…  Etienne nous fait comprendre qu’on continue. Allé, vaille que vaille ! Bon, sauf qu’en fait c’est le cœur de la nuit, on part pour 50 km de VTT sur du roulant, sur le plateau, il fait froid… du coup c’est un peu l’hécatombe. On s’endort sur nos vélos, perdons quasi dès le début 15 min sur un embranchement manqué, on a froid, on n’avance pas un cachou… Je réclame une pause de 5 min pour relancer la machine mais il fait trop froid, pause refusée ! Puis enfin le jour se lève. Etienne ne mange toujours rien mais ne vomit plus (il nous dira après coup en rigolant qu’ « en vélo j’ai pas le temps… »). Arrivée à la transition !

La section suivante est un trek-packraft sur le Tarn, rien de mieux pour se motiver. L’orga nous annonce que 4 balises, et une portion de navigation, sont annulées pour tout le monde. Etienne réclame un bout du sandwich chaud proposé par l’orga, ça c’est méga-bon signe… En quittant l’AT nous croisons les copains d’XTTR63 qui arrivent, ils ont dû mettre les gaz à vélo ! Nous comprenons donc que nous sommes toujours en tête en full race. Cool ! Descente au train vers le Tarn, avant d’embarquer les 1ers sur la rivière, juste au lever du soleil, quelle chance ! La rivière est incroyable, l’eau limpide défile sous le bateau, les falaises sont majestueuses… Pause à mi-descente pour rejoindre un rappel 100 m au dessus de la rivière ! les genoux grincent un peu avec le froid mais bon, ça passera. Rappel ambiance depuis la passerelle de saut à l’élastique, merci l’orga !! ❤ De retour sur les bateaux pour une petite demi-heure et un débarquement à l’amont de l’infran du Pas de Souci, avant de rejoindre un raidillon magnifique qui nous ramène sur le plateau, où l’on croise Benjamin (il est partout !). Direction la balise 29, qui donnera du fil à retordre à pas mal d’équipes. Concentrés, nous l’attaquons parfaitement et la trouvons dans une zone magique d’arbres moussus entre 2 falaises… Les attaques des balises suivantes sur le Causse sont intéressantes en terme d’orientation, tout est fluide, mais les inter-postes sont longuets, avec le poids des packrafts et combi mouillées qui nous empêche de courir. On essaie de suivre les grandes enjambées de Joseph (qui nous dira après qu’il aurait pu marcher encore plus vite !)

Allé, Transition, nouveau sandwich « made in LSN », Etienne est au taquet, ça nous requinque ! on repart à vélo pour la dernière section, 50 km de VTT, avec cette fois-ci pas mal de sentiers, plus ludiques et des magnifiques descentes, notamment la descente de St Enimie ❤ 

La fin est un peu longuette, avec une option et une piste manquée qui nous font perdre quelques minutes (en plus de la faille de mentale quand on se croit arrivés alors que non !) mais nous y voilà !

Sacré morceau, sacrée bambée ! Comme d’habitude, une équipe soudée, tout est fluide et naturel, nos deux orienteurs nous ont donné du rêve, Joseph un festival à pied et Etienne une fusée à vélo, génial. Damien et Joseph en grande forme, ils nous auront bien aidés… Etienne d’une résistance et résilience incroyable, et éternel phœnix… Après près de 50 h de course on termine à quelques minutes devant les 2e , XTTR 63 très solides, et idem des 3e 400 team-MUC, Ligéraid pas loin derrière, on est tout émus de ce résultat !

Chapeau bas à toutes les équipes sur ce parcours exigeant dans des conditions compliquées… et dans un cadre incroyable. Chapeau bas à l’orga pour tout ce travail de préparation tant sur la logistique que sur la beauté du tracé, nous avez gâtés ! et bichonnés en course, ça fait plaisir… Merci !! Prochain défi pour nous, maintenant, le GRAM ! Côté organisateurs pour Etienne, Dams et Maëlle, et coureur pour Joseph… En tous les cas on prend bonne note de toutes les bonnes idées de LSN 🙂

Pizalp – Le projet de traversée des Alpes par Greg et Flo.

Cet hiver 2020, Grégoire et Floriane filent à Vienne pour commencer une longue traversée des Alpes.

L’idée : découvrir des massifs méconnus, pas très loin de la maison. Et ça commence dès février avec un paquet de raids à ski inédits.

Toutes les infos sur le site de Passeur d’Emotions, AKA Gréguide, AKA Grégoire Lestienne.

https://passeurdemotions.com/pizalp-le-projet/


Plaquette-p1-LD-1

L’échappée belle : dans la démence de ce que belle donne

Samedi 24 août, 19h20 : accolade vibrante à Rémy, avec qui je viens de partager l’intégralité de la journée et sans qui je ne serais très probablement pas là. Les yeux sont rougis, soit par le fait d’avoir porté mes lentilles depuis près de 38h, soit par l’émotion qui ne m’a pas quitté de la journée, soit par un peu des deux. Les jambes sont lourdes, les pieds tachetés d’ampoules et le visage a bien du mal à cacher la fatigue générale. Nous voilà sous l’arche d’arrivée d’Aiguebelle, avec derrière nous le massif de Belledonne qui vient d’être traversé en intégralité.

149km, 11400m de D+, 37h15 de « course » pour près de 30 litres d’eau ingurgités et 1 kilo de perdu. L’échappée belle : l’aventure, plus belle, plus dure. C’est la devise de cet événement, dans laquelle – pour une fois – aucun terme n’est exagéré.

L’épopée a débuté 48h plus tôt lorsque Manu, inscrit avec moi, est passé me récupérer à Annecy.

IMG_20190822_130311

J-1 : le matériel au presque complet (manque les chaussures et bâtons!)

La dernière fois que nous nous sommes retrouvés dans cette situation, un bête oubli de baudrier nous a valu un détour avant le retrait des dossards. Je ne m’étonne donc pas lorsque Manu m’annonce qu’il n’a qu’une portion de repas du soir, ce qui nous vaut un détour au supermarché d’Aiguebelle pour m’offrir une préparation de riz au curry et un bon vieux pâté croûte d’apéritif.

Une présentation de pièce d’identité et un achat de stoots plus tard (t’inquiète pas Laure, c’est pour mes avant taf en ski de rando, pas pour de prochains ultra-trails ! Quoique…) nous voilà dans un petit parc à monter notre tente pour la courte nuit qui nous attend.

Coucher 21h, lever 2h30 avec quelques heures de sommeil au milieu. Pas pire. Un coup de navette plus tard nous voici à Vizille, point de départ de notre bambée. Il est 5h, il fait encore nuit noire et les discussions de comptoir ne vont pas bon train autour du café : on sent un mélange de concentration, d’appréhension et d’impatience dans l’assemblée.

Briefing à 5h50, le plus concis de l’histoire du trail : « météo, grand beau. Consignes de course : gestion, gestion et gestion. » Ok, au moins on ne va pas s’embarrasser l’esprit de trop d’indications !

On nous annonce ensuite une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise c’est que la moitié d’entre nous va abandonner (ça tombe bien pour moi, statistiquement Manu va me sauver la mise ^^), la bonne c’est que l’autre moitié pourra sonner la cloche à Aiguebelle (wouha, sacrée bonne nouvelle). Sur ces mots semi-motivants et après une tournée d’applaudissements pour les bénévoles, qui les mériteront plus que largement tant ils ont été attentionnés, dévoués et souriants tout au long du parcours, nous voilà à décompter le 10, 9,… partez ! Ici pas de musique de champions du monde, ni d’envolées lyriques du speaker nous comparant à des demi-dieux. Ici c’est simple et efficace : tu t’es inscrit, t’as une chance sur deux de terminer, à toi de jouer gamin.

Vizille > Chamrousse

Section montante mais roulante. On adopte un bon rythme avec Manu (c’est à dire qu’on se « force » à marcher dès qu’on est plus dans du faux plat). Ma cheville, victime d’une bonne entorse 2 mois plus tôt, me rassure et ne se montre pas douloureuse.

Grosse ambiance à l’arrivée au premier ravito, avec de nombreuses familles déjà en place. Je fais littéralement nimp’ de mon côté, en oubliant le bouchon de mon camel à un endroit et en laissant traîner mes bâtons à l’autre, puis en renversant la moitié du camel en essayant d’y intégrer les fameuses pastilles permettant de faciliter l’assimilation de l’eau. Allez mec, concentré, c’est pas oui oui au pays des fées là.

Chamrousse > Refuge de la Pra

Dans mes gesticulations j’en ai perdu la trace de Manu. Je repars donc du ravito en le cherchant vainement des yeux. Pas d’idée de si il est devant ou derrière moi. Le bougre avait vu juste en me disant que quoiqu’il en soit on ne ferait pas plus que la première montée ensemble. J’ai espoir de le retrouver éventuellement pour la section de nuit, mais il abandonnera finalement au Pleynet pour cause de genou douloureux.

Petit coup à l’orgueil lorsque des enfants m’annoncent ma 105ème place. J’avais l’impression d’avoir eu un bon rythme sur cette première montée, et me voilà finalement assez éloigné du top 50 semi-secrètement visé. C’est un mal pour un bien, puisque je ne ferai que doubler du monde sur cette première journée.

Cette deuxième section reste assez roulante, et le paysage est magnifique. Et j’ai la mémoire trop embuée pour ajouter d’autres choses que ces banalités !

9ECPB_1111

Montée au-dessus des lacs Robert. Pas de remarque sur la casquette svp 🙂

Dès les premiers rayons de soleil, j’arbore fièrement casquette à simple visière (qui a parlé de style?!) pour éviter la surchauffe. Au refuge je débute mon régime à base de soupe, avec un potage aux légumes qui augure le meilleur pour le niveau culinaire de la suite 🙂

Refuge de la Pra > refuge Jean Collet

C’est possiblement la section que je connais le mieux, du fait de mes venues en ski de rando en hiver. C’est aussi une section démente côté panoramas. Lacs des doménon, croix de Belledonne (touchée!), glacier de Freydane, lac blanc. Tout est somptueux. Les sentiers deviennent techniques, les jambes carburent en montée mais je ménage ma cheville et mes cuisses en descente, et me refait pas mal doubler dans ces sections là. Stratégie frustrante mais assumée.

Arrivée à Jean Collet un bénévole m’indique l’heure (pas de montre de mon côté, je cours à la sensation!) : il est bientôt 13h, je suis en avance sur mon tableau de marche.

Refuge Jean Collet > Habert d’Aiguebelle

Prochain ravito à 9km. « Mouarf, easy, dans 1h j’y suis ». Tu rêves mon gars, on est dans Belledonne là ! Quand le litre et demi d’eau contenu dans mon camel a été entièrement siroté après 5km, je commence à me faire à l’idée que les km vont être compte double ou triple pour le reste de la promenade !

J’ai encore la fraîcheur pour me mettre des images plein les yeux. Là un chamois, là un autre, là-bas le barrage de grand maison. J’apprécie la technicité des sentiers, les sauts de bloc en bloc et les promeneurs qui s’exclament à voix à demi cachée « wouha, t’as vu les cuisses de celui-là » ^^

Côté nutrition j’ai peu envie de salé, hormis les soupes des ravito, et me nourris de pom’potes marron-pommes, de snickers et de grany mou. Ça fait le taf. Mais c’est dimensionné plutôt serré jusqu’au Pleynet !

Malgré quelques lampées dans des ruisseaux, j’arrive au Habert relativement assoiffé. Note pour plus tard : ne pas hésiter à remplir le camel dans les cours d’eau entre les ravitos (en plus, c’est un peu mon kif ultime).

Habert d’Aiguebelle > le Pleynet

On continue dans le registre du magnifique avec du sentier alpin et les lacs des 7 laux que j’atteins avec les dernières lueurs de la journée. Fabien (non, pas moi en dédoublement de personnalité, mais M. Masson qui a fait/déchiré l’EB en 2018) m’avait prévenu : tout le monde dit que la portion entre les lacs des 7 laux et le pleynet est interminable, mais en fait elle est certes longue mais super roulante, c’est un régal !

Régal quand on a sa caisse, peut être, mais moi je la classerai volontiers dans la catégorie « interminable » ! Car une fois le charme de chacun des 5 lacs passé, il reste encore 9km de sentier assez casse-pattes pour rejoindre la base vie du Pleynet. Heureusement les jambes tournent encore bien et me voilà tout heureux lorsque, dévalant les derniers hectomètres de piste à grandes enjambées, un papy m’annonce « t’es dans les 30, jeune homme, bravo ».

Cela ne m’empêche pas d’arriver au ravito dans l’anonymat complet, à des heures lumières du passage de François d’Haene « un peu » plus tôt, ce qui me permettra au moins d’être bien concentré sur la gestion de ce temps de repos clé avant la nuit.

Changement de tee-shirt, nokage de pieds, changement de chaussettes, enfilage de collant. Insertion du dossard de Rémy dans le sac (gros gain de poids depuis le départ!), je refais le plein de mes barres favorites, dévore le sandwich amoureusement préparé par Manu et file semi-engloutir la platée de pâtes bolognaises généreusement offerte au restaurant du coin.

Il est 19h40, je repars quasi frais comme un gardon de la station, après 64km et 5300m de D+, avec 1h d’avance sur mon tableau de marche. Jusque là, c’est extra.

Le Pleynet > Gleyzin

6km de descente quasi continue pour reprendre. Sympa pour la digestion. Puis je me fais envelopper par la nuit dans la montée au chalet de la Grande Valloire. J’ai enfin compris comment marchait la frontale stoots. Ouf ! La plupart des pacers ont débuté au Pleynet, et c’est donc par couple de frontales que je reconnais mes poursuivants. Le mien attend impatiemment au Gleyzin, mais j’ai bon espoir qu’il m’accompagne ensuite jusqu’au bout – contrairement à une bonne partie des pacers à moitié prix qui s’arrêtent une fois le soleil levé.

Arrivée joyeuse au chalet de la Grande Valloire. Un grand feu de bois nous accueille et les bénévoles se mettent doux à l’intérieur à coups de pastis. Pour moi ça sera sobrement café + thé svp!

Je fais chemin commun sur toute la deuxième partie de la section avec un sympathique duo familier de Belledonne, qui semble grands pratiquants de ski de rando. Volonté d’économie de salive ou peur de la célébrité ? je ne leur ai pas parlé de skitour, ni de skirandomag 🙂

J’arrive au Gleyzin vers 23h30. Rémy est chaud comme une bouillotte alors que je ressemble plutôt à une bouillotte en fin de nuit. Shuei (?) nous fait notre book au passage, trop bien.

DSC_0063

Ravito de Gleyzin. Il a l’air fatigué votre ami…

Gleyzin > Périoule

La section toute noire du road book ! De la montée longue puis raide, et de la descente technique de nuit. Trop content d’avoir récupéré Rémy pour l’affronter !

Il part à une allure d’Usain Bolt – tout du moins comparativement à moi – et je le freine rapidement. « On va faire de la marche hein, et tu vas gérer l’itinéraire pour moi » ! A ce moment là il s’est possiblement senti un peu roulé 🙂

Montée toute en gestion donc – comprendre « au mieux avec les ressources du moment ». L’arrivée au refuge de l’Oule permet de faire une pause. Rémy me déconseille de dormir, ça devrait passer sans en principe. C’est lui l’expert, j’obéis.

DSC_0066

Un café assez inutile au refuge de l’Oule

On repart pour le col du Morétan, avec une étoile ou une frontale bien plus haut. Il paraît que le ciel est dément et qu’on y voit des étoiles filantes, mais j’ai du mal à regarder autre chose que les chaussures de Rémy !

Arrivé au col bien entamé, on nous annonce que le plus dur physiquement est derrière nous et qu’il n’y a plus qu’à avoir du mental. C’est peut être là le souci 😉

Descente kiffante de l’autre côté, seuls dans la nuit : ski sur névé dans un premier temps, puis descente avec corde sur moraine ultra raide ensuite. Ça permet de rester bien éveillé, et ça dénivelle efficace pour un effort limité ! Puis portion fantastique le long des lacs de Moretan puis le long du torrent du Veyton avec la lune qui se reflète dedans.

Arrivée à Périoule au milieu de la nuit. Fouettés par une soupe chinoise fort dosée en épices ! A la question « ça va ? » je réponds « on fait aller ».

Périoule > Super Collet

Objectif = lever de soleil = base vie de Super Collet. C’est ce que je me mets en tête en sortant du ravito, dans la nuit noire et avec les jambes lasses.

Section très clairement sans plaisir pour moi. Plus de jus, pas d’intérêt dans les sentiers – avec notamment une montée au refuge de la Pierre du Carré aussi ignoble que promise – et une malléole douloureuse sur ces p*t*** de chemins toujours déversants du même côté. J’annonce à Rémy, qui s’en était déjà bien rendu compte, « désolé, je me respecte plus », et maudit chaque aspérité du chemin. Et petit à petit germe en moi l’idée d’abandonner à Super Collet à la sortie de la nuit. Après tout mon objectif minimum sera atteint à ce moment là : faire 24h de course non stop avec un coucher et un lever de soleil, et les 100km tout juste atteints…

DSC_0068

Arrivée vers Super Collet. Un lever de soleil et au dodo?

Super Collet > Val pelouse

Puisque depuis la première ligne vous savez qu’il n’y a pas eu d’abandon, pas besoin de maintenir le suspens dans le nom de la section !

Cela dit, j’arrive donc à Super Collet avec le moral bien profond dans les chaussettes. Je vais voir la podologue en espérant qu’elle me diagnostique une maladie incurable au pied qui me contraindrait à arrêter. Mais au lieu de ça elle ne voit dans ma douleur à la malléole qu’une simple abrasion due à un caillou. « Bah vas-y, traite moi de chochotte pendant que tu y es ! »

DSC_0069

Ravito de Super Collet : dans le doute!

Ce diagnostic me fait prendre conscience que ce n’est pas les ressources physiques mais les ressources morales dans lesquelles il faut désormais puiser en priorité. Et Laure me rappelle que c’est pour tester mon mental que je me suis justement inscrit à cette épopée. Eureka ! Phase de remobilisation mentale, qui débute modestement avec un « bon, on repart pour 1h histoire d’avoir les premiers rayons du soleil, et on avise ensuite ». Cerise sur le gâteau, je change de chaussures et retrouve une foulée confortable, ce qui me faisait cruellement défaut depuis plusieurs heures. Chantilly sur la cerise : le second sandwich amoureusement préparé par Manu (pour les curieux : pain de mie, beurre de noix de cajou, moutarde, viande de grison : une tuerie).

DSC_0075

Allez hop, pas de chichi, on repart pour 12h d’effort!

1h plus tard nous voilà sur la crête des Plagnes, réchauffés et remotivés pour la journée !

Le rythme n’est toutefois pas folichon, et les jambes ne répondent qu’une fois sur deux lorsqu’il leur est demandé de gambader en descente… Et puis la lucidité n’est pas totale, avec par exemple cet échange ubuesque :

« – Rémy, c’est ton téléphone ou mon téléphone qui vibre ?

– C’est une vache mec

– … »

Heureusement cette section est remplie de souvenirs avec le passage au refuge de Claran, puis au pied des Grands Moulins (pensée émue à cette étape du Tour de France écoutée au sommet au milieu du brouillard avec Marco!) et enfin au refuge de la Perrière où nous attendent Laure, Adèle et Raph’. Ca remet de la mine dans le crayon ! A tel point que l’on finit cette portion gambadant tels de jeunes chamois jusqu’à Val Pelouse – enfin en tout cas c’est le sentiment qu’on en a eu.

DSC_0080

Refuge de la Perrière : frais et dispo!

Val pelouse > Le Pontet

Ca sent bon la fin ! Ou pas… Coup de bambou lorsque tous calculs faits il nous reste plus de 30km, au lieu des « 20 et des brouettes » envisagés. Du coup je me retrouve avec les jambes toutes faibles jusqu’au col de la Perche. On se fait doubler par pas mal de monde à ce moment là. Tout cela entame quelque peu le semblant de moral d’acier mis en place depuis le matin. En revanche les chemins jusqu’à l’arrivée seront bien plus roulants que ceux empruntés sur les 24 dernières heures, et je recommence à profiter pleinement des paysages, qui sont depuis le refuge des Férices vraiment superbes.

9ECPB_2062

Bim les chaussettes de foot!

Arrivés au sommet du Grand Chat j’annonce à Rémy que je me dors officiellement dessus. Ça tombe bien, lui aussi. Pour gagner quelques points de lucidité avec les grandes sections de descente qui nous attendent on se paie le luxe de non pas 7, mais 8min de micro-sieste ! Couplée avec du gel énergétique au café elle a un effet d’enfer, et l’on repart sautant comme des biches de racine en racine – ou presque.

En tout cas les 1150m de D- jusqu’au Pontet passent crème – même si le final pour atteindre le ravito est longuet – et je commence à vraiment concevoir le fait de boucler cette traversée !

Le Pontet > Aiguebelle

Caractéristiques de la section : 14km, 500m de D+ pour 1000m de D-. Comme ça, gentiment assis derrière son PC, on se dit que c’est vraiment une formalité. Sauf qu’en sortant du ravitaillement les 500m de D+ nous font un peu trembler !

Mais le rythme est bon et les chemins vraiment faciles. C’est rando, comme qui dirait. On arrive à faire tourner les jambes dans les descentes, et dès lors l’objectif consiste à rester concentrer jusqu’à la vallée pour ne pas se faire une cheville. « Désolé Rémy, je parle pas, mais c’est pour pas tout gâcher ».

Km 147, on est sur du bitume, c’est plat. C’est gagné. Grande émotion d’avoir parcouru tout ce chemin, et énorme émotion d’en avoir partagé une bonne partie avec Rémy qui, par son unique présence, m’a clairement permis de terminer. Après les applaudissements de la dernière ligne droite, un bisou tout aussi ému à Laure – qui a un peu sacrifié ses vacances pour me permettre d’être là – et un grand sonnage de cloche composé d’un délicieux mélange de fierté, de bonheur et de fatigue de toutes sortes.

A J+7 les jambes ont presque retrouvé leur fraîcheur, les pieds se sont dégonflés de leur rétention d’eau, les chevilles sont quasiment opérationnelles et la fatigue est presque passée. Mais on me dit encore que j’ai fondu et que j’ai une tête de déterré!

L’ultra, ça abîme ? Certainement. Est-ce que ça en vaut la peine ? Pour celui-là, absolument.

PS : pour toutes les stats sur la course, voir directement le suivi live ici. Je suis très satisfait de ma gestion de la première journée, un peu moins pour la deuxième durant laquelle le manque de « jus » – expliqué par la quasi absence de séances de courses à pieds sur les 2 derniers mois? – ne m’a pas permis d’espérer un top 30. Mais tout cela est très secondaire par rapport aux émotions vécues!

DSC_0071

Rémy : pacer et photographe de l’ombre. Encore un immense merci à toi !!!

RIF 2018 – 3ème partie

Image

« Y’a plus qu’à »

Par la BimBimTeam, avec les commentaires de Maëlle, Rémy, Joseph, Etienne

Lien vers la 2ème partie.

… Arrivés à l’AT, l’orga nous apprend que l’heure limite de départ en kayak a été avancée à 15h. Il est 13h45, va pas falloir trainer !

SECTION G – Trek (+ cordes) / 3 km

Transition express, on enfile les baudriers pour un rappel qui nous amène dans un lit de rivière asséché. En sprint sur le fond de la rivière, sur-motivés, nous reprenons Absolu2, un peu moins rapide dans cette progression dans les gros rochers. Avec la mer en visu, nous savons comme eux que ça devrait le faire pour arriver à l’AT à temps.

SECTION H – Kayak de mer / 37km / 0 m D+ / 0 m D-

Arrivés 14h30, on est LAAAARGE et on a donc 30mn pour s’équiper. Et on les prendra, le temps d’un contrôle matos et d’un briefing sur les conditions de navigation et les passes à viser pour éviter les vagues déferlantes. Pas d’urgence particulière à gagner 5 minutes sur cette transition. La houle sera modérée, mais suffisante pour ambiancer la section. Les équipes suivantes (le lendemain) n’auront pas cette chance ! Car le vent ajouté à la houle aura entrainé un mal de mer chez de nombreuses personnes… Ce kayak est entrecoupé d’un CP à mi-chemin sur la côte, où nous devrons nous arrêter pour passer la nuit. Nous naviguons avec Absolu2 et les suisses. Sauf problème, les équipes n’ayant pas embarqué aujourd’hui ne reviendront pas sur nous. De la même façon, il sera difficile de rattraper les équipes de devant. C’est le jeu des darkzones ! Aucune raison, donc, de dépenser trop d’énergie dans ce premier tronçon au coucher du soleil, sauf de débarquer avant la nuit.

 

 

Nous profitons donc à 100% de ce moment (60% pour moi, qui ai tendance à piquer du nez++ ! Je préviens Joseph derrière moi “si tu vois que mon rythme baisse, c’est que je suis en train de m’endormir, crie-moi dessus !”), en jouant à aller chercher le surf dans ces belles vagues. On est en compagnie parfois de l’orga, dont Gilles sur le bateau, ou de journalistes qui nous accompagnent en bateau (voire en palme masque tuba et requins pour une photographe plongeuse !), on discute avec Absolu. Arrivés au CP à la tombé de la nuit, on peut maintenant apprécier quelque chose de peu commun en raid aventure : presque 10h d’immobilisation, la possibilité de prendre une douche, et la perspective d’un resto ! Poulet aux mille graines de vanilles au menu. On n’est plus habitué à manger de telles quantités alors on n’arrive pas à terminer… Un comble, alors qu’on pèse déjà plusieurs kilos de moins que notre poids normal. On profite de ce créneau pour ENFIN finir de lire les messages reçus, que c’est bon ! Merci !! Même Béatrice la bénévole de la food team nous a ajouté un message à la main, derrière tous vos messages. Sympa !

Joseph joue les banquiers pour les suisses, qui veulent prendre une chambre d’hôtel. La BimBim choisit de rester dans la course et de bivouaquer sur l’herbe douillette du CP avec Gilles L., pour 6h de sommeil d’une grande qualité (heu… t’exagère un peu là non ?;) Je valide la qualité grand luxe de la nuit !  Trop grande peut-être, car tous ratons notre réveil. Par miracle, ou par habitude, Rémy finit par ouvrir les yeux, et réveille toute l’équipe, et malgré le retard du réveil de 20 minutes, notre préparation est efficace. Les deux autres équipes nous rejoignent sur la plage, nous partirons tous à l’heure (5h du matin) pour ce deuxième tronçon de kayak, qui doit nous amener à Saint-Leu. Sortie au large ambiance pour passer la barre de Corail, mais au final tout se passe bien puis on retrouve notre rythme dans la houle. On apprendra plus tard que deux requins de 2 et 4 m auront été attrapés la nuit à la barrière de Corail… mais ça ne nous aura pas tracassés plus que ça !

Ça se tire un peu la bourre sur la mer. Abolsu2 part vite, les suisses sont réguliers mais plus rapides. Ces deux équipes tirent trop au large (et les Suisses oublient de contourner une bouée -> demi-tour !), ce qui nous permet de les rattraper et d’arriver groupés à la transition au pied du Maïdo, le dernier gros morceau de RIF 2018 !

Le kayak de mer était la dernière inconnue du raid (en tous cas pour moi), on est désormais en vélo, dans notre zone de confort, la ligne d’arrivée devient concrète, réelle, c’est un sentiment fort après 6 jours de course.

SECTION I – VTT / 77 km / 2 830 m D+ / 2 730 m D-

Sympa de terminer cette course dans ce groupe de 3 équipes. Absolu2 est plus efficace à la transition et part avec un peu d’avance. Nous suivons de près, les Suisses juste derrière nous. Ça grimpe fort et il fait chaud. Si les gourdes sont pleines, elles se vident aussi vite qu’on fond sous cette chaleur humide de début de journée. L’itinéraire nous conduit à dré dans le pentu, à travers les hauts de St-Leu. On se ravitaille en eau chez l’habitant. Jamais vu une montée aussi raide.“Avec ces pentes à 20%, heureusement qu’il y a pas de neige chez vous !”. Les Suisses se trompent de chemin et prennent un peu de retard. Alors qu’on raccroche et dépasse le train d’Absolu2, Etienne s’en va tête dans la carte jusqu’à l’intersection suivante. Maëlle et Joseph suivent. On s’arrête au début du chemin qui remonte à gauche de la route. Rémy ? Rémy ! Rémyyyy (à crier avec la voix aigüe de Maëlle) !!! On l’aperçoit filer à toute allure plus bas sur la route. On a beau siffler, hurler, il ne nous a pas vus ni entendus. Maëlle attend et temporise à l’intersection. Joseph et Etienne se lancent en descente à la poursuite de Rémy, sous l’oeil amusé de nos amis d’Absolu. Au bout de 2 virages en descente, je me doute bien que je fais fausse route, demi-tour…  Quelques centaines de mètres plus loin, on retrouve Rémy. Allez, chacun prend un peu sur lui pour éviter les tensions (sans objet en fait, on a perdu 5 minutes, mais à ce stade de la course on en a quand même tous un peu marre !), dans quelques minutes on préférera en rire qu’en pleurer (nos cuisses ne sont plus à ça près). Pour moi c’est surtout le soulagement, trop peur de devoir redescendre loin et de devoir tout remonter ce déniv qu’on avait déjà si durement grignoté – rappelons que cette montée pèse près de 2 500 m de déniv d’un bloc…  ! On retrouve Absolu un peu plus loin qui se trompe de chemin. Nos deux équipes restent ensuite soudées une bonne partie de la montée.

44064494210_79ac0c6934_k

Team Absolu2, compagnons d’aventure

On discute, c’est sympa et ça passe le temps plus rapidement car les routes sont bien monotones. Alors qu’on se rapproche de la couche nuageuse et de la pluie, chacun s’arrête à son tour pour s’habiller et manger. Les suisses en profitent pour passer devant, à bon rythme. On hésite sur une option d’itinéraire, laissant Absolu2 reprendre la 2nde place de notre groupe de 3. Vu la météo, on se décide pour l’option route. L’occasion de redoubler Absolu2 qui s’est arrêté pour une microsieste. On terminera seuls, les Suisses s’échappant devant, Absolu2 juste derrière.46318052_10155587937676353_1703517315313696768_o

Peu avant le sommet, on a quand même le droit de quitter enfin cette route pour basculer sur de la piste pour mon plus grand bonheur, on croise 3 traileurs qui sont en fait des membres des équipes “retired” FMR et Agde. Merci pour les encouragements ! On discute, on discute, oubliant qu’on est en course ! Dernier poussage puis portage, puis sommet ! Petite pause au CP sommital pour enfiler les gore-tex, savourer les quelques 2500m de D+ qu’on vient d’avaler et faire des photos dans le brouillard. Dommage, on reviendra pour la vue sur Mafate… (moi je reviendrai pour de vrai avec Jean-Luc, trois jours plus tard hihi). Les Bénévoles au sommet nous indiquent que les Suisses devant nous sont dans une forme impressionnante, que la descente est hyper engagée, et qu’il s’agit ici pour nous d’éviter la chute…

 

 

Pour la suite, le roadbook indique de suivre les chemins VTT. On ne va pas s’en priver ! On suit la piste noire, pas facile car le sol est détrempé. Après un beau chemin technique sur la crête, la piste s’enfonce en forêt. Ce rappellerait presque la DH de Dany Hart en 2011. Malheureusement, après 6 jours de course, on n’a pas le même flow que ce champion et les racines sont bien glissantes. Pour moi, enfin réveillée après cette interminable montée route ultra monotone et soporifique, l’intégralité de cette descente est l’un des meilleurs moments de ce raid : la forêt est splendide, ça glisse mais ça passe pas mal ! Une des plus belles descentes de VTT de ma vie sans aucun doute… Le sentier devient de plus en plus ludique au fur à mesure de la descente. La BimBim est revigorée, on profite, avec des pauses photos. On entend même quelques “wouhou !”. On ne le sait pas, mais à ce moment-là les Suisses ne sont pas si loin devant nous. Il ne reste plus qu’une bonne partie de liaison dans des zones plus urbaines et dans la Savane de St Paul. Mais ce n’est jamais fini… Les traceurs de l’orga se sont amusés à trouver un itinéraire un peu piégeux, surtout de nuit : on notera particulièrement un sentier miné de rochers cachés sous les herbes hautes, très difficile à la nuit tombante avec toute la fatigue qu’on a accumulée jusque là. Les guidons se font accrocher dans les branches, je chute lourdement sur un caillou, ma hanche s’en souvient encore 15 jours après. On retrouve même Etienne projeté 3 mètres devant son vélo, lui qui ne tombe jamais. Pour moi c’est la cata, les garçons sont devant, je n’arrive pas à les rattraper, j’ai l’impression d’être la seule à galérer et je craque dans ce sentier impraticable… Coup au moral, j’ai faim, et je n’arrive pas à faire 2m sur le vélo sans mettre pied à terre. Mais pourquoi les fins de sections sont-elles toujours aussi difficiles ? L’orientation se déroule sans trop de souci jusque-là, mais la vigilance baisse avec la nuit qui tombe et on perdra un peu de temps sur un aller-retour dans les propriétés privées agricoles juste avant la transition (bananes, mangues, vanille… miam !).

SECTION J – Trek (+ packraft) / 5 km / 0 m D+ / 100 m D-

Dernière transition ! On savoure. Enfin pas trop (si si, les abricots au sirop étaient carrément les bienvenus !), car on a bien envie d’en finir. On troque les vélos contre les packrafts. Un petit chemin nous amène en bas, le long de la ravine St Gilles. La balise est à la confluence, l’embarquement un peu plus loin. On s’installe au milieu des roseaux pour gonfler les bateaux et poursuivre en naviguant jusqu’à la marina de St Gilles. Quelques coups de pagaies plus loin, en slalomant entre les romantiques fleurs qui flottent, on rejoint la mer puis on retrouve Lolo des Gônes Raideurs qui nous accueille sur la plage. Sympa ! et ça sent bon l’arrivée ! Cette fois on y est ! plus que quelques hectomètres sur la plage, on entend la musique, on voit les lumières du village Corail. C’est l’émotion, on retrouve d’abord Jean-Luc qui nous accompagne jusqu’à la ligne d’arrivée. Une toute dernière épreuve nous attend au dernier virage : un bouchon de rhum arrangé fourni par Romu des 400 Team et des traileurs d’Agde que l’on avait croisés au Maïdo. Puis c’est champagne ! Pfiou. Trop d’émotions d’un coup…

La BimBim lé la ! la BimBim la fé !

 

 

Les Suisses sont là pour nous féliciter. La famille du RIF bien-sûr, Pascal, Béa de la food-team, l’équipe d’endorphinmag. D’autres coureurs aussi, quelques-uns croisés en courses, qui ont abandonné ou bataillé parmi les premiers. Tous nous font part de leur considération pour notre course. Difficile de réaliser pour nous. Le chemin était long, extrêmement difficile, mais finalement à la hauteur voire au delà des attentes qu’on en avait. Faut-il qu’on soit si fier de notre classement ? Pour moi il ne représente rien encore, peut-être cela viendra peut-être un jour. Les premiers sont arrivés il y a 2 jours quand même… on a de la marge 😉 Terminer ? ce résultat paraît logique au vu de la prudence et de l’humilité avec lesquelles on a abordé ce défi. Je suis fier de notre persévérance, de notre état d’esprit, de notre préparation et surtout du soutien de notre entourage pour ce projet de fou.

Tout pareil, une énorme satisfaction de voir tous ces mois de préparation se transformer en une semaine entre potes, à gérer notre course avec constance sans aucune tuile majeure. Mon RIF 2012 avait été vaguement gâché par 24h de problèmes gastriques, cette année rien de rien. Trop fier des mes 3 coéquipiers qui ne craquent jamais même dans des moments extrêmes. Toujours difficile de voir Etienne galérer le premier soir, mais on sait qu’il se remet, revient fort et porte ensuite l’équipe sans fléchir jusqu’à la fin du raid, sur tous les tableaux (orientation, endurance, motivation). Concernant le classement, quitte à être 16ème, j’aurais bien aimé finir 15ème 🙂 Mais rien que finir en full race est une grande réussite selon moi. De toutes façons aucune raison de se pavaner vu le temps qui nous sépare du haut du tableau !

Quelle aventure… A vivre, on sent que s’ancrent à vie des sensations, images qui reviendront nous visiter très souvent et pendant longtemps, instants uniques et magiques, qui feront pétiller nos yeux comme ceux de tous les raideurs qui nous ont raconté leurs propres aventures, les raids gauloises d’Yves, de Gilles… Raids gauloises qui me faisaient rêver depuis toute petite, à la lecture de récits de course dans canoë kayak magazine… Alors comment vous remercier vous mes 3 coéquipiers de choc ? Pour m’avoir soutenue, allégée, soulagée, tractée, aidée, pour avoir supporté mes instants de doute et de sale caractère dès que je dépassais mon seuil de faim et de fatigue ? Trop heureuse d’avoir pu partager ça avec vous… Et curieuse de savoir quelle sera notre prochaine aventure… ?? 

Et bien sûr, merci, merci à nos bénévoles à domicile, Lola, Marie, Madeleine, François, Chanchan, Robi, Leslie, et Nounou Catherine qui ont tous géré nos filles comme des champions, peut-être plus fatigant que la course, avec le soleil et les paysages en moins… Un paquet de transitions à gérer, et sur deux semaines en plus !

Merci… Merci à nos filles de nous laisser partir et de nous faire la fête au retour, quel bonheur… 

Merci à Jean Luc, soutien sur place en or, on t’embauche ! 

Et à Sam d’Ertips, Youann, aux Gones Raideurs, à Lola pour les encouragements et tout le matos prêté ! 

A nos deux suiveurs de chocs : Fabien et Matthias, vous avez trop géré la retransmission sur facebook !

Et tous ceux qui nous ont suivis, encouragés, vos messages sont un véritable fournisseur d’énergie !! 

A l’orga, aux bénévoles (si nombreux ! Mention spéciale à Gilles, Jean Michel et Béatrice que nous aurons beaucoup croisés), quel travail, quelle aventure…

Longue vie au RIF ! #messagepourPascal

Et aux Réunionnais, tous chaleureux ! Sans oublier le personnel du camping Ermitage Lagon. On reviendra…

IMG-20181106-WA0018

Fabien, en une de l’écran de la cérémonie

Petite pensée pour Fabien la masse, tu nous as manqué ! Et on aurait bien aimé te voir batailler sur ton VTT en descendant du Maïdo 🙂

Puis très vite, lessives, séchages, empaquetages, valises… Cérémonie de clôture du RIF…

Retour à la civilisation avec une journée d’attente entre l’aéroport et St Denis (mode ville fantôme avec le blocage des gilets jaunes) pour Etienne, Maëlle et Joseph (Rémy et Jean-Luc sont restés quelques jours sur l’île ; mais c’est une autre histoire), partagée avec l’équipe Intersport Lyon DSN74 Hoka, et Jean-Michel, moments bien sympas. Jean-Michel nous sauvera une fois de plus à Paris en gérant au top la logistique retour : notre retard d’avion nous ayant fait rater le train, on vous laisse imaginer ce que ça peut donner une petite dizaine d’équipes de 4 personnes avec chacune une caisse à vélo à recaser dans un TGV… Mais tout s’est très bien passé… Puis à Lyon, retrouvailles sur le quai avec les filles, Robi et Chanchan, youpi !

Et maintenant ?

D’abord repos

 

 

Puis ski, puis… on a forcément un petit coin de cerveau déjà motivé pour imaginer une suite, une nouvelle aventure… à partager….

Raid In France 2018 – Les tops et les flops !

Le 14 novembre, Maëlle, Etienne, Joseph et Rémy, AKA la Bim Bim Team Raid, bouclaient les 420km et 16000m de déniv du Raid in France à la Réunion.

Logo-RIF-Reunion-is-Magic.jpg

Voir le parcours ici pour ceux qui n’ont rien suivi sur Facebook : http://live.arworldseries.com/arwc18/

En attendant notre récit exhaustif qu’on est en train de peaufiner, on vous propose une petite mise en bouche avec les tops et les flops de notre périple !

 

Top 3 des meilleurs repas (on commence par le plus important) :

  • Les pâtisseries et sandwiches de la boulange de Cilaos.
  • Les samoussas de Bras Panon.
  • Lentilles / thon à l’huile, combinaison découverte bien trop tard dans le raid !
  • Le cari Ti’jacque boucané à l’Hermitage (comment ça ça fait 4 ?)

 

Top 3 des meilleurs trucs à grignoter en route :

  • Le nougat aptonia
  • Les gateaux apéro
  • Les dragibus

 

Top 5 des meilleurs instants :

  • Les paysages de la première journée dans Mafate, quand il faisait beau et qu’on y voyait quelque chose.
  • Le rappel de 80m en fil d’araignée dans la cathédrale au lever du jour.
  • Les premiers coups de pagaie dans la rivière du mât après 2 jours de trek intenses.
  • L’arrivée à l’embarcation du kayak de mer, à 14h45, dans les temps pour la porte horaire, après une journée entière de “sprint”.
  • La descente vélo du Maïdooooo !

 

Flop 3 des pires instants :

  • Perdre 5h à chercher la balise de la ravine Takamaka.
  • La nuit – le réveil ! – dans la plaines des sables avec un Joseph somnambule et un froid mordant.
  • les derniers tours de pédales dans les plantations, à jongler entre propriétés privées, chemins pénibles et envie d’en finir.

 

Top 3 des autochtones rencontrés :

  • Les gens sur la montée au CP9 qui nous ont offert eau et bananes.
  • Le paysan qui venait de couper son champ de canne, qui nous en offre un bout à sucer et qui porte le vélo de Maëlle.
  • Johnny-les-bons-tuyaux-et-les-sandwiches-au-beurre et ses indications sur le chemin côtier. 

 

Flop 4 du matos useless :

  • L’anti-moustique : au final on en a mis 2-3 fois puis on a fait l’impasse.
  • Les sachets “Bjorg” – une consommation moitié inférieure aux prévisions, Rémy et Jean-Luc en ont mangé tout le reste du séjour après le raid !
  • La chambre à air supplémentaire rachetée en dernière minute et toute la trousse de répa vélo : environ zéro tuile mécanique !
  • Les combis néoprène qu’on a porté tout le raid. Trop les vacances, on est resté en short tout le long.

 

Top 3 du matos usefull :

  • La crème nok anti-frottement. On s’en est très bien sorti au niveau de nos pieds 🙂
  • Les vêtements longs (au sens jambes longues = protection végétation et soleil…)
  • L’écope en packraft
  • Les bivy bag et le bothy ! légers & efficaces…

Sainté(très)Lyon

Flanqué de mon dossard 7084 et de ma doudoune la plus chaude, l’aventure commence quand je claque la porte de chez moi samedi 2 décembre à 20h pour aller prendre le train direction Saint-Etienne, l’estomac lourd d’une dernière plâtrée de pâtes avalée quelques instants plus tôt, et le foie léger de 6 jours d’abstinence alcoolique. La gare de Perrache s’est transformée en annexe du parc de la tête d’or, et plusieurs dizaines de coureurs s’y rassemblent avant de grimper dans le train. Une fois le train en route, j’assiste au « déballement de matos » de mes voisins, ravis de profiter des progrès de la technologie pour évacuer mieux la transpiration, équilibrer le pied, éclairer la nuit ou hydrater les tétons. Pris de panique, je vérifie machinalement mon matos. Il se sépare en quatre catégories  :

  1. Le mien, acheté pour l’occasion : néant
  2. Le mien, datant de quelques mois/années : Chaussures de trail, montre Décathlon, collant de ski, t-shirt à manches longues
  3. Offert par la SaintéLyon : bonnet, chaussettes, tour de cou
  4. Emprunté : frontale, short, t-shirt, coupe-vent, gants

Arrivés en gare de Saint-Etienne Chateaucreux, la moitié du boulot est fait, comme le dit justement Kévin, mon acolyte d’aventure. Reste plus qu’à revenir à Lyon…

Lire la suite